Crénoréadaptation et affections incapacitantes chroniques
Il est indispensable, au cours d’une affection chronique, d’apprécier son retentissement sur les possibilités fonctionnelles des sujets (incapacités) et sur les désavantages générés en termes de handicaps proprement dits. Ainsi approche-t-on mieux certaines affections chroniques qui n’obèrent pas nécessairement le pronostic vital ; leur place réelle est mieux identifiée.
En outre, de nombreuses affections chroniques cardiovasculaires, respiratoires, rhumatismales, neurologiques, entre autres, dont les déficiences originelles n’ont peu ou pas d’éléments communs, se retrouvent générer des incapacités similaires, concernant, en particulier, la marche et les déplacements, les efforts de soulèvements, les activités domestiques, les mouvements du corps, la résistance physique, voire les activités quotidiennes. Elles occasionnent également des handicaps de même nature : désavantages d’indépendance physique, de mobilité, d’occupation, d’intégration sociale, voire d’indépendance économique.
D devient donc licite et pertinent de regrouper ces affections dans le même concept d’affections incapacitantes chroniques qui n’altèrent pas nécessairement l’espérance de vie mais réduisent à coup sûr l’espérance de vie sans incapacités. Pour ces affections, les mesures de réadaptation prennent une grande importance.
Leur principe a été décrit dans l’introduction de ce chapitre. Ont une grande importance : l’éducation sanitaire, la diététique, et notamment l’exercice, utilement complété par les pratiques thermales exercices en piscine, soins thermaux antalgiques, relaxation,
éducation anitaire…), qui accroissent l’autonomie des malades et contribuent, dans bien des cas, à contenir la maladie.
A ce titre, la crénoréadaptation trouve ici une place de choix pour la prise en charge de ces malades.
Crénoréadaptation des affections ostéo-articulaire chroniques
Lombalgies chroniques
Elles ont fait l’objet d’un grand nombre d’études qui démontrent clairement l’effet bénéfique de la crénoréadaptation, notamment dans les nombreuses stations qui ont d’ores et déjà mis en place des programmes adaptés (école du dos…). L’effet de l’exercice modéré est supérieur aux traitements passifs dont l’effet n’est cependant pas négligeable [7]; la crénoréadaptation cumule les deux bénéfices.
Arthroses des membres inférieurs
Elles ont longtemps été considérées comme susceptibles de s’aggraver avec la pratique de l’exercice. De nombreuses études ont été récemment consacrées à l’étude de l’efficacité de l’exercice chez des sujets porteurs de gonarthrose. Dans les formes non chirurgicales de cette maladie, la pratique d’exercices est susceptible d’accroître les capacités fonctionnelles du patient, sans pour autant entraîner un risque d’aggravation des lésions cartilagineuses. Pour les coxarthroses, comme pour les gonarthroses, les mesures d’économie articulaire, à base d’éducation gestuelle et posturale, de conseils diététiques en particulier, ont une grande importance. Tous ces éléments s’intégrent parfaitement dans un programme de crénoréadaptation, réalisé au bénéfice de patients arthrosiques, qui sont nombreux à traiter leurarthrose en milieu thermal.
Pelvispondylite rhumatismale
Au cours de cette affection, le recours à l’exercice est depuis longtemps considéré comme bénéfique vis-à-vis des douleurs, de la raideur, de l’attitude physique, mais aussi de la qualité de vie, ce que confirme une étude contrôlée récente [1].
Polyarthrite rhumatoïde
Elle était une contre-indication classique de la crénothérapie. Les études contrôlées actuelles confirment l’efficacité comme la tolérance du traitement thermal et du traitement par exercices chez les polyarthritiques dont l’évolution inflammatoire est bien contrôlée par le traitement. La pratique d’exercices appropriés est à même d’améliorer l’état général, d’accroître les capacités fonctionnelles et de limiter les détériorations articulaires, ceci sans influence négative sur l’évolution de la maladie et la survenue des poussées (comme cela était autrefois redouté) [6]. Chez le polyarthritique, la pratique régulière de l’exercice à domicile améliore la douleur et la capacité physique [18]. De même, la kinébalnéothérapie est un mode d’entraînement particulièrement approprié [10] pour améliorer la douleur, la force musculaire, et la fatigue [13, 21], certains auteurs préférant recourir aux exercices en relaxation de préférence à l’entraînement dynamique [17]. Ainsi crénothérapie et crénoréadaptation peuvent se combiner pour le plus grand bénéfice du patient.
Autres affections rhumatologiques
Les autres rhumatismes inflammatoires, la fibromyalgie, les algodystro- phies, ainsi que certaines ostéoporoses bénéficient utilement de la crénoréadaptation.
Autre affections
Maladies respiratoires chroniques
Il a été clairement démontré que la rééducation respiratoire réduisait la dyspnée et améliorait le contrôle des maladies respiratoires chroniques (bron- chopneumopathie chronique obstructive) [9]. L’exercice modéré est bien toléré, facile à réaliser, améliorant la qualité de vie quotidienne |2] de tels patients. L’exercice réduit non seulement la dyspnée, mais aussi l’anxiété, et l’auto-entraînement est aussi efficace que l’entraînement contrôlé. On se retrouve là dans le cas évoqué précédemment de l’importance d’une éducation initiale permettant de réaliser par la suite un auto-entraînement.
Artériopathies chroniques des membres inférieurs
La marche intermittente, à un niveau de douleurs presque maximal, améliore la claudication [3]; un programme d’entraînement au tapis roulant améliore mieux la claudication qu’un programme de renforcement musculaire des 6 groupes musculaires principaux des membres inférieurs ( 14] ; un programme contrôlé et un programme domiciliaire permettent d’obtenir une amélioration fonctionnelle comparable [12]. Ce dernier élément est particulièrement intéressant car un programme domiciliaire nécessite préalablement une éducation significative du patient; cette dernière peut être parfaitement réalisée dans le cadre d’une crénoréadaptation chez les patients artéritiques qui, nombreux, viennent rechercher les ressources de la crénothérapie.
Autres maladies cardiovasculaires et métaboliques
L’exercice, comme le régime diététique contribuent au contrôle de l’hypertension artérielle [4]. Nombreux sont les hypertendus qui, pour d’autres motifs, viennent effectuer une cure thermale et qui mettent à profit leur séjour en station pour faire de l’exercice et améliorer leur diététique.
Il en est de même pour le diabète non insulino-dépendant et l’obésité.
Maladies neurologiques
Rappelons que les séquelles motrices d’hémiplégie vasculaire sont améliorées, en termes d’autonomie fonctionnelle et de possibilités motrices, par l’exercice de renforcement musculaire [19]. De même, la maladie de Parkinson tire bénéfice d’une pratique gymnique quotidienne s’inscrivant dans ce concept de crénoréadaptation. Mais d’autres affections neurologiques (sclérose multiloculaire [16]) ou neuro-musculaires [20] incapacitantes chroniques devraient parfois s’inscrire dans une perspective semblable.
Syndromes dépressifs et troubles du sommeil
L’exercice améliore la qualité de vie, le moral, la force des sujets déprimé» et s’avère donc posséder un véritable effet anti-dépresseur [15J. Il améliore également les symptômes cliniques des sujets présentant des états do panique [11 ]. En outre, chez les sujets porteurs de troubles du sommeil, lu pratique régulière d’un exercice modéré améliore la qualité du sommeil |8|
Dans toutes ces affections, la crénothérapie et la crénoréadaptation peuvent se révéler utiles et bénéfiques .