20 ans , période des insatisfactions
Je parle de la trentaine car je ne retiens pas comme modèle d’autosatisfaction notre véritable jeunesse trop souvent idéalisée sur le plan esthétique. On se réfère exceptionnellement à ses 20 ans quand on juge ce que l’on est devenu, comparé à ce que l’on fut. Au moment du démarrage dans la vie, on rêve de se montrer au top de soi-même, irrésistiblement séduisant(e). Mais il est bien rare qu’on soit comblé par cette image-là. Bien au contraire, c’est souvent une période de doutes et de complexes où l’on se sent trop petit(e), trop grand(e), trop gros(se), trop maigre, trop poilu(e), trop typé(e), trop quelconque, en un mot beaucoup trop moche pour être aimé(e). En définitive, ces fameux « 20 ans », célébrés par les poètes, relèvent plus d’une nostalgie mythifiée que d’une réalité qui, elle, correspond bien plus souvent à une période d’insatisfaction.
Rarissimes sont les jeunes gens, les jeunes filles surtout, que leur apparence enchante à 20 ans. Seuls les beautés extrêmes, les visages de madones, les corps de déesses et les physiques de jeunes premiers – dont les canons sont en outre éminemment variables – n’ont pas besoin, pour s’épanouir, d’attendre la vie adulte. Dès l’adolescence, parfois même dès l’enfance, ils rayonnent, ils ont aux yeux des autres une sorte de grâce infuse.
D’ailleurs, bien que tout le monde autour d’eux s’accorde à les trouver admirables, eux ne profitent pas toujours de ce cadeau de Dame Nature. Il ne leur suffit pas d’être reconnus comme presque parfaits par leur entourage, ils font sur leur moindre défaut des « fixettes » qui les empêchent de profiter de leur perfection physique. On m’a raconté que dans sa jeunesse Brigitte Bardot souffrait de complexes épouvantables et refusait parfois de sortir sous prétexte qu’elle se sentait abominablement « laide », ces jours-là.