A quoi servent les règle ?
Chaque mois, une femme peut, du point de vue physiologique, se préparer à tomber enceinte. L’endomètre, cette muqueuse qui tapisse les parois de l’utérus, s’épaissit dans le but d’accueillir un éventuel ovule fécondé. Si rien n’arrive, l’ovule non fertilisé est éjecté avec une partie de l’endomètre qui se détache en saignant. Les règles apparaissent alors, qui signalent que la fécondation ne s’est pas produite. Durant quatre à huit jours, elles indiquent surtout que la femme est fertile. Les premières règles sont d’ailleurs le signe indubitable que la petite fille est devenue femme.
Dans le monde occidental, ce moment, qui est une sorte de rite de passage psychologique, est à la fois fêté et mal vécu par mères et filles. La petite gifle de cérémonie est sans doute encore beaucoup trop donnée par des mères à leurs filles… Les règles ne sont pas des hémorragies, elles ne sont pas l’œuvre du Malin, elles ne sont pas la preuve de l’impureté des femmes. De telles idées reçues, qui ont tant fait pour considérer la moitié du genre humain comme inférieure à l’autre, sont encore bien trop présentes dans nombre de cultures. Elles demeurent dans l’inconscient collectif sous l’aspect d’une période sale, qu’il faut éviter: les règles sont le moment où une majorité d’hommes délaisseraient affectivement leurs femmes.
Comment cela se traduit-il au sein de l’organisme? Le cycle ovarien est rythmé par la sécrétion pulsatile, toutes les quatre-vingt-dix minutes environ, de la LH-RH. Cette hormone est émise par l’hypothalamus, une région fondamentale du cerveau. À son tour, l’hypophyse, un organe situé à la base du crâne et relié au cerveau, réagit à la stimulation en émettant elle aussi des hormones: la FSH et la LH. La FSH provoque un grossissement des follicules ovariens, ces cavités qui apparaissent dans les ovaires. Celui des follicules qui répond le plus vite à la stimulation devient dominant sur les autres. À partir du cinquième jour après la fin des règles, il synthétise une hormone sexuelle, l’estradiol, qui va régénérer l’endomètre. Celui-ci va progressivement s’épaissir, passant de 0,5 mm – au terme des menstruations précédentes – à quelque 3 mm. La synthèse d’estradiol a également pour effet de freiner, dans l’hypophyse, la production de FSH et de LH.
Après une dizaine de jours, le contrôle s’inverse: la quantité croissante d’estradiol, parvenue à un pic, chute brutalement, entraînant une hausse très rapide de la FSH et de la LH. Ce cycle aboutit à l’ovulation: le follicule se déchire et libère son ovule. Cette étape se situe alors vers le quatorzième jour du cycle ovarien. Le follicule prend ensuite l’aspect d’un corps jaune, qui fabrique de la progestérone, une hormone mâle, et, en moindre quantité, de l’estradiol. Le taux de FSH et de LH chute brutalement. Après une douzaine de jours d’activité, il « involue » si aucune fécondation n’a eu lieu. Le corps jaune dégénère,il cesse de produire progestérone et estradiol. Cela provoque en retour la nécrose de l’endomètre, qui saigne…
Toutes ces hormones se contrôlent les unes les autres afin que le système ne s’emballe pas. Ainsi, la quantité d’estradiol produite par les follicules est limitée par celle de FSH et de LH. Trop de follicules parviendraient sinon à maturation, et la femme donnerait plus d’un ovule à chaque cycle. Certains évolutionnistes voient dans les règles un intérêt plus général: tout ce sang, si visible, aurait incité les hommes à s’adonner à la chasse, afin de ramener de la viande, seule nourriture à même de reconstituer le sang évacué…