Peut-on avoir été conçu homme et naître femme ?
L’appartenance d’un individu à un genre sexuel est génétique, mais, dans les faits, c’est une petite protéine qui en décide. En êtes-vous doté ou non, et vous voilà homme alors que vous êtes une femme! Si vous avez une paire de chromosomes XY, vous êtes un homme. Si c’est XX, vous êtes une femme. En principe… Car il existe des hommes XX, génétiquement féminins, et des femmes XY, héréditairement masculines !
La masculinité dépend en fait d’un unique gène, le SRY. C’est lui qui fait que l’homme n’est pas une femme. Ce gène est porté par le petit bras du chromosome Y. Il suffit d’une « translocation », d’un échange de segments entre un chromosome Y et un chromosome X, pour que ce petit gène de rien du tout passe de Y à X, avec les conséquences que l’on devine…
Ce gène code l’information nécessaire à l’élaboration de la protéine TDF, qui induit la formation des tissus constitutifs des organes sexuels mâles, c’est-à-dire qu’ils indiquent aux tissus, communs aux deux sexes, quel organe génital ils vont devoir former. En effet, au début de la vie embryonnaire, ces tissus sont indifférenciés. Ils sont organisés en deux ébauches d’organes: respectivement, les canaux de Wolff et de Müller.
Si aucune protéine TDF ne vient modifier le cours des choses, une progressive augmentation du taux des hormones sexuelles féminines par rapport à celui des hormones mâles « féminisera » ces deux ébauches entre les troisième et quatrième mois de la vie fœtale. Sans gène SRY, le cerveau embryonnaire émet une petite dose d’œstrogènes (hormones féminines) qui entraîne la régression de Wolff, tandis que Müller se transforme en utérus et vagin. À l’inverse, si la protéine TDF est émise entre la sixième et la septième semaine de la vie embiyonnaire, le cerveau de l’embryon répand une dose infime de testosté- rone (une hormone mâle) qui déclenche une cascade d’événements très complexes. Les canaux de Müller régressent alors au profit des canaux de Wolff, qui produisent épididyme, vésicules séminales et canal déférent. Testicules ou ovaires, vulve ou scrotum, clitoris ou pénis se forment ensuite.
C’est ainsi qu’un embryon homme dépourvu de gène SRY, à une protéine près, devient une fille. Le bébé voit le jour avec une vulve et des ovaires, alors que c’est un garçon. De son côté, la fille porteuse du gène SRY naît avec des testicules et un pénis. Le « vrai » sexe – génétique – de ces individus se révèle à la puberté. Non seulement ils ne développent pas des organes sexuels parfaitement formés, mais il arrive que testicules et ovaires se confondent. Une anomalie ne venant jamais seule, cette conformation se prête particulièrement à l’apparition de cancers. Qui plus est, les sujets sont infertiles. Les garçons XX naissent dans une proportion de 1/20000 naissances; les filles XY, de 1/10 000. Les premiers ont du mal à grandir, tandis que les secondes présentent une forte pilosité et une carrure importante.