Diagnostic différentiel de l'anorexie mentale :
Nous l’avons déjà souligné, le diagnostic d’anorexie mentale est avant tout un diagnostic positif. Cependant, certaines pathologies, psychiatriques ou organiques, peuvent présenter certains symptômes en commun avec l’anorexie mentale. Le plus souvent, une anamnèse complète, une étude soigneuse du comportement alimentaire et du niveau d’activité, un examen clinique détaillé, la reconstitution de l’itinéraire de croissance staturo-pondérale, ainsi que quelques examens biologiques simples (NFS, VS, CRP, ionogramme sanguin) et une évaluation psychiatrique permettront facilement de distinguer ces pathologies de l’anorexie mentale.
Maladie inflammatoire du tube digestif :
Il est parfois difficile de distinguer une anorexie mentale d’une pathologie inflammatoire du tube digestif et plus particulièrement d’une maladie de Crohn. Dans l’anorexie mentale, il peut exister un certain nombre de pathologies ou de symptômes digestifs associés, comme une œsophagite, un ulcère gastrique, des douleurs abdominales, une alternance de diarrhée- constipation… La maladie de Crohn, quant à elle, peut se présenter comme une anorexie avec amaigrissement, aménorrhée et difficultés alimentaires. Il a même été décrit des cas de maladie de Crohn associés à une véritable anorexie mentale. Pour distinguer ces deux affections, il est important de rechercher certains symptômes spécifiques des maladies inflammatoires du tube digestif absents dans l’anorexie mentale : fièvre, diarrhée sanglante, fistule anale, érythème noueux, arthralgies, hippocratisme digital, etc. De même, l’existence d’un syndrome inflammatoire ou de signes de malabsorption digestive témoignent d’une atteinte du tube digestif.
Hyperthyroïdie :
Un autre diagnostic classiquement évoqué devant un amaigrissement sans asthénie chez un adolescent est une hyperthyroïdie. Un geste aussi simple que la prise du pouls est un élément clinique discriminant : le patient hyperthyroïdien est tachycarde, à l’inverse de l’anorexique. Le bilan hormonal (T4 libre, TSH) permet facilement de distinguer ces deux pathologies. Dans l’anorexie mentale, ce bilan est normal ou retrouve une T3 basse.
Insuffisance surrénale lente :
L’anorexie mentale avec vomissements, le plus souvent cachés, peut poser un problème de diagnostic différentiel avec une insuffisance surrénale. A l’adolescence, il s’agit le plus souvent d’une maladie d’Addison, dont l’étiologie autoimmune est aujourd’hui la plus fréquente. Il faut y penser surtout en cas d’association à une autre pathologie auto-immune. Un signe clinique important est la présence d’une hyperpigmentation au niveau des plis de flexion dorsaux des doigts, des coudes et des mamelons. Cette hyperpigmentation est à distinguer de l’hypercarotinémie présente dans l’anorexie mentale, où la pigmentation orangée de la peau est diffuse.
Syndrome de Bartter :
Le syndrome de Bartter comporte une hypokaliémie avec alcalose métabolique hypochlorémique. Il s’agit d’une anomalie rénale avec hyperréninémie et hyperaldostéronisme. Des vomissements provoqués et dissimulés peuvent entraîner les mêmes troubles ioniques. Un élément discriminant simple est la mesure de la chlorurie. En effet, le primum movens du syndrome de Bartter est un défaut de réabsorption du chlore dans le tubule rénal. La chlorurie est donc élevée dans le syndrome de Bartter alors qu’elle est effondrée (< 10 mmol/1) dans l’anorexie mentale avec vomissements.
Diabète insipide :
Une anorexie mentale avec potomanie peut être confondue au début avec un diabète insipide par défaut de sécrétion d’hormone antidiurétique. En général, les autres caractéristiques cliniques de l’anorexie mentale permettent de faire la différence. Par ailleurs, l’anorexique potomane a une natrémie normale ou basse, alors que dans le diabète insipide, celle-ci aurait tendance à être élevée. Dans les cas difficiles, on peut être amené à réaliser une épreuve de restriction hydrique, sous stricte surveillance en milieu hospitalier.
Tumeur du système nerveux central :
Certaines tumeurs cérébrales, notamment hypothalamiques, peuvent comporter des troubles du comportement alimentaire. Il est indispensable de réaliser une imagerie cérébrale au moindre doute diagnostique.
Dépression
La dépression est parfois difficile à distinguer de l’anorexie mentale. Elle n’est pas rare à l’adolescence et peut revêtir un aspect différent de celui de l’adulte. Un désintérêt pour les aliments avec amaigrissement peut être présent, mais certains éléments sémiologiques simples permettent en général de faire la distinction avec une anorexie mentale. Lorsqu’un interrogatoire approfondi ne permet pas de trancher, on peut être amené à proposer une consultation psychiatrique ou même une hospitalisation en vue d’une observation du comportement, d’autant que les syndromes dépressifs sont fréquents au cours de l’évolution de l’anorexie mentale.
Nous l’avons déjà souligné, le diagnostic d’anorexie mentale est avant tout un diagnostic positif. Cependant, certaines pathologies, psychiatriques ou organiques, peuvent présenter certains symptômes en commun avec l’anorexie mentale. Le plus souvent, une anamnèse complète, une étude soigneuse du comportement alimentaire et du niveau d’activité, un examen clinique détaillé, la reconstitution de l’itinéraire de croissance staturo-pondérale, ainsi que quelques examens biologiques simples (NFS, VS, CRP, ionogramme sanguin) et une évaluation psychiatrique permettront facilement de distinguer ces pathologies de l’anorexie mentale.