Des prévisions vertigineuses
A la veille de la crise de 2008, les prévisions de croissance de la médecine esthétique étaient vertigineuses. Aux États-Unis, on envisageait 55 millions d’interventions esthétiques en 2015 – chirurgie et médecine réunies -, soit quatre fois plus qu’en 2005. Les prévisions européennes étaient grosso modo de la même ampleur. Cette inflation de la demande peut s’expliquer par la démographie : plus il y aura de vieux – et surtout de vieilles puisque les femmes ont une longévité supérieure à celle des hommes -, plus la lutte anti-âge devrait connaître une croissance à deux chiffres.
Tant que l’espérance de vie continuera d’ augmenter, il sera tentant de conserver le plus longtemps possible l’apparence de sa jeunesse. Les vingt ou trente années supplémentaires gagnées par les générations nées dans la seconde moitié du XXe siècle se retrancheront-elles aussi de nos visages au cours du XXIe, grâce aux avancées de la médecine esthétique ? Les générations des quadras et des quinquas actuelles, qui ont goûté à cette drogue du « rajeunissement », pourront-elles renoncer à ces pratiques en prenant de l’âge ? Trouvera-t-on de nouvelles techniques permettant de rester fraîches plus longtemps encore ?
On lit de temps à autre des articles qui nous promettent des miracles médicaux grâce aux cellules souches, à la nano-médecine, à tous les progrès liés à la connaissance désormais approfondie du génome humain. Il semble qu’on ne soit pas loin de pouvoir régénérer les organes les plus divers… Alors, pourquoi pas la peau ? Il serait toutefois absurde de faire des prévisions dans ce domaine : les médecins eux-mêmes s’y refusent. Mais – fantasme ou anticipation – on se plaît parfois à entrevoir une société où les médecins pourront ralentir les processus de dégénérescence et repousser au-delà de 80 ou 90 ans les stigmates du grand âge ! La médecine esthétique pourrait être alors une sorte de complément normal de cette « vie au très long cours ».