Peut-on changer de couleur de peau ?
Si la couleur de la peau est génétiquement fixée , des procédés chimiques permettent de la modifier. Tout est fonction du changement de teinte attendu, et de sa durée. Si les produits utilisés sont tous, sans exception, toxiques sur le long terme, ils n’en font pas moins l’objet d’un commerce extraordinaire parmi les populations noires dîle-de-France, des États-Unis et, de façon plus surprenante, du Sénégal et de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Ces deux pays ont pourtant porté haut l’étendard de la négritude, avec Léopold Sédar Senghor (qui a inventé le concept) et le maréchal Mobutu.
Il est un fait que le système « coloriste » mis en place par les colonisateurs a perduré. Certaines femmes africaines souhaitent ainsi mettre au monde des enfants moins noirs, et suivent des traitements pour atténuer la teinte de leur peau. C’est qu’elles sont l’objet d’une véritable pression sociale : les hommes africains s’intéressant plus aux peaux claires, les femmes font ce qu’il faut pour leur plaire, victimes de ce « syndrome de la métisse ».
Sur les marchés africains et jusque dans les salons de coiffure franciliens, des mixtures plus ou moins légales sont proposées qui, étalées sur la peau, permettent de la blanchir. Toutes, ou presque, sont à base d’hydroquinone. Pour qui connaît un peu la chimie, la formulation de cette molécule fait frémir: c’est un dérivé du phénol, un produit lui-même obtenu à partir du benzène, qui est l’un des pires toxiques de l’ère de la chimie industrielle.
Réputé cancérigène, l’hydroquinone provoque immédiatement une irritation de la peau. Voilà pourquoi les dermatologues ne le proposent sous forme de pommades qua des doses comprises généralement entre 2 et 5 %. Cette prescription est destinée aux femmes enceintes qui ont développé le fameux « masque de grossesse », une surpigmentation locale due à une surproduction de mélanine, déclenchée par les hormones sexuelles féminines, les œstrogènes. L’hydroquinone agit directement sur les cellules qui justement synthétisent la mélanine: les mélanocytes. Celles-ci se trouvent dans les deux premières couches de la peau, l’épiderme et le derme. Leur présence est parfaitement identique que l’on soit africain ou suédois. Seule diffère la production de mélanine au sein de ces cellules: par rapport aux Blancs, elle est environ huit fois supérieure chez les Noirs, cinq fois chez les Asiatiques. Chez les Africains, la mélanine est également libérée plus « haut » dans la peau, dans les cellules de la kératine.
La synthèse de la mélanine est bloquée par l’entrée d’hydroquinone dans les mélanocytes. À hautes doses, la molécule détruit les mélanocytes. La dépigmentation devient définitive, mais elle n’est pas uniforme, ni même totale. Ses conséquences sont dramatiques: privée de mélanocytes, la peau ne peut plus faire face aux UV, elle vieillit plus vite, se ride et, surtout, est susceptible de développer des tumeurs. Avec le temps, elle s’atrophie et se déchire plus facilement. Enfin, elle est de plus en plus irritable. Les produits de substitution, comme l’acide kojique (un antibiotique synthétisé par des moisissures) ou l’acide azélaïque, ne sont ni plus efficaces ni beaucoup moins toxiques à long terme. Ces femmes désespérées d’être – trop – noires ont recours en dernier ressort au mercure et à l’eau de Javel…
Vidéo : Peut-on changer de couleur de peau ?
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