Dialogue des sens avec le nouveau-né
Langage du corps est la première forme de communication que le nouveau-né comprend. Il en a infiniment besoin. L’allaitement naturel favorise l’éveil de ce langage en sollicitant tous les sens de l’enfant. Il constitue une boucle continue, sensorielle et affective qui donne une sensation de continuité d’être au bébé, fondatrice de sa sécurité de base et ‘ constitutive de son sentiment d’exister.
L’odorat
Guide puissant en direction du mamelon maternel,. il lui permet de reconnaître sa mère entre toutes. En naissant, l’enfant quitte le milieu aqueux et devient capable de détecter les molécules volatiles : l’odorat est associé à la respiration. Une expérience a montré que, à l’inverse de ceux nourris au biberon, les enfants nourris au sein reconnaissent dès l’âge de deux jours l’odeur de leur mère sur un vêtement. De même, la mère qui allaite reconnaît mieux l’odeur de son enfant sur un maillot que celle qui le nourrit au biberon. Vous verrez vite – et cela durera peut-être quelques années – que vous n’aimerez pas découvrir sur votre enfant l’odeur d’une autre personne… L’enfant, lui, est plus sensible encore aux odeurs que l’adulte : il les distingue mieux.
Le toucher
Pendant la tétée, la mère et son enfant sont peau contre peau. La joue et les lèvres du bébé perçoivent la chaleur, la rondeur et la vie du sein, la douceur de la peau de sa mère. Il incorpore ces sensations et les fait siennes. À eux seuls, l’odorat et le toucher peuvent jouer un grand rôle dans l’attachement mutuel entre une mère et son enfant.
L’ouïe
En tétant, le bébé compose une musique personnelle ; les sons prononcés sont du plaisir qu’il enregistre et mémorise. La voix de sa mère – comme celle de son père – lui est déjà très familière. Parler et chanter préparent la communication verbale.
Le goût
Par ses saveurs nombreuses et variant même d’une tétée à l’autre, le lait maternel initie le goût de l’enfant.
La vue
Il est conseillé de favoriser une certaine pénombre dans les premières semaines de la
s’inscrivent dans la mémoire. Sur la bouche de certaines personnes, on peut parfois lire le manque, ou le trop-plein, de stimulations à l’aube de leur vie. Une fois ce premier stade pleinement satisfait, l’enfant pourra aborder, petit à petit, les premières frustrations (séparations, absence de sa mère, sevrage), qui lui permettront d’évoluer vers les stades suivants.
Du corps au verbe
Sein-bouche est, pour le nouveau-né, le premier pas vers le moyen de communication propre à l’homme : le langage. La bouche, organe de succion, deviendra organe du verbe. La langue est au service de la succion et du langage. Il existe un véritable dialogue entre la langue du bébé et le sein de sa mère. Les plus élémentaires désirs du nouveau-né sont exaucés. S’il a soif, un mouvement spécifique de la langue en informe le sein, qui éjecte un lait aqueux. S’il a faim, c’est un autre mouvement de la langue, qui fait éjecter un lait plus crémeux1. Que dire de plus ? C’est du langage ! Familiarisé avec cette communication immédiate, l’enfant saura se faire comprendre et osera demander.
Le nouveau-né prépare sa bouche et sa langue en prévision des sons qu’elles formeront. Sons plus ou moins correctement émis en fonction de la position et de la qualité musculaire de la langue et de la bouche car, en tétant, il pratique un véritable entraînement des muscles de la bouche et du visage.
En s’écoutant et en écoutant les autres, il est fréquent de remarquer une mauvaise prononciation des mots. Résulte-t-elle d’une stimulation déficiente, voire absente, des zones concernées par le langage ?
L’acquisition de l’autonomie affective
C’est par le corps, à « l’aube des sens », que l’enfant enregistre les premières informations qui vont lui permettre d’entrer en relation avec lui-même, puis avecjes autres. Ces informations vont provoquer les premières sensations affectives et physiques qui, associées au plaisir – peau contre peau, l’oreille bercée par la voix, et le corps par l’étreinte des bras de sa mère -, laisseront une trace dans sa sexualité future. Cette communication corporelle établit les fondations de son équilibre, de son accès à son intériorité et de sa prise d’autonomie affective. Elle lui donne une densité, une « compacité », un sens de la réalité (avoir les pieds sur terre) qui lui permettront d’affronter la vie… et les autres. Nous basons cette certitude sur notre travail quotidien. Tant d’adolescents et d’adultes sont « mal dans leur peau » (la formule, à juste titre, exprime le mal-être psychique à partir de l’enveloppe du corps : la peau). Il n’ont pas été assez touchés, caressés par la peau, la voix, le regard… le goût du lait maternel, lait humain qui l’inscrit dans la communauté des humains.
L’allaitement naturel suscitera donc l’éveil des sens et du plaisir. Ces sensations positives vont lui donner la confiance en lui qui formera la base de sa relation à l’autre.
Vidéo : Dialogue des sens avec le nouveau-né
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