Alimentation artificielle de l'adulte
La malnutrition est fréquente en milieu hospitalier. Elle est due à une augmentation du métabolisme basai au cours des maladies aiguës, alors que les apports alimentaires sont diminués en raison de l’anorexie, de l’intolérance digestive, de la malabsorption et des troubles de conscience. Or la malnutrition et le catabolisme protidique sont responsables de complications graves (retard de cicatrisation, mauvaise consolidation des fractures, diminution des moyens de défense contre l’infection) et d’une augmentation de la morbidité et de la mortalité.
Les malades sont souvent incapables par la seule voie orale d’assurer le maintien d’un bon équilibre nutritionnel ou de réparer une dénutrition préalable. Il convient de leur proposer une assistance nutritionnelle à l’aide d’une alimentation artificielle. Cette alimentation artificielle peut être réalisée par voie digestive (alimentation entérale) ou par voie veineuse (alimentation parentérale). Son indication s’impose dans tout état d’agression et dans tout état de déplétion calorico-protidique qu’il convient de préciser par une évaluation de l’état nutritionnel. Une fois l’indication de l’assistance nutritionnelle portée, il faut déterminer les besoins nutritionnels du malade, choisir le mode d’alimentation artificielle, et s’assurer de l’efficacité de cette nutrition.
Évaluation de l’état nutritionnel
L’état nutritionnel des malades peut être évalué avec précision à l’aide d’un certain nombre de paramètres .
Le poids actuel comparé au poids habituel et au poids idéal permet de déterminer le degré d’amaigrissement et de dénutrition. Cependant, les variations pondérales ne permettent pas de distinguer les pertes adipeuses des pertes protidiques, et le poids, influencé par l’hydratation, ne saisit pas les modifications rapides de l’état nutritionnel, notamment chez les malades de réanimation.
La masse maigre est corrélée avec l’albuminémie, le taux de transfer- rine, la créatininurie des 24 heures, la circonférence musculaire, la force musculaire (mesurée par dynamométrie), le compte des lymphocytes et les tests cutanés d’hypersensibilité. Les variations rapides de l’état nutritionnel sont mieux appréciées par les marqueurs sériques de demi- vie courte tels que la transferrine (8 jours), préalbumine (2 jours), la rétinol binding protein (12 heures) que par les marqueurs de demi-vie longue tels que l’albumine (19 jours). L’importance du catabolisme protéïque est appréciée par la mesure de l’excrétion azotée urinaire.
La masse grasse peut-être appréciée, en l’absence d’œdèmes interstitiels, par la mesure de l’épaisseur du pli cutané tricipital (PCT).
Ces paramètres permettent de dépister les états de dénutrition et de reconnaître les malades à haut risque médico-chirurgical. Leur détermination à intervalles réguliers, de même que le bilan azoté, permet de tester l’efficacité de l’assistance nutritionnelle réalisée.
Mais ces index sont d’interprétation difficile en cas d’états infectieux graves, de cancer, de chimiothérapie.