L'alcoolisme
L’ alcoolisme est la dépendance à l’alcool (éthanol) contenu dans les boissons alcoolisées.
L’OMS définit l’alcoolisme comme étant des troubles mentaux et troubles du comportement liés à l’utilisation d’alcool.
A partir de quand peut-on parler d’alcoolisme?
A partir du moment où la consommation d’alcool entraîne :
- Une dépendance psychique et/ou psychique (c’est à dire que l’abstinence entraîne un phénomène de sevrage)
- Un phénomène de tolérance (c’est à dire la nécessité d’augmenter les doses pour avoir les effets recherchés ).
Alcoolisme et mortalité :
L’alcoolisme cause environ 1 800 000 morts par an dans le monde vers 2004 (soit autour de 3 % des décès), dont 45 000 en France (73 pour 100 000 habitants) :
23 000 décès directs
11 000 cancers des lèvres, de la bouche, du pharynx et du larynx,
9 000 cirrhoses,
2 500 par alcool dépendance,
22 000 morts indirectes
(troubles mentaux, maladies cardiovasculaires, accidents…).
En France, on peut considérer que l’alcoolisme est la troisième cause de mortalité après l’obésité et le tabac ,et devant les maladies infectieuses et les accidents de la route.
Les risques de cirrhose du foie et d’accident sont bien connus de la majorité des Français, mais il n’en est pas de même des risques de cancers et de maladies cardio-vasculaires.
Pour les maladies cardio-vasculaires, les études scientifiques montrent qu’une consommation modérée (un verre par jour) diminue le risque cardio-vasculaire, mais qu’une consommation de plus de trois verres l’augmente rapidement.
L’excès d’alcool crée également des carences en vitamines, ce qui diminue la résistance aux maladies.
L’association alcool – tabac est un facteur d’aggravation du risque, qui devient alors supérieur à la somme des risques de l’alcool et du tabac pris séparément.
Une maladie dont on connait pas les causes :
La première chose à savoir est que l’on ne connaît pas les causes de cette affection.
La dépendance alcoolique est une maladie universelle.
Elle existe dans tous les pays du monde, dans toutes les races et sous tous les climats.
Cependant, malgré toutes les recherches présentes et passées, rien n’explique pourquoi certaines personnes peuvent être victimes de l’alcool tandis que d’autres ne rencontrent jamais de difficultés.
Avec sincérité, certains patients font état de problèmes qui les ont poussés à boire et qu’ils pensent être à l’origine de leur état.
A y regarder de près, les motifs psychologiques, les soucis ou la fête, la solitude ou la mésentente, le chômage ou le travail ne sont jamais des motifs réels, mais plus souvent la conséquence des abus. Les « anciens buveurs » appellent cela des « alibis ».
Il est vrai que des épreuves arrivent à tous les humains qui les ressentent pareillement, mais tous ne se tournent pas vers l’alcool.
On n’explique pas pourquoi la plupart des gens, qui apprécient ces boissons, n’en deviennent jamais dépendants, alors que chez nos patients la juste régulation de la consommation est irréalisable.
Et que l’on ne peut pas guérir :
Si l’origine de l’affection est inconnue: nous ignorons aussi pourquoi la dépendance est toujours définitive. A ce jour, il n’existe pas de traitement qui permette de la maîtriser. On peut réparer les dégâts causés par l’abus d’alcool, on peut prévenir la rechute, mais l’alcoolo-dépendance elle-même n’est pas curable. Malheureusement, aucun traitement ne permet de retrouver le plaisir de boire ou de partager de nouveau un verre avec un ami. Il n’est pas d’alternative à la totale et définitive abstinence. Etablir ou rétablir une consommation naturelle des boissons alcoolisées est actuellement chose impossible.
Dans cette affection, où le médecin ne dispose ni d’un médicament, ni d’un savoir salvateur, il ne faut pas désespérer. Bien des personnes s’en sortent, ayant bien compris le mécanisme d’un enchaînement redoutable.
Effets de l’alcoolisme sur la santé :
A court terme :
- Effets immédiats sur le cerveau
Une consommation excessive d’alcool peut être à l’origine de complications cérébrales.
Quand la concentration d’alcool dans le sang (l’alcoolémie) est de 0,5g/l, on observe une baisse de la vigilance.
Si l’alcoolémie est supérieure à 0,8g/l : c’est le début de l’ivresse aigue qui est un état d’ébriété avec un ralentissement des réflexes un état d’euphorie ou, au contraire, de tristesse, mauvaise appréciation des situations, troubles de l’équilibre et une vasodilatation
A 4g/l : le sujet est dans le coma éthylique ; cette situation peut amener au décès
A noter que l’alcoolémie diminue de 0,15 grammes/l en une heure.
- gastrite
- reflux gastro-œsophagien
- hépatite aiguë alcoolique
- nausées, vomissements
- l’alcool a un effet anxiolytique à court terme. À long terme, il engendre souvent angoisses et dépression
A moyen et long terme :
- système nerveux : neuropathie alcoolique, névrite optique rétro bulbaire, encéphalopathie hépatique, démences alcooliques (Korsakoff, marchiava bignami, Wernicke) :
Encéphalopathie de Gaget-Wernicke
C’est une avitaminose B1 due à l’alcoolisme avec lésions anatomiques bilatérales cérébrales.
On observera une aggravation des troubles nutritionnels, un amaigrissement, une somnolence.
En période d’état, on aura des troubles psychiques (torpeur, hypersomnie, rarement un coma) et des troubles neurologiques (nystagmus ou paralysie oculomotrice, hypertonie, troubles de l’équilibre, polynévrite des membres inférieurs, troubles végétatifs).
L’évolution avec traitement pourra laisser des séquelles (syndrome de Korsakoff).
Le traitement sera de la vitamine B1 en IM à forte dose.
Syndrome de Korsakoff
Trouble de la mémoire résultant d’un Gaget-Wernicke ou non.
On observe une amnésie antérograde, de la désorientation, de l’affabulation, une anosognosie (inconscience des troubles). L’amnésie s’attache aux faits récents.
Le malade pourra croire vivre à une période ancienne, ou dans un autre lieu.
On note des fausses reconnaissances, des récits fabulateurs. Le sujet a une humeur euphorique.
On a aussi une douleur des masses musculaires et une abolition des réflexes (polynévrite sensitivo motrice).
L’évolution est mauvaise. Le traitement sera la vitamine B1 à haute dose.
- foie : cirrhose avec insuffisance hépatocellulaire, cancer (carcinome hépatocellulaire)
- pancréas : pancréatite aiguë ou chronique, insuffisance pancréatique exocrine (mal digestion) et endocrine (diabète)
- système cardiovasculaire : hypertension artérielle, cardiopathie, hypertension portale avec varices gastriques et œsophagiennes, insuffisance veineuse
- cancers des voies aérodigestives supérieures : langue, cavum, lèvres, œsophage, estomac
- un cancer du sein : selon une étude faite par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) : Une femme consommant 50g d’alcool par jour (équivalent à 5 pintes de bière, 5 verres de vin) augmente son risque de développer un cancer du sein de 50%. Pour 18g/jour (2 verres) son risque se voit augmenté de 7%
- Angoisse et Dépression.
- Alcool et grossesse : l’effet nocif de l’alcool ne fait aucun doute, et « les effets fœtaux de l’alcoolisation » (EFA) sont certainement les plus fréquents et qui désignent les troubles des apprentissages et/ou du comportement au cours de la petite enfance, et dont la survenue est reliée à une ou des prises d’alcool occasionnelles par la mère (quelle qu’elle soit) durant sa grossesse.
Plus rare est le syndrome d’alcoolisation fœtal (SAF), observé parfois et dès la naissance chez l’enfant né d’une mère souffrante d’un problème chronique d’alcoolisation, et qui se traduit par un ensemble de signes cliniques morphologiques et neurologiques, susceptibles de compromettre l’avenir de l’enfant.
Tous les ans, 5 000 à 7 000 bébés naissent en France avec des malformations graves en raison de l’alcoolisation de la mère; dans le Pas-de-Calais, cela représente 1 naissance sur 3 000.
Alcoolisme chronique :
Tremblements matinaux :
on observe des nausées, des diarrhées, des sueurs et de l’irritabilité.
En cas d’arrêt d’alcool, les tremblements persistent plusieurs jours, avec cauchemars et anxiété, voire angoisse
La cigarette vous étouffe, vous respirer très mal et vous sentez le danger qui s’approche n’hésiter pas à chercher le coupable et à l’éliminer, c’est cette cigarette qui est à l’origine de tout ce malaise.
Crises convulsives :
risquent d’apparaître après un sevrage de 48 heures, et peuvent annoncer un delirium tremens.
Hallucinose des buveurs :
c’est un délire hallucinatoire non critiqué, sur fond d’anxiété .
Delirium tremens :
(ou « délire tremblant »).
Le sujet est massivement intoxiqué, depuis plus de 10 ans.
Le DT (Delirium tremens) se déclenche après une diminution d’alcool (suite à une opération, une maladie, un sevrage volontaire…) et l’on notera les signes précurseurs suivants: Tremblements, anorexie, soif intense, anxiété, agitation nocturne.
Après 2 à 4 jours survient le DT avec: Etat confuso onirique, grande agitation, troubles neurologiques.
Le patient est obnubilé, désorienté, halluciné (visuel), agité, vivant son délire dans un état de panique anxieuse.L’insomnie est totale.
Le syndrome neurologique se présente avec un tremblement intense et généralisé, ainsi qu’un trouble de la parole (dysarthrie).
Les signes généraux sont une température constante à 38° ou 40° avec sueur, entraînant une déshydratation importante.
L’évolution sous surveillance et soins montrera en quelques jours un retour du sommeil et du calme, avec néanmoins un pronostic qui pourra être fatal (hémorragie digestive, comas hépatique…).
Pré-delirium tremens :
plus fréquent que le DT, présente un onirisme très riche. L’agitation est moins intense. Il y a peu de déshydratation. L’évolution sans traitement peut se faire vers la rémission.
Le traitement tentera de corriger la déshydratation en faisant boire beaucoup le patient (environ 3 litres d’eau par jour, ou pose de perfusions).
L’agitation sera calmée par Equanil (8 à 12 amp. IM par jour) et vitamines (B1, B6, B12, et PP).
Le malade doit être dans une chambre, sans stimulation, attaché au besoin. Quelqu’un pourra le veiller, sans trop le stimuler.
Prise en charge :
L’alcoolisme est une maladie chronique dont la rémission dépend seule de l’abstinence. Le traitement de l’alcoolisme comprend donc habituellement deux phases:
La phase de désintoxication :
elle est différente d’une personne à l’autre et dépend de la sévérité de l’alcoolisme, de sa durée et de la quantité d’alcool consommé.
Certaines personnes ne ressentiront que des symptômes légers comme des nausées, des maux de tête, des tremblements et de l’anxiété.
Dans les cas les plus sévères, il peut y avoir des hallucinations, de la confusion et une agitation pouvant aller jusqu’au delirium tremens.
Certains médicaments, dont les benzodiazépines, sont utiles dans le sevrage alcoolique médicalement supervisé.
Ils servent à réduire les symptômes du sevrage sévère.
La phase de réhabilitation :
consiste à demeurer abstinent. Les thérapies individuelles ou familiales et les groupes de solidarité sont souvent utiles (association des alcooliques anonymes).
Le premier pas vers la réhabilitation est de reconnaître qu’on a un problème d’alcool.
Même si les rechutes sont fréquentes, de nombreux alcooliques réussissent à vaincre leur maladie et peuvent mener une vie normale en demeurant sobre.
Nous insistant sur l’importance d’une forte volonté pour arrêter de boire avec bien entendu une bonne collaboration avec le personnel de santé et aussi avec l’entourage.
La prévention tient une place importante pour lutter contre ce fléau social en se basant sur :
- De bonnes compagnes publicitaires visant à sensibiliser les gens et surtout les jeunes.
- L’application de lois en vigueur pour la vente des boissons alcoolisées.