Est-il vrai que l’on peut entrer en « combustion spontanée » ?
Le soir du 12 mai 1977, à Uruffe, village de Meurthe-et- Moselle proche de Toul, Ginette Kazmierczak est découverte en cendres. Seuls son bras droit et ses deux jambes sont à peu près intacts. La porte de son appartement est fermée de l’intérieur, il n’y a pas eu de court-circuit, la foudre n’est pas tombée, le chauffe-eau n’a pas explosé, le poète à mazout était coupé. Seul le plancher sous la victime a brûlé. Les murs sont tachetés de suie. Aucune trace d’incendie ou d’explosion: il a pourtant fallu que le corps de la victime ait été soumis à une température comprise entre 2000 et 2 500 °C pour se consumer ainsi ! La police conclut à une « combustion humaine spontanée », ou CHS.
Comment le corps humain, composé de 75 % d’eau, peut-il spontanément se consumer, qui plus est se réduire en cendres? Même les fours des crématoriums ne parviennent pas à cet aboutissement: il y reste toujours quelques bouts d’os. En Inde, les bûchers funéraires ont un meilleur rendement car, composés de bois durs et coûteux, ils permettent une carbonisation totale. Il y a certes du méthane dans le système digestif, mais, quand bien même ce gaz entrerait-il en combustion – et comment? -, cela ne brûlerait que les intestins.
Toutefois, le corps humain est emballé dans un excellent combustible : les graisses. Or, celles-ci s’enflamment justement à 2 500 °C, et continuent de brûler tant que leur température dépasse 24 °C. Une expérience de médecine légale menée sur le cadavre d’un porc, à partir des éléments d’une enquête criminelle, a montré que, incendié par une couverture imbibée d’un combustible, celui-ci s’est consumé jusqu’aux cendres, durant cinq heures, sans émettre de flammes.
À partir de cette expérience, une théorie a été bâtie : la combustion spontanée par « effet mèche ». Comme la mèche d’une bougie, la graisse, enflammée en un endroit, émettrait une chaleur qui se diffuserait à tous les corps gras, suffisante pour consumer un individu jusqu’aux os. Un organisme particulièrement adipeux serait donc une chandelle en puissance! Une cigarette enflamme un vêtement, le sujet endormi, respirant les fumées, s’asphyxie, la graisse se met à fondre et entretient ensuite la combustion… Une demi-journée après, il ne reste plus rien! Et le corps humain, ainsi réduit, retrouve l’état des premières bougies de sa préhistoire: une mèche trempée dans de la graisse animale…