traitement : enfin, les chauves sourient
On compte, en France, près de 10 millions de chauves, pour la plupart frustrés par leur absence de chevelure, d’où un marché colossal qui a suscité bien des vocations de charlatans. Les fabricants de postiches trouvent chaque année, dans ce pays, plus de 10 000 clients. Les perruques les plus sophistiquées sont fabriquées en vrais cheveux, fixés sur un support très léger que l’on ajuste sur le crâne à l’aide de gommes qui supportent, non seulement les coups de vent, mais aussi les shampooings.
Il existe cependant de nos jours des techniques plus élaborées, en particulier les implantations. Il s’agit principalement de greffe. La méthode consiste à prélever sur la zone occipitale du crâne, la plus riche en cheveux, des petits cylindres de cuir chevelu, comportant deux ou trois cheveux, que l’on réimplante, dans de petits trous percés dans la zone chauve. Si tout se passe bien, ces nouveaux cheveux repoussent en trois mois. Pour être vraiment efficace, la méthode doit être renouvelée deux ou trois fois.
Une autre technique chirurgicale, celle des lambeaux, consiste à réduire la tonsure en décollant une bande de cuir chevelu sur la face temporale de la tête, et de l’implanter sur le dessus du crâne. Dans ce cas, pas d’attente. Les cheveux sont immédiatement mis en place. Il suffit d’attendre la cicatrisation pour que tout rentre dans l’ordre. Plusieurs techniques opératoires existent. Elles sont toutes convenablement maîtrisées actuellement.
La technique la plus récemment mise au point est celle du lambeau expansé. Elle concerne tout particulièrement les calvities très étendues. Le principe consiste à placer, sous le cuir chevelu de la couronne capillaire, deux petits ballons en silicone remplis de sérum physiologique. En gonflant, les ballons tendent le cuir chevelu. Lequel se distend et accroît par conséquent sa surface. Au bout de 5 à 6 semaines, on a gagné près de 20 centimètres de circonférence. On décolle
alors ce large lambeau de cuir chevelu pour le placer sur le dessus de la tête. Grâce à cette méthode, la zone sur laquelle a été prélevé le lambeau sera moins importante et pourra se cicatriser plus rapidement. La correction est pratiquement définitive. Certains patients préfèrent arrêter leurs activités pendant cette métamorphose. Mais cet arrêt n’est pas indispensable.
Pour les calvities moins étendues, on peut avoir recours à la réduction tonsurale. Elle consiste à découper sur le haut du crâne une bande de cuir non chevelu d’environ 3 centimètres de largeur. Puis de recoudre les bords de la découpe ainsi obtenue. Il faut cependant savoir que cette technique est de moins en moins pratiquée, ses résultats étant beaucoup moins satisfaisants que les exemples précédemment cités.
Enfin, il existe désormais un traitement médical de la calvitie. Le produit se nomme minoxidil. Il est commercialisé sous une appellation volontairement passée ici sous silence afin d’éviter toute publicité. Ce véritable médicament s’utilise en applications locales, directement sur les parties dégarnies du crâne. La caractéristique de ce traitement, dont les résultats sont démontrés depuis 1987, est de faciliter la concentration de potassium dans les cellules qui constituent la racine du cheveu. Cette action biochimique favorise la repousse du cheveu. Son efficacité a été démontrée par la seule observation des sujets soumis à ce traitement. Les résultats sont incontestables dans 90 % des cas. Cependant, force est de reconnaître que l’on ignore encore les mécanismes d’action du produit. Les chauves se contenteront sans doute des résultats constatés, sans se préoccuper des modes d’action de la molécule. Ils seront d’autant plus tentés d’essayer le traitement, que le minoxidil semble favoriser la transformation du duvet en cheveu définitif. Précisons quand même que ce produit ne provoque pas la pousse de nouveaux cheveux, mais favorise le développement des cheveux existants. Il s’agit en tous cas du premier traitement de la chute des cheveux qui réponde aux exigences d’un contrôle scientifique, à ne pas confondre, donc, avec les remèdes miracles vantés par certaines publicités mensongères.