Anticancer : Quand les épidémiologistes seront « sûrs »
Longtemps réservée aux milieux « militants » verts, la question du lien entre cancer et environnement intéresse désormais de plus en plus les scientifiques. Alarmés par les données, les experts de l’INSERM écrivaient en 2005 : « Il est généralement admis que l’exposition environnementale est impliquée dans l’origine de la majorité des cancers. » Le tabac rend compte d’une partie de ces cas (de l’ordre de 30 %)86. Pour la plupart des autres, il n’y a pas d’explication officielle. Chez l’homme, le cancer met en général cinq à quarante ans à se développer. Souvent, il n’y a donc d’études convaincantes que chez l’animal. Pour une partie de la communauté scientifique – et c’est légitime -, cela ne constitue pas une preuve suffisante pour désigner formellement les modifications récentes de l’environnement comme cause du cancer chez l’homme.
En 2002, à Victoria, au Canada, des femmes victimes de l’épidémie de cancer du sein ont organisé une conférence avec des experts en épidémiologie et des biologistes. Le docteur Annie Sasco y a présenté ses réflexions. Au cours de sa présentation, elle a aligné, les uns après les autres, les résultats de ses vingt-cinq années de travail comme épidémiologiste au plus haut niveau mondial. Devant toutes ces femmes qui cherchaient une explication à leur maladie, elle a conclu : « Si les données suggèrent fortement un lien entre l’augmentation du cancer et la transformation de l’environnement des cinquante dernières années, nous n’avons pas encore les arguments scientifiques irréfutables pour être sûrs du lien de causalité. » Une des femmes de l’assistance s’est alors emparée du micro : « Si nous attendons pour agir que les épidémiologistes soient sûrs, nous serons toutes mortes… » Et Annie Sasco lui a confié qu’elle était, malheureusement, d’accord.
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