Se dépenser pour bien se nourrir
Même en pratiquant un peu d’exercice physique, la majorité di- la population a un mode de vie trop sédentaire qui impose une réduction des apports caloriques. Cependant, pour bien fonctionnel, notre organisme a toujours besoin d’un apport optimal de minéraux, de vitamines, de micronutriments divers. Ces éléments ainsi que d’autres nutriments essentiels sont indispensables pour assurer une bonne longévité et pour réduire l’incidence de nombreuses pathologies. Finalement, il existe des relations étroites entre un bon niveau d’exercice physique et un bon état nutritionnel puisque l’exercice physique conditionne le niveau des dépenses énergétiques qui elles-mêmes vont permettre une meilleure prise alimentaire. La problématique de la nutrition du sédentaire est de parvenir à couvrir suffisamment les besoins nutritionnels avec une consommation alimentaire relativement réduite. On comprend, dans ces conditions, que l’alimentation doit être de meilleure qualité, avoir une plus forte densité nutritionnelle, c’est-à-dire apporter plus d’éléments indispensables pour un apport calorique réduit. Paradoxalement, c’est bien l’inverse qui se produit, et, pour conserver leur ligne, nombreux sont les consommateurs qui délaissent les aliments réputés lourds tels que les produits céréaliers, le pain complet, les légumes secs, les pommes de terre, pour s’adonner à la consommation de produits emballés souvent relativement gras et sucrés, et donc de faible densité nutritionnelle.
L’exercice physique permet d’améliorer le statut nutritionnel en stimulant l’ingestion alimentaire, en favorisant l’utilisation des acides gras et du glucose, en assurant indirectement un apport accru de micronutriments. Il a, de plus, des effets extrêmement bénéfiques pour stimuler de nombreuses fonctions de l’organisme (musculaire, circulatoire, rénale, pulmonaire). On peut considérer de ce point de vue que la santé repose sur le tripode constitué par le patrimoine génétique, la nutrition préventive et l’exercice physique.
Les interactions positives entre nutrition et exercice physique sont particulièrement fortes au niveau du métabolisme des muscles et des tissus adipeux. D’une part, le développement musculaire est dépendant de l’exercice physique, d’autre part, il est tributaire d’un bon équilibre nutritionnel pour la fourniture de l’ensemble des substrats : glucose, acides gras, acides aminés. Une large partie des nutriments est donc consacrée au fonctionnement musculaire. En période de croissance, comme à l’état adulte, nous avons un besoin spécifique en acides aminés pour l’élaboration et le renouvellement des protéines musculaires. La fonte musculaire peut résulter d’une insuffisance d’exercice physique, de carences en protéines et en énergie, et ces deux causes sont souvent réunies chez la personne très âgée.
Parce qu’ils ont des caractéristiques et des localisations bien distinctes, on pourrait penser que le tissu musculaire et le tissu adipeux ont un fonctionnement indépendant. En fait, ces deux tissus interagissent fortement. En consommant avidement le glucose et les acides gras (si l’exercice physique est durable et intense), les muscles privent le tissu adipeux de substrats indispensables à la lipogenèse. De plus, de manière remarquable, l’entraînement physique va augmenter très fortement la capacité de certains tissus adipeux à délivrer des acides gras pour l’effort musculaire. L’exercice physique augmente favorablement la sensibilité des tissus à l’insuline qui est amoindrie lorsque les acides gras trouvent difficilement une utilisation énergétique. Par ailleurs, il est clair que l’entretien d’une masse musculaire suffisante permet de disposer d’une réserve d’acides aminés extrêmement précieuse en cas de jeûne, de stress ou de pathologie infectieuse. Cependant, dans les jeûnes de longue durée, la survie n’est possible que par la mobilisation des graisses. En effet, les réserves protéiques seraient vite épuisées si les acides aminés devaient assurer la totalité des dépenses énergétiques.
Qu’il soit volontaire ou induit par la vie quotidienne, un niveau d’exercice physique suffisant est indispensable au maintien de la santé et au bon statut nutritionnel. La gestion d’exercices trop intenses ou de travaux manuels trop rudes pose de nombreux problèmes nutritionnels et physiologiques, en particulier pour lutter contre le vieillissement accéléré et pour fournir les micronutriments protecteurs. Même si les besoins énergétiques diffèrent entre les individus sédentaires et les individus très actifs, la même qualité alimentaire s’impose à tous. Il est inutile de concevoir des
Ajustements très importants, on peut considérer que nous devons h mis être nourris comme des sportifs pour être en forme et donc disposer d’une nourriture bien équilibrée en énergie et riche en micronutriments. Néanmoins, la proportion de féculents relativement énergétiques et de fruits et légumes très peu caloriques de même que les apports lipidiques doivent être adaptés à l’importance des dépenses physiques. Paradoxalement, l’homme du XXI ème siècle relativement peu sollicité sur le plan des dépenses physiques devra bâtir une large partie de son équilibre alimentaire sur des aliments traditionnels tels que les fruits et légumes, ce que nos futuristes, amateurs de pilules, n’avaient guère prévu.