Asthme : L'auto-surveillance
Elle est primordiale cliniquement par le nombre de crises (carnet de surveillance), la manière dont ces crises sont survenues, le contexte dans lequel elles se sont déclenchées, la vitesse avec laquelle elles ont été enrayées, le nombre de bouffées de 62-mimétiques consommées. Elle doit servir de base à la surveillance couplée patient/médecin traitant. Cela permet de dépister si la prévention, c’est-à-dire les mesures d’hygiène, a été correctement effectuée et si le traitement est suffisant.
Deux études ont montré qu’un asthmatique sur cinq était incapable d’évaluer correctement sa fonction pulmonaire, malgré la détérioration de celle-ci. Cette auto-surveillance ne peut donc pas reposer uniquement sur l’impression personnelle des patients, et doit s’exercer également par le mesure régulière du « peak flow », ou « débit de pointe ».
Ce paramètre, le débit de pointe, est mesuré simplement par une expiration maximale la plus rapide possible à l’aide d’un appareil portable, économique, le débitmètre de pointe ou, en anglais, le « peak flow-meter ». Surveiller ce débit de pointe n’a pas qu’un intérêt théorique.
En effet, il permet parfois de prévoir comment l’asthme va évoluer à court terme. Deux exemples illustrent bien ce propos, l’un tiré d’une étude anglaise, l’autre apporté par l’un de mes patients.
Le premier exemple est fourni par le commentaire d’une mère d’un jeune asthmatique, publié dans le journal médical anglais The Practitionner. Non seulement la mère a l’impression de savoir ce qui se passe, m.iis elle sait qu’elle a le moyen de contrôler ce qui se passe. Grâce à cet instrument, elle est moins inquiète et elle modifie plus précocement le traitement. Elle consulte plus rapidement si besoin, ce qui rend ses interventions beaucoup plus efficaces, car elles sont très précoces.
Le carnet de surveillance est par ailleurs très bien rempli. La tenue de ce carnet est l’occasion pour l’enfant d’apprendre à se connaître, à dessiner et ainsi à s’exprimer à propos d’une maladie qui le concerne.cela lui permet d’échapper au « diktat » de son médecin traitant. Dans cet exemple, la participation de l’enfant apparaît être un élément fondamental dans la qualité du suivi de l’asthme. De plus, l’auteur de cet article souligne que les décisions concernant le traitement sont alors plus facilement prises en commun par le médecin traitant avec la mère.
Dans cette étude, le patient et sa mère recevaient des indications sur ce qu’ils devaient faire en fonction des chiffres du « peak flow ». Ces indication font pas l’objet d’un consensus, et ne sont données qu’à titre Indicatif. Elles doivent être adaptées à chaque enfant: en cas de « peak flow » inférieur à 200, il faut doubler la dose de cortisone inhalée. Lorsque le « peak flow » est inférieur à 100, il faut contacter le médecin traitant.
En cas d’impression d’inefficacité des sprays, ou de disparition de leur efficacité rapide, il faut appeler rapidement. Là encore, ces auteurs insistent sur la nécessité du dialogue avec le praticien, et surtout, ils mettent en lumière le point essentiel : on ne soigne pas un examen complémentaire, mais un patient.
L’autre exemple est celui fourni par l’un de mes patients. Lors d’une consultation, il me dit qu’il ne se sentait pas très bien, et qu’il avait toussé tes jours derniers. La mesure du « peak flow » a mis en évidence une diminution de 20 % par rapport à la valeur de la consultation précédente. la majoration du traitement nous a permis d’enrayer cette aggravation de l’asthme et de faire disparaître la toux. Le « peak flow » est revenu à sa valeur préalable. Cet épisode nous a également permis de comprendre que la toux des jours précédents était liée à l’aggravation de son asthme et qu’elle était un véritable signal d’alarme. L’année suivante, à la même époque, la réapparition de la toux a amené le médecin traitant à renforce! le traitement contre l’asthme encore plus rapidement, avant que le « peak flow » ne se modifie. Tout est rentré dans l’ordre sans avoir besoin d’autre chose que cet interrogatoire et l’examen clinique.
L’auto-surveillance est donc importante, et ce d’autant qu’elle esl confrontée à l’avis du médecin traitant. Ces histoires sont la confirmation, par d’autres, de la démarche que nous adoptons en consultation et que nous avons dans ce livre, qui est celle de la collection « Santé au quotidien » des éditions Odile Jacob. Il existe plusieurs appareils disponibles en France permettant de surveiller le « peak flow ». La liste est citée en annexe. Il faut nuancer ce propos d’auto-surveillance car celle-ci est une contrainte supplémentaire qui vient s’ajouter à l’effort de la prise de spray quotidien. Elle ne doit pas entraîner un abandon non sélectif de toutes les actions antiasthmatiques : en clair, il ne faut pas imposer cette contrainte chez certains patients sous peine de les voir ne pas se surveiller et arrêter tout traitement corticoïde inhalé. Le résultat serait alors cala strophique, car aboutissant inéluctablement à la récidive de l’asthme et la perte de confiance du patient dans son médecin.