Combien de jours peut-on vivre sans ni manger ?
La privation totale de nourriture et d’eau conduit à l’une des morts les plus douloureuses qui soient. À tout prendre, mieux vaut choisir la mort par la soif, qui est plus rapide : en 2 à 4 jours, l’affaire est réglée. De son côté, la faim mène au terme fatal en une trentaine de jours, quarante tout au plus. Dans les deux cas, les souffrances tant physiologiques que psychologiques sont épouvantables car elles vont croissant, se multipliant selon un cercle vicieux qu’il est difficile d’enrayer.
La faim engage un processus physiologique long et souvent irréversible. Les aliments sont le combustible de notre « chaudière ». Les produits de leur dégradation s’appellent glucides, lipides et protides, avec lesquels nous stockons de l’énergie et fabriquons molécules, cellules et tissus. Sans aliments, nous ne pouvons donc plus fabriquer d’énergie ni de briques élémentaires pour notre organisme. Rapidement, nous devenons faibles, voire apathiques. Nous n’avons plus de force pour bouger, communiquer, ni même, si l’occasion se présente, pour manger. Des gens sont morts de faim devant une miche de pain qu’ils furent incapables d’attraper et encore moins de mâcher! Auraient-ils été en état de le faire qu’ils auraient sans doute vomi, tant l’estomac s’atrophie lorsque nous sommes privés de nourriture.
Tout organe a une fonction. Si cette fonction ne peut plus être assurée, l’organe est mis en sommeil. Et même, passé un certain seuil, il régresse. Inapte à accueillir un aliment, l’estomac devient incapable d’informer le cerveau sur son état plein ou vide, via les capteurs de tension présents à sa jonction avec l’intestin. La sensation de faim disparaît. Le point de non-retour est atteint.
Entre-temps, le corps se sera proprement autodigéré. Privé de toute alimentation extérieure, il s’alimente de lui- même. Après avoir utilisé les sucres stockés, il consomme les réserves de graisse, puis de protéines. Les muscles fondent. Le métabolisme est ralenti. Les cellules ne sont plus renouvelées, les molécules non vitales ne sont plus synthétisées: la peau se flétrit. En revanche, la douleur augmente. Atrophiés, les muscles font mal. Flasque, ridée et amincie, la peau fait souffrir. L’estomac est douloureux. Devenu inutile, l’intestin est gagné par des infections, en particulier fongiques. Enfin, le moment vient où le cerveau coupe le circuit. Le coma précède alors la mort.
La soif, elle, enclenche un processus plus rapide. En cessant de boire, on bouleverse totalement l’homéostasie, à savoir l’ensemble des processus veillant à l’équilibre interne de l’organisme. Parmi ceux-ci, le maintien de concentrations différentes en sels minéraux entre l’intérieur des cellules et le liquide dans lequel elles baignent. Ce liquide doit être quatorze fois plus concentré en sels que le milieu intercellulaire. La raison en est que le métabolisme des cellules est tributaire des échanges d’ions (sels minéraux) entre elles et leur milieu, au travers de leur membrane. Autrement dit, du potassium vient de l’extérieur, et du sodium s’extrait de l’intérieur.
Lorsque l’eau manque, les cellules se ratatinent. Et cela intervient très vite: à partir de 1 à 2 % de pertes. Mais l’eau manque également dans le milieu intercellulaire. La concentration en sels minéraux s’élève en proportion. Les reins augmentent leur régime afin de filtrer ce surplus de sel dans le sang. Ils envoient au cerveau un message de soif, via une hormone, l’angiotensine. Mais, l’eau ne venant pas, le système s’emballe : les cellules continuent à s’assécher, le milieu interstitiel et le sang perdent du volume à cause de leur concentration en sels, les reins produisent une urine de plus en plus jaune, de moins en moins abondante. Le corps trouve de l’eau là où il peut. Il se dessèche et se ratatine. On ne pleure plus. La langue est gonflée, le palais collant. Les yeux s’enfoncent. La peau est grisâtre. Le cœur bat vite. Les reins finissent par se bloquer. Les toxines qu’ils n’évacuent plus s’accumulent et enrayent les processus métaboliques. Enfin, le corps est si faible qu’il s’endort, et le cerveau suggère des hallucinations. Quand la perte du volume d’eau de l’organisme dépasse 10 %, c’est le coma, puis la mort.
La médecine peut, dans une certaine mesure, « rattraper » un sujet avant ce stade. Il s’agit de réhabituer très progressivement l’organisme trop longtemps sevré, mais sans lui donner ni à manger ni à boire, au risque sinon de faire éclater les cellules asséchées et d’ulcérer ou de crever les organes longtemps privés de nourriture.
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