Nouvelles médecines anti-âge : Le stress
LE STRESS CHRONIQUE DE LA VIE QUOTIDIENNE
Dans notre société, nous sommes régulièrement soumis au stress d’emplois du temps surchargés par un excès de travail, avec dix taches à faire en même temps, le bruit environnant, les embouteillages et une perte de temps fréquente pour nous rendre à notre travail. S’y ajoutent parfois des problèmes de couple, de famille ou de travail. Nous avons souvent peu de moyens pour contrôler ce stress et pour le gérer, bien que nous soyons obligés de nous y adapter. Nous sommes confrontés au choix permanent entre faire face à la situation stressante ou la fuir. Le stress nous permet notamment de répondre face à un danger ou à une infection bactérienne ou virale. Mais lorsqu’il devient trop chronique, il diminue nos défenses immunitaires. Ainsi, des chercheurs estiment que le stress chronique contribuerait à plus de 80 % de toutes les maladies graves, dont le cancer, les problèmes cardio-vasculaires et ostéo-articulaires.
De même, les personnes ayant les métiers les plus stressants auraient deux fois plus de risques de mourir d’un infarctus du myocarde que ceux ayant des métiers peu stressants selon une étude finlandaise réalisée sur 812 patients suivis durant plus de trente ans. Ceux qui avaient le sentiment d’être sous-évalués sur le plan socio-économique, avec peu de perspectives de promotion sociale avaient deux fois et demi plus de risques d’avoir un accident cardiaque. La plupart des personnes très stressées avaient un taux de cortisol et de cholestérol sanguin élevés, tandis que ceux qui avaient des métiers peu valorisants tendaient à prendre du poids par boulimie.
Les chercheurs de l’université de médecine d’Harvard ont interviewé 1623 patients victimes d’accident cardiaque quatre jours après l’accident et ils ont découvert que les épisodes de colère préalables doublaient les risques d’accidents cardiaques, qui survenaient souvent au moins deux heures après. Des facteurs économiques comme le niveau d’instruction, peuvent moduler le risque de faire un infarctus du myocarde : ce risque est deux fois plus élevé chez les personnes n’ayant pas dépassé le niveau du collège, comparativement aux patients ayant eu au moins le baccalauréat.
Dès les années 50, les cardiologues ont repéré un profil comportemental, dit de « type A », plus sujet que d’autres aux maladies cardio-vasculaires. La Fédération française de cardiologie le définit comme un « style de vie et une façon de réagir qui maintiennent l’individu dans une position de lutte permanente ». Ce genre de personnalité est toujours impliquée dans Faction productive, ambitieuse, combative, énergique, en pleine réussite professionnelle, « vivant à 100 à l’heure », mais jamais satisfaite des autres ni de lui-même, manquant de recul, ne sachant pas « lever le pied », trop conflictuelle et trop autoritaire, dans un monde du travail qui demande toujours plus de performances. En un mot, elle « mène une vie de bâtons de chaise » et « brûle la chandelle par les deux bouts ». Deux comportements présentent surtout un risque cardio-vasculaire: le stress lié à la personnalité de type A et la tendance à garder ses émotions pour soi, à ne pas pouvoir les exprimer. Les personnalités de type B sont, elles, beaucoup moins impulsives et impatientes, avec de plus grandes capacités d’adaptation au stress.
En France, la liste des suicides liés au stress au travail, au harcèlement moral, au « burn-out syndrome » s’allonge chaque mois: trois suicides chez Renault, six chez PSA, quatre à la centrale nucléaire de Chinon, un à la Poste, un à la banque BNP. Le « burn out syndrome » est un véritable incendie intérieur qui détruit de l’intérieur les professionnels surmenés. Ainsi, il y aurait 2300 à 3600 décès par an par suicide ou accident cardio-vasculaire du fait du stress professionnel, dans toutes les catégories socioprofessionnelles. Cela tient à une restructuration, une réorganisation de l’entreprise, à l’aliénation du fait des nouvelles technologies (Internet, ordinateur et téléphone portable), à un surmenage, à une surcharge de travail, aux vexations d’un supérieur hiérarchique, à une perte de confiance en soi, à une absence de contrôle sur le travail effectué, à une insuffisance de reconnaissance du travail effectué, en salaire ou en promotion, à une inadéquation entre ses valeurs et objectifs et ceux de l’entreprise.
À l’inverse, on a remarqué que les centenaires avaient des personnalités particulièrement résistantes au stress. Ils l’expliquent par le fait qu’il faut éviter toute confrontation et avoir des facultés d’adaptation rapide à tout changement de situation, avec un environnement familial proche, protecteur et affectif. Surtout, ils prennent le temps de vivre en ayant des conceptions du temps plus élastiques, à un rythme plus lent. Ainsi, à
Okinawa, seulement 40 % des événements locaux débutent à l’heure prévue, sans que cela préoccupe pour autant les gens de l’île, qui l’appellent « L ‘heure d’Okinawa » ; les 60 % d’événements restants débutant avec 15 et 60 minutes de retard. En fait, les centenaires d’Okinawa ne sont pas dans l’urgence ni dans la tension, mais plutôt dans la modération, dans l’optimisme, le bien-être, l’adaptabilité aux événements et avec une attitude positive, confiante et satisfaite de la vie.
Cela leur permet de mieux faire face aux différentes épreuves de la vie qu’ils ont à rencontrer.
De plus, ils ont des personnalités très affirmées, se considérant comme des piliers de leur famille et étant respectés par leurs enfants et petits enfants pour cela.
Ils sont très croyants et ne peuvent séparer la religion dans leur vie de tous les jours, célébrant la santé et la longévité dans leurs prières. Les chamanes sont également consultés pour leur savoir, faisant partie intégrante de la vie des habitants de l’île. Grâce à cet état d’esprit et leur foi, Okinawa a le plus faible taux de suicides des femmes âgées de l’Asie de l’Est.
Les Occidentaux, eux, voudraient toujours faire un maximum de choses en un minimum de temps, en se répétant sans cesse : « le temps c’est de l’argent », ce qui accentue leur stress et a des conséquences sur leur santé. Il y a toujours une sensation d’urgence, le sentiment que l’on n’aura jamais suffisamment de temps pour accomplir toutes les tâches que l’on a à faire. Les « workaholics », ou drogués du travail, deviennent alors impatients avec leur entourage, cyniques, avec une tendance au perfectionnisme, à l’irritabilité, à l’insomnie et à la perte d’appétit, voulant toujours faire plusieurs choses à la fois.
Or cultiver des relations familiales et amicales, apprécier la nature ou une exposition d’art, maintenir notre culture et nos traditions, cela prend du temps, mais c’est aussi essentiel pour préserver notre qualité de vie.
Par ailleurs, les femmes atteintes de cancers du sein avec métastases ont une durée de vie deux fois plus longue lorsqu’elles sont prises en charge psychologiquement par une thérapie de groupe, comparativement à celles qui n’ont pas de soutien psychologique. Le soutien affectif d’un conjoint peut aussi être très utile : ainsi, les hommes mariés vivraient plus de trois années de plus que les hommes célibataires. On retrouve ainsi l’importance des liens affectifs et familiaux que l’on avait déjà noté dans les populations à grande longévité. De même, la religion est importante pour mieux faire face à des situations stressantes. Dans une étude épi- démiologique américaine, les paroissiens réguliers d’une église avaient environ deux fois moins d’accidents cardiaques et de suicides que les personnes qui n’y allaient jamais et 74 % moins de cirrhoses hépatiques mortelles.
LA MESURE DU STRESS : L’ÉCHELLE DÉVALUATION DES ÉVÉNEMENTS DE VIE OU D’AJUSTEMENT SOCIAL
Elle a été établie en 1967 par deux chercheurs américains, Holmes et Rahé afin de connaître l’impact d’un panel relativement complet de différents événements stressants sur la vie d’une personne. La comptabilité de ces variables dans un score d’échelle d’évaluation de réadaptation sociale (SRRS) et, une mesure du stress de la vie, permettent d’améliorer sa validité prédictive. Plus la note de stress est élevée, plus la maladie peut survenir.
Au cours des années 80, celle-ci a été complétée par l’Echelle de Lazarus qui recense nos petites contrariétés quotidiennes (visites à l’improviste, problèmes avec les enfants, trop de réunions…). Plusieurs autres types de questionnaires ont été mis au point, dont la symptôme Checklist-90, l’indice de satisfaction de vie. De nos jours, les chercheurs pensent que les revenus et le niveau d’éducation sont d’importants éléments prédictifs de la capacité à faire face au stress.
De plus, le stress est mieux mesuré en demandant aux patients de faire le point des événements importants, traumatisants et stressants de l’année écoulée. Ainsi, plus le score de l’année qui vient de s’écouler est élevé, plus les risques de tomber malade dans l’année sont grands. Bruce P. Dohrenwend, de l’institut psychiatrique de l’université Columbus, à New York, a établi une échelle en fonction de la quantité de changements dans l’activité habituelle, durant au moins une semaine, à la suite d’un événement stressant. Pour lui, les activités habituelles sont celles qui caractérisent les relations familiales, le travail et les activités sociales et de loisirs.
Un score de 1 à 5 est ensuite établi en fonction de l’intensité de stress récemment accumulé :
- Une très grande quantité de changements depuis une semaine ou plus (par exemple, une femme, enceinte de son premier enfant, subit la mort subite de son mari).
- Une grande quantité de changements depuis une semaine ou plus (par exemple, un homme dont l’épouse a donné naissance à un enfant mort- né qui aurait été leur premier enfant tant désiré par le couple).
- Un nombre modéré de changements depuis une semaine ou plus (par exemple, le mari d’une femme victime d’une mauvaise fracture de son bras, incapable de travailler et obligée de rester à la maison pendant un mois).
- Un peu de changement depuis une semaine ou plus (par exemple, un homme qui avait un travail et a changé pour un autre qui exigeait les mêmes compétences).
- Pas de changement depuis une semaine ou plus (par exemple, le mari d’une femme dont l’oncle est décédé alors qu’ils le voyaient rarement et n’étaient plus en contact avec lui).
Comme on le voit, tous les événements stressants ne sont pas équivalents, les événements les plus douloureux et stressants étant la perte du conjoint, du père, de la mère ou d’un enfant, puis viennent le déménagement et le licenciement.
Les résultats de ce type de questionnaire permettent de mieux appréhender les facteurs dans la survenue et l’évolution de maladies psychiques (dépression) en fonction des événements stressants de la vie. Le stress ainsi accumulé risque d’entraîner un vieillissement accéléré dans l’année qui suit: on dit qu’une personne a pris « un coup de vieux ». Mais si, de plus, d’autres événements se surajoutent dans la même année, cela augmente le vieillissement prématuré : estimé à cinq ans de vie pour un grand stress, à seize ans de vie pour deux grands stress et à trente-deux ans de vie pour trois grands stress successifs dans la même année. Cela aura ensuite des répercussions telles qu’une baisse de l’immunité, des lymphocytes T et B circulants et une augmentation importante du risque de décès et d’accidents cardio-vasculaires dans les suites d’une ou plusieurs épreuves particulièrement éprouvantes.
STRESS ET HORMONES
Le stress active une région du cerveau appelée l’axe hypothalamo-hypophysaire, entraînant la libération de peptides dont le CRF, ou Corticotropin releasing factor. Ce dernier stimule l’hormone ACTH, qui elle- même permet la sécrétion de cortisol et de glucagon. Sous l’action du stress, ces hormones entraînent un changement des comportements, de la quantité de neurotransmetteurs, libérés et de la façon dont le sucre et l’oxygène vont être utilisés par le cerveau et les muscles pour nous mettre hors de danger. De plus, les surrénales secrètent, sous l’action du stress, des neurotransmetteurs : adrénaline et noradrénaline, actifs sur le cerveau. Pendant les périodes de stress, le rapport glucagon/insuline est augmenté, avec une augmentation du catabolisme des protéines, aggravé par l’augmentation de sécrétion de cortisol.
L’élévation excessive chronique de cortisol sous l’effet du stress et de l’âge produit des troubles de la mémoire récente et une diminution de la réponse immunitaire, avec un épuisement progressif des glandes surrénales. Elle contribue au vieillissement accéléré de l’organisme, en augmentant le catabolisme des protéines de collagène et d’élastine, à une augmentation des taux de cholestérol et triglycérides, de sucre, une rétention d’eau, des troubles du rythme cardiaque et une hypertension artérielle, une augmentation de l’inflammation liée à l’arthrose et à l’asthme, des problèmes cutanés (acné, perte de cheveux, rides, psoriasis) et une diminution des facultés cérébrales.
L’augmentation du taux de cortisol a des conséquences sur les sécrétions des autres hormones : DHEA, hormone de croissance, insuline, TSH et hormones sexuelles.
Plus le taux de cortisol est élevé, plus les taux de tryptophane et de sérotonine sont diminués, ce qui entraîne une diminution du taux de mélatonine et, par un cercle vicieux, une augmentation du taux de cortisol. D’où l’importance d’une supplémentation en vitamine B3 ou niacine et en vitamine B6, ou pyridoxine, nécessaires à la production de tryptophane et de sérotonine.
Le rapport testostérone/cortisol est un bon moyen de connaître l’état exact de l’organisme. S’il est élevé, c’est que la balance entre l’anabolisme (construction) et le catabolisme (démolition) est favorisée par un fort
taux de testostérone. À l’inverse, un fort taux de cortisol et un faible taux de testostérone indiquent un vieillissement accéléré, avec un risque de diabète, d’ostéoporose, de troubles immunitaires et de démence sénile.
De même pour le rapport cortisol/DHEA, cette dernière étant produite principalement par les glandes surrénales, mais aussi par le cerveau et la peau. La production de DHEA diminue avec l’âge, dès l’âge de trente ans. A 70 ans, on ne produit qu’un quart de notre sécrétion à trente ans. De plus, la DHEA permet de fabriquer les autres hormones sexuelles, comme la testostérone. Or la DHEA s’est avérée avoir un effet protecteur contre le cancer, le diabète, l’obésité, le cholestérol, les maladies cardiovasculaires et auto-immunes (24,25). Les femmes sont plus sensibles à la DHEA que les hommes et on besoin de moins fortes doses.
Toutes les hormones de notre organisme sont faites pour travailler de concert, un peu comme tous les instruments d’un orchestre jouant une symphonie.
Lorsqu’on est stressé, le corps se met à sécréter plus de DHEA, mais si l’on persiste à être stressé, c’est surtout le cortisol qui est sécrété, sa sécrétion augmentant avec le stress et l’âge. On se met alors à vouloir consommer une source énergétique rapide comme un café, une boisson sucrée ou du sucre, ce qui ne fait qu’hyperstimuler les glandes surrénales et risque d’aboutir à un « burn-out syndrome », c’est-à-dire un syndrome d’épuisement. Cela entraîne une diminution concomitante des taux de cortisol et de DHEA, aboutissant à une « fatigue surrénalienne », avec une sécrétion inadaptée de ces glandes face à la demande causée par le stress. Le corps fabrique alors suffisamment de cortisol pour rester vivant, mais pas assez pour fonctionner de façon optimale.
Cette « fatigue surrénalienne » provoquera un taux de cortisol élevé sur le long-terme, avec une prise de poids, une diminution des défenses immunitaires et une augmentation du risque d’ostéoporose. Du fait du stress, un cortisol élevé rendra les hormones thyroïdiennes moins actives, ce qui augmentera encore la prise de poids et la tendance à l’obésité. Le cortisol stimule également les enzymes des cellules graisseuses, ce qui provoquera l’accumulation de graisses, notamment au niveau de l’abdomen.
Ce « burn-out syndrome » ou « fatigue surrénalienne » est très fréquent chez les professionnels de santé, du fait d’un excès de stress chronique,
d’un manque d’exercice et de temps libre, d’un trop-plein de responsabilités. Enfin, l’excès de cortisol sanguin va entraîner la libération d’un neuropeptide Y, ce qui augmente la consommation de sucres. Donc, si l’on veut perdre du poids de façon durable, il est important de normaliser les taux de cortisol et de DHEA.
De nombreuses études ont démontré les liens entre le stress chronique et le vieillissement cellulaire. Des psychiatres de San Francisco ont mesuré la longueur des télomères, l’activité de la télomérase et le stress oxydatif chez des femmes non ménopausées en bonne santé. Les femmes soumises à plus de stress psychologique avaient un stress oxydatif plus élevé, une télomérase moins active, et des télomères plus courts, déterminants de la longévité et de la sénescence cellulaire. Elles avaient des télomères plus courts, en moyenne correspondant à l’équivalent de dix ans de vieillissement par rapport aux femmes faiblement stressées. Ces résultats permettent de mieux comprendre la façon dont, au niveau cellulaire, le stress peut favoriser un début précoce des maladies liées à l’âge.
Mais tout le monde n’a pas les mêmes réactions au stress, car, pour certains, il leur faut sauter d’un avion ou faire l’escalade des plus hautes montagnes pour « avoir des sensations ». D’autres, au contraire, tremblent rien qu’à l’évocation de ces « challenges ». La réponse de l’organisme au stress passe par trois phases : alarme, résistance et épuisement. L’alarme est marquée par la libération de neuromédiateurs par l’organisme pour affronter une menace. La résistance survient lorsque l’organisme réagit aux changements physiologiques provoqués par le stress. Enfin, il y a épuisement si le stress devient chronique, avec une extrême fatigue liée à un stress psychologique permanent, de tous les jours, nous menant à des cancers, des maladies cardio-vasculaires et auto-immunes, à un vieillissement prématuré et à une espérance de vie plus courte.
Les aliments qui aideront à supporter le stress sont : les fruits et légumes oranges (melon, orange, pêche, ananas, carottes, tomates), le raisin, les oignons, les champignons et le saumon.
Les compléments alimentaires sont nécessaires pour lutter contre le stress: les vitamines B et C, la L Carnitine, le magnésium, la phosphatidylsérine, le ginseng, le champignon chinois cordyceps, certaines plantes indiennes : le Bacopa monnieri et l’ashwagandha et les acides aminés.