Veiller à la qualité des boissons
Le secteur des boissons a non seulement un intérêt économique considérable, mais aussi un impact souvent fort sur la santé. Globalement depuis trente ans, nous buvons moins de vin, plus de bière, toujours autant de produits alcoolisés et surtout beaucoup plus de jus de fruits et de produits sucrés. La théorie des calories vides s’applique particulièrement bien aux boissons alcoolisées et sucrées. Par conséquent, la nécessité d’améliorer la densité nutritionnelle de ces produits doit constituer notre principal fil directeur.
Cela signifie, pour les jus de fruits, de mieux récupérer les micronutriments mais aussi une partie des fibres. L’essor des jus de fruits et surtout des nectars (enrichis en sucre) dont la composition est bien trop éloignée des fruits d’origine nuit certainement à la consommation des fruits entiers chez les enfants comme chez beaucoup d’adultes, ce qui finit par être préjudiciable à la bonne gestion de la santé.
De nombreuses boissons (vin, cidre, café, thé, chocolat) sont riches en polyphénols ; la bière en contient rarement des quantités significatives. Ces polyphénols sont plus ou moins bien conservés ou biodisponibles. La recherche du naturel est une bonne ligne directrice et devrait nous conduire à sélectionner les produits le plus riches possibles en phytomicronutriments.
Pour sa valeur hygiénique, le vin devrait avoir une bonne teneur en polyphénols et un degré alcoolique plutôt faible. Le vin a des qualités remarquables sur le plan de la convivialité et de la gastronomie, mais aussi pour ses effets métaboliques sur le transport des lipides plasmatiques. Néanmoins, la consommation élevée de vin comme celle d’autres alcools exerce des effets négatifs sur le plan de la santé et pas seulement sur celui du comportement. Il est très important d’orienter les filières viticoles vers la production de vins moins chargés en alcool et riches en antioxydants. Le fait que les enquêtes épidémiologiques concordent sur le caractère bénéfique d’une consommation très modérée de vin, limitée à deux ou trois verres par jour, est tout de même remarquable. De ce point de vue le vin n’est pas un alcool comme les autres sources, surtout s’il est bu à table dans des conditions où il va peu perturber la glycémie, à la différence des apéritifs.
Il faut sûrement modérer la consommation de vin, mais on peut supprimer sans crainte l’usage des sodas, et, à défaut, il serait vraiment souhaitable d’augmenter leur densité en quelques micronutriments ; le plus simple et le plus sûr étant de limiter au maximum leur consommation. Pour répondre à la demande croissante de boissons, une solution acceptable serait sans doute de développer des boissons riches en extraits végétaux naturels et les moins sucrées possibles, mais attention aux dérives ! Dans les boissons comme dans d’autres aliments, le sucre, quelle que soit son origine, devrait être accompagné de minéraux et de fibres solubles, et le nombre de sources possibles de ces éléments est considérable. Même avec une composition équilibrée, les apports énergétiques sous forme de boissons posent problème parce que le contrôle de la satiété est moins efficient qua partir des aliments solides, or l’offre en boissons ne cesse d’augmenter ! Les législateurs, conscients de leur responsabilité, ont réduit la marge de manœuvre des publicitaires pour la promotion des boissons alcooliques ; il est surprenant que les marchands de sodas ou d’autres produits sucrés puissent encourager, sans contrainte réglementaire, la terre entière à consommer des calories vides. Comment être à ce point insensible à l’épidémie mondiale d’obésité, aux conséquences du conditionnement des consommateurs à des breuvages artificiels !
La disponibilité en eau comme boisson parfaitement hygiénique n’aurait jamais dû poser de problèmes particuliers dans des pays développés si la pollution environnementale n’était devenue si forte. Il est révoltant d’accepter cette mauvaise gestion de l’environnement et de laisser se développer, par le recours au marché de l’eau, les mauvaises pratiques actuelles, alors qu’un libre accès à cet élément naturel était possible et souhaitable. De plus, un souci d’hygiène microbiologique, souvent trop poussé, a contribué à altérer le goût et la qualité de l’eau du robinet. Cependant le développement des eaux en bouteilles a surtout été favorisé par les problèmes de pollution et en particulier ceux liés aux activités agricoles. Il semble important que les citoyens consommateurs fassent connaître leur mécontentement profond sur ce sujet.
Toutes les eaux commercialisées gagneraient à avoir une certaine minéralisation, à présenter au moins une garantie de bonne composition. Dans la situation actuelle, la question de l’opportunité de la fabrication d’eaux minérales par ajout de sels minéraux se pose de plus en plus. Si cette technique venait à se banaliser, il faudrait en profiter pour concevoir des formules originales utiles pour la lutte contre l’ostéoporose ou l’hypertension.