Questions de cheveux
L’état hormonal influence-t-il celui des cheveux?
Oui, bien sûr, comme il influence la peau et les ongles, puisque ces trois tissus, appelés phanères, sont d’origine et de composition pratiquement analogues.
Les estrogènes influencent les sécrétions grasses du cuir chevelu, le sébum, les régularisent, ou parfois les stimulent en excès, et c’est la séborrhée.
Pendant la grossesse, où le taux d’estrogènes est élevé, la pousse est active, les cheveux brillants, les chutes éventuelles s’arrêtent, les cheveux gras deviennent plus sains.
Toutefois, cela dépend de «ce qu’on a dans le ventre» si j’ose dire… si c’est un garçon ou une fille. Je ne pense pas que l’hormone mâle de l’enfant passe chez la mère; mais il doit quand même y avoir une influence car, par exemple, le masque de grossesse est différent selon le sexe de l’enfant; les réactions des cheveux aussi.
C’est seulement huit à dix semaines après l’accouchement que, les taux d’hormones ayant baissé, la résistance des cheveux diminue. Il en va de même, parfois, après arrêt de la pilule, et pour la même raison : la chute brusque du taux d’estrogènes.
Les androgènes ou hormones mâles, sécrétés par les glandes surrénales, favorisent la séborrhée puis la chute des cheveux.
À la ménopause, au moment où l’organisme cesse d’être imprégné d’estrogènes, mais conserve ses andro- gènes, les cheveux très gras s’appauvrissent.
Leur état, leur épaisseur, leur abondance sont aussi influencés par les sécrétions thyroïdiennes. L’hormone thyroïdienne stimule les combustions, donc les multiplications cellulaires, et favorise tout ce qui est pousse et repousse.
À l’inverse, en cas d’insuffisance, il y a moins de combustion, moins de sécrétions, moins de multiplications cellulaires. Mais les extraits thyroïdiens n’agissent pas sur les cheveux.
De simples petits troubles fonctionnels des surrénales (qu’il y ait hyper ou hypo-fonctionnement), retentissent au niveau des cheveux, des ongles et des dents, mais de l’état digestif aussi. Les femmes sont toujours étonnées lorsqu’un médecin leur demande de se déshabiller et examine leur ventre pour un problème de cheveux. Or, on trouve presque à tout coup une constipation, une colite, ou une diarrhée anormale, qu’il faut soigner parallèlement pour avoir un bon résultat.
Si les femmes sont rarement chauves, en revanche elles souffrent fréquemment de cheveux cassants, de chute temporaire. C’est souvent un manque de vitamines, un problème digestif, nerveux ou de stress répétés.
On peut, en principe, chez la femme faire pousser les cheveux par piqûres ou par applications locales d’estrogènes à très forte dose. Mais le résultat est provisoire et cela détraque le cycle.
Chez certaines femmes, les cheveux «graissent» davantage à certains moments du cycle, parfois pendant la grossesse; c’est normal, si j’ose dire. On ne peut pas modifier le cycle pour autant. On peut seulement
modifier le shampooing et, surtout, jouer efficacement sur le foie, l’alimentation et le tube digestif. Il faut donc prescrire un régulateur du foie (du tilleul concentré), conseiller de consommer moins de graisses (qui font «graisser» les cheveux) et davantage de protéines, régulariser l’état digestif le plus naturellement possible, en prenant des yaourts par exemple, et rétablir un transit normal pour que l’intestin puisse absorber et utiliser la vitamine du cheveu, la vitamine B5 ou acide pantothénique.
Prendre celle-ci par la bouche ne sert à rien: en général, on ne souffre pas du manque d’apport mais du manque d’assimilation. Il faut donc l’administrer sous forme de piqûres. Mais, utilisée seule, la B5 est moins efficace qu’associée avec d’autres éléments comme la cystine, élément soufré naturel, reconstituant des cheveux et des ongles. En revanche, une fois rétablies les fonctions hépatiques et digestives, la vitamine B5 redevient efficace par la bouche, mais moins indispensable, puisque les cheveux se portent mieux.
En un à trois mois, avec un shampooing doux, qui dégraisse sans agresser, et le traitement précédemment décrit, on obtient des résultats satisfaisants: les cheveux ne sont plus gras, ils ne tombent plus, ils ne sont plus cassants et, en même temps, les ongles fragiles ne se cassent plus, ne se dédoublent plus: c’est un changement total.
Le résultat sera durable puisqu’on aura fait la relance pour que l’organisme se prenne lui-même en charge. Même les traitements locaux ne devront plus être que des soins d’hygiène.
Il existe depuis peu un médicament, le minoxidil, qui active la repousse des cheveux : découvert à propos de traitements cardio-vasculaires, il est très efficace, même chez l’homme, lorsqu’il reste des vies
au follicule pileux que l’on traite (chaque follicule pileux est en effet programmé pour se renouveler un certain nombre de fois). Il impose un traitement de longue haleine, et n’agit pas si le nombre de vies renouvelables du follicule pileux est épuisé (cas le plus fréquent pour la région de la calotte crânienne des hommes mais tout à fait exceptionnel chez les femmes).
On peut aussi, quand la chute des cheveux est liée à un excès d’androgènes par rapport au taux d’estro- gènes, aux approches de la ménopause, par exemple, la combattre par un traitement hormonal local.
Les androgènes ont besoin, pour être (méchamment) actifs au niveau du cuir chevelu – et de la peau -, d’être transformés par une enzyme en un corps voisin qui «fait sortir» le sébum et inhibe sans doute la croissance des cheveux.
Cette même enzyme, en présence de progestérone, est accaparée par elle, qui l’utilise pour se transformer elle-même. Il n’en reste plus pour les androgènes.
Un gel à la progestérone, appliqué sur le cuir chevelu, ou sur la peau en cas d’acné, en utilisant l’enzyme pour son propre compte, rend les androgènes inactifs.
Appliqué quotidiennement, il diminue la séborrhée puis la chute, au bout de quelques semaines (le temps que les tissus soient suffisamment imprégnés), il n’entraîne pas d’effets généraux puisqu’il est métabolisé sur place à 80%.
Mais le traitement – fastidieux – doit être suivi en permanence car il n’est que suspensif: l’organisme fabriquant des androgènes de façon régulière, on doit les neutraliser au fur et à mesure. !l faut donc être persévérant !