Traumatologie du sport
Quel que soit le niveau du pratiquant, sportif de haut niveau ou dilettante enivré de vitesse, chaussant rollers et monoski, le risque traumatique doit être assumé. C’est un fait statistique, épidémiologique, qui fait partie de la règle du jeu. Ce risque évolue en fonction de la discipline pratiquée, de l’âge, de la condition physique et du matériel utilisé. Fractures, luxations, entorses, déchirures, ruptures, élongations, traumatismes crâniens assombrissent considérablement nos images ludiques de sport. Quant aux complications, aux séquelles, il faut parfois les assumer toute sa vie. Et, pourtant, l’activité physique et sportive est une nécessité biologique et psychologique dont on doit tirer un bénéfice existentiel substantiel si elle est bien conduite. En cas de traumatisme, même mineur, même sans gravité apparente, le premier bilan et la première prise en charge, le premier geste, sont essentiels. La suite en dépend, même si les destins divergent entre les sportifs professionnels et les amateurs.
Tous les traumatismes sportifs récents doivent être confiés sans aucune exception au médecin ou au chirurgien. Il est de sa compétence, de sa responsabilité, de faire les bilans cliniques et d’imagerie de toutes les lésions anatomiques, de mettre en place les premiers éléments thérapeutiques. Les actes de médecine légale lui incombent. Une chute à ski avec un genou gonflé douloureux, une douleur au genou au cours d’un jogging, une entorse de la cheville au cours d’une partie de tennis, une douleur à l’épaule au practice de golf, ne sont pas ressenties de la même façon par le sportif de haut niveau ou par l’amateur du dimanche. Quelle que soit la discipline pratiquée, quel que soit le niveau, quel que soit le traumatisme, la décision immédiate revêt une importance considérable pour le pronostic final. La meilleure décision peut être d’attendre, ou au contraire d’intervenir chirurgicalement le plus rapidement possible. Chaque sport pratiqué exige, pour diminuer le risque, une préparation adaptée à la morphologie du pratiquant, une maîtrise du geste technique, un matériel de qualité, une diététique appropriée comprenant des rations qualitatives et quantitatives modulées en fonction des périodes de pratique, des horaires, des saisons. Aucun sportif ne doit penser qu’il est un surdoué, un authentique champion, qu’il peut accéder au nirvana de l’élite sportive sans un minimum de contraintes, d’effort et de préparation.
Les techniques ostéopathiques agressives (manipulations ostéo-articulaires) ont rarement leur place dans ces traumatismes récents aigus où dominent l’inflammation, la douleur, l’œdème, la névralgie. Par contre, les techniques fonctionnelles peuvent apporter un soulagement certain. En fait, tout dépend du degré de gravité du traumatisme. Bénin, l’intervention est possible ; grave, l’abstention est de règle.
La situation est radicalement différente lorsque le patient est vu à distance du traumatisme. Nous ne pouvons pas envisager ici tous les cas cliniques de l’appareil locomoteur susceptibles de pouvoir bénéficier des corrections manuelles ostéopathiques spécifiques. De nombreuses questions diagnostiques doivent trouver leur réponse. D’abord, reconnaître la lésion anatomique. Os, cartilage, ligaments, capsule, tendons, épanchement, chaque structure anatomique touchée peut orienter vers des choix thérapeutiques différents. Il n’y a pas toujours corrélation entre l’importance des dégâts anatomiques, la douleur et l’impotence fonctionnelle.
C’est pourquoi de nombreux patients, sous-estimant l’importance des lésions anatomiques, errent dans la nature, automédiqués ou pire, pris en main par la galaxie des « peutes et pathes » qu’ils sollicitent d’ailleurs eux-mêmes en toute confiance. Le plus souvent, ces intervenants n’ont aucune compétence en traumatologie du sport, sinon celle qui leur vient de la bénédiction divine. Rien à voir avec les authentiques kinésithérapeutes formés à la traumatologie du sport, dont les sportifs peuvent louer à juste titre les compétences.
Au bout d’un certain temps ils échouent tout de même, un peu penauds, à la consultation du médecin ou du chirurgien spécialistes en traumatologie du sport. Il faut alors tout reprendre au point de départ. Ils trament même avec eux une collection d’imagerie le plus souvent peu éclairante. Si, en plus, le médecin ou le chirurgien est ostéopathe, il va appliquer les principes qu’il connaît bien : recherche clinique des dysfonctions (tests de mobilité comparatifs, malpositions).
L’organisation de son traitement sera fondée sur le concept de stabilisation et de normalisation des groupes articulaires fonctionnels à distance du traumatisme. Ainsi recherche-t-il des dysfonctions dont les interactions avec la zone traumatisée seront traitées. Le geste direct sur l’articulation touchée n’intervient que si le bilan clinique et d’imagerie le permet (absence de lésions anatomiques du cartilage, par exemple). Le respect de ces règles de procédure autorise l’ostéopathe à intervenir sans risque d’aggravation.
Lors de traumatismes anciens avec ou sans séquelles postopératoires, parfois pour gagner quelques degrés d’amplitude supplémentaire sur un genou ou une cheville, des techniques ostéopathiques manipulatives pourront être associées à la rééducation fonctionnelle.
Un traumatisme n’est jamais bénin si la prise en charge n’est pas faite par quelqu’un qui sait. De nombreux pratiquants de sports de loisir désemparés sont contraints d’interrompre définitivement leur pratique alors qu’il aurait pu en être autrement. Depuis Hippocrate, rien n’a changé : le premier geste de bon sens en cas de traumatisme lors de la pratique sportive reste la mise au repos accompagnée des soins appropriés. Au chapitre « Traumatologie du sport » s’associe toujours « Récupérer la forme, garder la forme ». Faire le diagnostic des lésions anatomiques et proposer les traitements appropriés est une affaire d’équipe dans laquelle le médecin reste la plaque tournante. L’ostéopathe y a sa place.
Les techniques ostéopathiques craniosacrale et de fascias jouent un rôle prépondérant dans la préparation des sportifs de haut niveau. En sport individuel ou collectif, mécanique ou non, en période d’entraînement ou de compétition, l’organique et le psychologique sont indissociables. Évacuer le stress, éliminer les toxines accumulées, recaler les rythmes physiologiques, synchroniser les tonus végétatifs, sont les meilleures indications de ces techniques. Les ajustements ostéo-articulaires périphériques et rachidiens, le TGO, ont leurs propres indications. Seul reste à déterminer le choix du moment dans la saison en fonction du programme de préparation, de compétition, de récupération et des autres intervenants.