L'alimentation de la femme qui allaite
Alimentation et allaitement sont deux mots presque semblables. Le lait maternel est le premier aliment du nouveau-né, et il se construit à partir des aliments que la mère ingère : sa qualité dépend beaucoup de celle des aliments. Ce que vous mangez et la manière dont vous mangez continuent à influencer le développement de votre enfant. Comme pendant la grossesse !
Des aliments riches
Nous avons remarqué, dans notre pratique quotidienne, que les mamans faisaient plus attention à leur alimentation durant la grossesse qu’après, même lorsqu’elles allaitent. Comme si, le cordon ombilical coupé, le nouveau-né était devenu suffisamment mûr et autonome pour qu’elles puissent reprendre leurs anciennes habitudes alimentaires et, parfois, refumer. Le cordon lacté prend le relais du cordon ombilical et continue à pourvoir aux besoins vitaux de l’enfant. Pour certaines femmes, neuf mois de grossesse c’est déjà long, et elles ont du mal à prolonger pendant quelques mois encore les bonnes habitudes alimentaires nécessaires pendant l’allaitement à leur santé et à celle de leur bébé afin qu’il acquiert des bases suffisamment solides. Sans compter que ce sont ces mois supplémentaires qui vous permettront de garder définitivement ces habitudes et de les rendre vivantes dans votre quotidien. Refaites le point sur votre alimentation, surtout si une tierce personne intervient dans votre entourage pour vous aider.
Plus que jamais, insistez sur les aliments riches en fer, en calcium et en magnésium.
Par son lait, la femme transmet 200 à 300 milligrammes de calcium et 40 milligrammes de magnésium chaque jour à son bébé ; donc, approvisionnez-vous au quotidien. Attention au manque de fer provoqué par les pertes de sang consécutives à l’accouchement. Si vous vous sentez très fatiguée, demandez à votre médecin de vous prescrire un supplément et servez-vous des compléments naturels (lire « Le fer », page 61). Pour éviter les crevasses, consommez des germes de blé sous forme d’huile, de graines ger- mées ou de comprimés. Pour augmenter leur sécrétion lactée, de nombreuses mères ont obtenu de bons résultats en prenant de la levure de bière, concentré naturel de vitamines du groupe B.
L’heure des repas
Il est certain qu’une alimentation riche en légumes, en fruits crus et cuits, en céréales complètes ainsi qu’en protéines animales et végétales vous permettra d’assurer une sécrétion lactée suffisante, en quantité et en qualité. Mais, pour cela, il faut commencer par… ne pas oublier de manger. Cela peut vous paraître surprenant, mais certaines mères sont tellement affairées par les soins à leur enfant qu’elles laissent passer les heures des repas. Cet « oubli » est fréquent lorsqu’elles se retrouvent seules à la maison. Une journée file vite et, le soir arrivé, elles se sentent épuisées, ne comprennent pas ce qui leur arrive et se révèlent totalement incapables de répondre à la demande affective de détente et de sécurité de leur enfant. L’estomac, les seins et le cœur sont vides.
Alors, ne vous oubliez surtout pas ! Demandez à votre conjoint de faire des courses conséquentes, de façon à pouvoir vous nourrir régulièrement dans la journée : fruits frais, fruits secs, pain demi-complet ou complet, fromage blanc, pâte d’amandes ou de noisettes à tartiner sur le pain. Ne sautez pas le petit déjeuner, faites-le préparer par votre compagnon avant son départ ou, mieux, prenez-le ensemble, même s’il faut vous lever un peu plus tôt ; vous vous recoucherez après. Le petit déjeuner devient ainsi une occasion de tête-à-tête.
Le repas de midi est tout aussi important. Si vous n’arrivez pas à cuisiner, faites participer votre compagnon. Il sera aussi ravi de découvrir ses dons culinaires que vous d’en profiter. Faites-vous préparer des repas le soir que vous réchaufferez le lendemain midi. Chez les animaux, c’est le père qui chasse pour nourrir sa famille qui vient de naître. Demandez à une ou deux de vos amies de vous dépanner en préparant des repas plus grands et de vous livrer des portions à domicile. Une autre solution, un peu coûteuse mais qui peut dépanner à l’occasion, consiste à vous mettre d’accord avec le petit restaurant du coin de la rue que vous appréciez pour sa qualité et de vous faire livrer son plat du jour. Profitez des moments pendant lesquels vous êtes à la cuisine pour
prétremper des céréales d’avance et en faire cuire d’autres. Une semoule de blé, un porridge de flocons d’avoine ou d’orge, un riz au lait avec des fruits secs sont des plats vite préparés et qui cuisent tout seuls. L’orge est la meilleure céréale pour la lactation ; faites-la cuire avec des raisins secs après trempage dans du lait demi-écrémé et, au dernier moment, ajoutez de la vanille et de la crème d’amandes.
Si votre bébé traverse une journée difficile et pleure dès que vous le posez, n’hésitez pas à vous servir d’un sac kangourou1 ou à l’envelopper contre vous dans un hamac en tissu. Il s’endormira rassuré, et vous pourrez préparer à manger, puis vous installer à table pour reprendre des forces et du courage. Préparer un repas au contact des aliments vivants, mettre la table, s’installer et prendre le temps de manger sont des activités qui vous permettront de garder les deux pieds sur terre et de vous ressourcer pour ne pas être éjectée par l’inquiétude de cette nouvelle situation. L’atmosphère familiale ne s’en portera que mieux.
Le goût pour bébé
Le goût de tous les aliments passe dans votre lait. Si vous mangez des haricots verts, des fraises… votre bébé en boira le goût s’il tète dans les heures qui suivent votre repas. On dit que certains aliments donnent trop de goût au lait et que le bébé peut alors le refuser. Le chou, l’ail, les asperges sont les plus visés mais, si vous avez consommé pendant votre grossesse ces légumes au goût prononcé, votre enfant les acceptera. Ces goûts font partie de la palette à laquelle il a déjà goûté pendant sa vie in utero, et elle ne fait que continuer à s’enrichir au travers du lait maternel. Cette éducation gustative précoce fera de lui un fin gourmet. Son palais saura repérer les aliments de qualité, et il ne s’en laissera pas conter par une alimentation monotone. Les plus grands œnologues ont été allaités.
Rappelez-vous aussi que les intestins de votre bébé reflètent les vôtres. Si vos intestins n’aiment pas l’excès de fruits, de jus de fruits ou de lait de vache et de fromages trop fer- mentés, il n’y a aucune raison que les siens l’apprécient. Ils réagiront peut-être même encore plus fortement, car ils démarrent seulement leur « carrière » digestive. Les selles et les gaz de votre enfant sont vos repères.
Nous parlons ici du goût des aliments que le lait maternel véhicule, mais c’est aussi, malheureusement, toute la pollution de notre environnement qui est transmise. En graischimiques, pesticides et insecticides sont les responsables, entre autres, de cette pollution. Le lait du premier mois de lactation est beaucoup plus sensible à la pollution que celui des mois suivants. On sait aussi que le lait des mères les plus jeunes est moins pollué que celui des multipares plus âgées : la résistance à la pollution est une affaire de jeunesse. Mais rassurez-vous, même pollué votre lait reste préférable au lait infantile non pollué. D’où l’absolue nécessité de se nourrir avec des produits les moins pollués possibles et de bannir de sa maison les plaquettes et les bombes d’insecticides.
Vidéo : L’alimentation de la femme qui allaite
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