Noblesse de la chirurgie réparatrice
La chirurgie réparatrice donne toutes ses lettres de noblesse à la chirurgie esthétique.
Cette chirurgie réparatrice vise à rétablir l’individu mutilé par un accident, déformé par une maladie de naissance, ou à corriger à la suite de l’ablation d’un cancer, d’une tumeur, les déformations résiduelles, les séquelles de brûlures, les pertes de substance, c’est-à-dire tous les déficits cutanés, musculaires ou profonds aussi bien des parties molles ou des os, toute cette activité — très créative — représente un art chirurgical qui a évolué au long des siècles et qui permet au chirurgien plasticien de s’adapter à tous les endroits du corps humain de façon à trouver la solution la plus « économique » possible et la plus jolie possible pour reconstruire ce qui a été abîmé, emporté, ou ce qui fut déficient.
Ce talent réparateur du chirurgien plasticien nécessite un très long apprentissage.
Par ailleurs, les techniques évoluent dans le temps, certaines viennent des temps immémoriaux comme les reconstructions du nez à l’aide de la peau du front par exemple, d’autres procèdent d’inventions ultra-modernes comme les reconstructions de la jambe par méthode microchirurgicale, emportant un muscle du dos, de la peau et des fragments osseux.
Pour chacun des problèmes, et ceux-ci ne cessent de croître dans le temps, il faut trouver une solution.
Le plus difficile est très certainement représenté par certaines maladies congénitales, non plus tant les becs de lièvre ou les fentes palatines, mais d’autres malformations des membres beaucoup plus complexes, comme l’agénésie lymphatique ou l’accroissement anormal d’un membre par rapport à un autre, entraînant des asymétries majeures du corps.
L’exploitation industrielle et médicale de la radio-activité a donné lieu à toute une nouvelle pathologie qui est encore peu connue : il n’y a pas de doute que dans l’an 2000, la multiplication des sources radioactives va entraîner des séquelles pour lesquelles des traitements chirurgicaux nouveaux devront être apportés, les médicaments ne pouvant pas à eux seuls entraîner la guérison ou l’amélioration des anomalies tissulaires engendrées par les radiations au cours d’une explosion ou après une manipulation non protégée de source radioactive.
La formation en chirurgie réparatrice s’effectue dans des centres hospitaliers.
Ces centres, qui ont été particulièrement bien développés dans la période suivant les guerres, où les dégâts terrifiants liés aux brûlures des armes à feu ont entraîné une hyper-spécialisation de certaines équipes, ont actuellement moins d’activités. Ils persistent dans les endroits où il y a des centres de brûlés, où il y a aussi le traitement de certaines tumeurs de la région du visage ou du cou.
Mais du fait même que les dégâts liés à la pratique civile ont diminué (accidents de pare-brise moins importants ; il reste les accidents de voitures et des déformations liées aux traumatismes de la vie civile : accidents du travail ou accidents liés au bricolage), les centres hospitaliers où l’on fait de la chirurgie plastique ont tendance à diminuer en nombre.
Par ailleurs, l’irruption de la chirurgie esthétique en milieu hospitalier a été assez mal vécue par les pouvoirs publics.
Ils ont eu à ce moment-là tendance à fermer les centres où l’on faisait de la chirurgie plastique pour diminuer l’activité en chirurgie esthétique.
Or, il existe un flou entre ces deux spécialités. À partir de quand peut-on admettre que la reconstruction d’une paroi abdominale est plutôt esthétique que fonctionnelle ?
Est-ce parce qu’une femme a eu deux, trois ou six enfants que son ventre a été plus abîmé que simplement par une prise de poids suivie d’une perte de poids de trente kilos ?
La légitimité de la chirurgie esthétique face à la chirurgie réparatrice est assez difficile à établir.
Il persiste quelques règles qui sont actuellement bien établies : par exemple en matière d’hypertrophie mammaire : lorsque l’on doit enlever plus de trois cents grammes par côté, on admet que le poids est tel au niveau des seins qu’il y a un tiraillement au niveau des épaules et du dos, et donc qu’une prise en charge automatique est délivrée par la Sécurité sociale à partir du moment où l’on peut prouver cette ablation importante de tissu mammaire qui vise à diminuer les souffrances vertébrales à moyen et long terme — économisant d’autant le recours à des médicaments antidouleur coûteux.
Il en est de même pour les reconstructions de paroi abdominale après plus de deux grossesses ; également lorsqu’il existe des oreilles décollées chez un jeune enfant entre l’âge de 7 et 15 ans.
Mais dans tous les autres cas, il existe un certain flou. Qu’en est-il si l’on n’enlève que deux cents grammes de glande mammaire par côté ?
Qu’en est-il si la femme n’a eu qu’un enfant et que son ventre a été déformé par la première grossesse ?
Qu’en est-il s’il existe une déformation génétique du corps empêchant une lemme de s’habiller normalement et imposant une liposuccion qui est assimilé à un traitement d’un volumineux lipome ?
Il existe en France une procédure très astucieuse dite de l’entente préalable. Le médecin ou le chirurgien remplit un formulaire qui est valable six mois et que le patient adresse lui-même à la Sécurité sociale. Il doit le faire par lettre recommandée sinon le centre de Sécurité sociale peut toujours prétendre qu’il a égaré cette demande.
L’absence de réponse négative à la demande dans les trois semaines qui suivent son envoi équivaut à une acceptation par la Sécurité sociale de la demande qui a été faite.
Mais en fait, les médecins de la Sécurité sociale s’arrogent toujours le droit de revenir sur cette décision, arguant du fait que la demande n’a pas été examinée. Ils ont la possibilité de convoquer la patiente en expertise pré-opératoire pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un problème de chirurgie réparatrice et pas simplement esthétique.
Dans d’autres cas, ils travaillent sur dossier.
Néanmoins, il s’agit d’une possibilité offerte par la législation pour que dans certains cas, la chirurgie esthétique puisse être considérée comme chirurgie réparatrice, ce qui est tout à fait intéressant. Le chirurgien plaide alors pour sa patiente, pas toujours avec grand succès.
Récemment, pour les patientes qui présentaient une pathologie mammaire à la suite d’implantation de prothèses mammaires qui avaient mal vieilli, l’assimilation du changement de prothèses à de la chirurgie réparatrice a été refusée par certaines caisses de Sécurité sociale et acceptée par d’autres.
Or, les patientes avaient véritablement développé des coques péri-mammaires calcifiées qui, dans certains cas, pouvaient être préjudiciables à leur santé et en tout cas à la surveillance de leurs seins au cours du dépistage d’un cancer.
Malgré cette raison majeure, certains médecins de Sécurité sociale ont refusé la prise en charge d’un changement de prothèses.
Ils auraient au moins pu accepter la prise en charge de l’opération, même s’ils avaient refusé le prix des prothèses.
Ainsi, il règne un certain arbitraire ; bien des corrections devraient être apportées à ce système qui n’est pas parfait mais qui a au moins le mérite d’exister dans un certain nombre de cas.
La chirurgie réparatrice donne la noblesse à tout chirurgien qui veut faire de la chirurgie esthétique.
Vidéo : Noblesse de la chirurgie réparatrice
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