Quels traitements existent pour soigner la dépression périnatale ?
Je distinguerai ici les soutiens non spécifiques des thérapies spécifiques de la dépression.
Soutien et aide non spécifiques
L’écoute et le soutien non spécifiques suffisent dans les cas où les troubles sont discrets ou débutants et spécialement durant la grossesse. Une attention empathique, une écoute compréhensive et sou-tenante peuvent suffire à sortir une personne de l’isolement d une dépression débutante. Elles peuvent l’aider à reprendre confiance et à utiliser au mieux ses propres ressources pour échapper à une dépression plus sévère. Ce soutien peut être apporté par le partenaire ou par des proches qui ont été sensibilisés à la problématique de la dépression périnatale. Différents professionnels non psy comme les sages-femmes, les obstétriciens, les généralistes, les pédiatres sont des ressources précieuses dans l’écoute attentive
qu’ils peuvent apporter, à condition qu’ils aient reçu une formation appropriée et qu’ils soient intégrés dans un réseau de soins qui leur permet d’échanger avec d’autres professionnels .
Des groupes de parole organisés par les sages-femmes, les infirmières ou certaines associations constituent des lieux d’écoute et de partage très bénéfiques. Ils permettent d’exprimer ses difficultés tout en écoutant celles des autres en profitant ainsi d’autres expériences. Le succès de ces groupes dépend des habitudes locales et culturelles qui privilégient plus ou moins l’individualisme ou le partage des difficultés. L’expérience de la maternité provoque la résurgence d émotions et de souvenirs anciens qu’il n’est pas toujours aisé, dans un premier temps, de communiquer dans un groupe. C’est souvent après une première étape de soins individuels que la femme se sent plus libre de s’exprimer dans un groupe et d’en retirer des bénéfices.
Les cours de préparation à la naissance sont répandus et régulièrement fréquentés par les femmes enceintes. Ils abordent surtout les aspects pratiques de l’accouchement et des soins au bébé. Le contenu des cours n’est pas centré sur les aspects psychologiques de la maternité, mais permet d’accueillir et de détecter certaines de ces difficultés amenées par les parents moins enclins à consulter des spécialistes «psy». Il leur permet d échanger autour de questions ou de doutes concernant leur futur rôle de parent. Une étude genevoise sur le dépistage de la dépression du post-partum a montré que ces cours avaient un effet préventif sur l’apparition de la dépression du post-partum, à condition qu’ils soient répétés pour chacune des grossesses.
Après la naissance de l’enfant, le suivi à domicile par des sages-femmes ou des infirmières spécialisées est un soutien de plus en plus répandu et qui offre la possibilité d’une écoute personnalisée par des soignants qui sont, pour la plupart, bien insérés dans .t réseau de soins spécialisés de la périnatalité. Ce soutien concerne en premier lieu les aspects pratiques de la maternité, comme laide à l’allaitement, les soins au bébé ou la gestion concrète du nouveau rythme de vie. Cependant, face au contexte social actuel et à l’isolement croissant des jeunes parents moins en lien avec leur famille respective, ces professionnels sont de plus en plus confrontés la détresse sociale et psychologique. Ils ressentent donc le besoin de se former plus spécifiquement aux aspects psychologiques de la périnatalité, ce qui devrait être vivement encouragé dans une perspective d’amélioration de la détection et de la prévention de la pression du post-partum. Ces soignants sont donc en première ne ligne pour écouter, aider et orienter les femmes durant les semaines qui suivent l’accouchement.
Lorsque les difficultés sociales sont au premier plan, des centres d hébergement plus ou moins spécialisés peuvent être une précieuse. En France, les centres maternels sont des structures dépendant des conseils généraux. Il en existe une centaine dont dix à Paris. Ils accueillent et hébergent des femmes en difficulté matérielle ou psychologique entre le 7e mois de grossesse et 3 ans post-partum. Les prestations offertes sont d’abord d’ordre social et éducatif, mais les soins psychologiques y sont en constante augmentation, signe d’une plus grande sensibilité aux enjeux émotionnels de la maternité.
Lorsque les difficultés se prolongent ou que la dépression est plus sévère, le soutien et l’écoute ne suffisent pas; il est alors nécessaire d’envisager un traitement spécifique.
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