sexualité : servir son corps
Minitel rose, films X à la télévision, revues spécialisées, sex-shops, BD pornos… la sexualité est, paraît-il, libérée. On pourrait donc la croire épanouie. Or, la clientèle des sexologues ne cesse de s’accroître. À croire que la vie sexuelle subit des « pannes » de plus en plus nombreuses, de plus en plus fréquentes. Pourtant, qui pourrait prétendre qu’un homme ou une femme puisse vraiment se sentir « bien dans sa peau » si il ou elle accumule les échecs dans la satisfaction de ses pulsions sexuelles ?
En fait, contrairement à ce que peut laisser croire lit débauche d’images et d’articles sur la sexualité, le bonheur sexuel n’est pas la chose du monde la mieux partagée, sur tout si la médiatisation du sexe par voie de presse, de télé, de cinéma, le présente comme un objet de compétition à haut niveau de performance. Tout le monde ne peut pas être le Rambo du porno !
Il faut aussi se méfier des excès de la psychanalyse pour magazines qui s’évertue à vous démontrer que vos défaillances sexuelles – impuissance masculine ou frigidité féminine – sont exclusivement liées à une frustration de la petite enfance, quand votre papa avait refusé de vous acheter une glace à la vanille ou parce que votre maman avait une fâcheuse tendance à vous faire porter des chaussures trop petites pour votre pointure. Non qu’il faille nier l’importance primordiale des facteurs psychologiques dans la genèse de l’amour. Mais n’oublions pas que le sexe est, avant tout, la manifestation physique de la passion amoureuse. S’il se dérobe, c’est le drame : la déroute des sentiments, bafoués chez l’homme par un trouble de l’érection, une éjaculation précoce, ou, chez la femme par un blocage de l’orgasme.
Or, si les Français sont – à ce que l’on dit – réputés pour leur savoir-faire érotique et pour leur aptitude à pratiquer les
Trente-six positions du coït, ils sont notoirement sous- minimes sur les réalités physiologiques qui conditionnent le 11 nu l ¡nullement de leurs organes génitaux. Tout se passe comme s’ils se comportaient en virtuoses du volant tout en ignorant ce qui se passe dans le moteur de leur voiture. D’où loin embarras quand se produit la « panne ». Bref, en amour comme pour le reste, il faut apprendre à connaître son corps, pour mieux s’en servir… et surtout, pour mieux le servir.