Névralgies impliquant l'oreille: nerf trijumeau et douleur oreille
Le dictionnaire Webster définit la « névralgie » comme une douleur sévère qui suit le trajet d’un nerf ou se situe dans son territoire. À l’évidence il s’agit d’une définition concise et exacte. Dans le diagnostic de névralgie, il y a peu d’éléments physiques objectifs disponibles pour étayer l’impression que l’on peut avoir. Le soupçon clinique est éveillé surtout par l’histoire que raconte le patient – la description du type de douleur et sa localisation. Typiquement, les douleurs névralgiques sont sévères et lancinantes, de quelques secondes seulement à une demi-minute, et de fréquence variable. Il y a souvent une sensibilité à l’effleurement. La durée de cette atteinte elle aussi est variable. Certaines névralgies disparaissent rapidement, contemporaines d’une atteinte virale, d’autres sont chroniques et invalidantes, durant des mois, voire des années. Il est notable que presque toutes sont unilatérales.
La cause de la plupart des névralgies reste incertaine quoiqu’une neuropathie virale ou post virale puisse jouer un rôle. Il a été montré récemment que c’est parfois une compression directe du nerf qui est en cause. Des névralgies du trijumeau, par exemple, ont pu être guéries en levant chirurgicalement la compression qu’un vaisseau exerce sur la racine du nerf près du tronc cérébral. En outre, des procédures d’ablation, par section du nerf ou injection toxique, ont été mises en œuvre avec succès depuis des années. Ces réussites chirurgicales plaident fortement en faveur d’une cause anatomique à ces atteintes.
l’innervation de l’oreille externe et de l’oreille moyenne provient de plusieurs racines, à savoir C2 et C3 et les nerfs crâniens V, VII, IX et X. Ainsi, plusieurs symptômes névralgiques peuvent s’accompagner de douleur à l’oreille. Le diagnostic des névralgies citées ci-après se fait souvent par élimination, ou doit d’abord éliminer d’autres causes possibles de la douleur. Cependant, la sévérité de la douleur, la sensibilité dans le territoire du nerf et l’unilatéralité sont des arguments qui contribuent au diagnostic.
La névralgie du trijumeau, aussi appelée le tic douloureux, est la plus connue. Elle implique une ou plusieurs des trois branches du cinquième nerf crânien, le plus souvent les deux branches inférieures. Les douleurs lancinantes sont typiquement déclenchées par un effleurement, voire un coup de vent ! Le territoire de la douleur peut inclure l’oreille, sans doute par la voie de la branche auriculotemporale. La névralgie occipitale survient dans le territoire de cette branche de C3 qui innerve la partie postérieure du scalp et de la mastoïde. Souvent, le patient se plaint même de « sensibilité des cheveux » dans cette région.
Extrêmement rare, la névralgie du glossopharyngien, provenant du neuvième nerf crânien, est ressentie comme une douleur de l’oropharynx postérieur, de l’amygdale ou de la base de lalangue, avec irradiation à l’oreille (via le nerf de Jacobson). Rare aussi, la névralgie sphénopalatine provient du ganglion du même nom situé dans la fosse homonyme, en arrière du sinus maxillaire, avec des relais du V et du VIL Elle se manifeste comme une douleur unilatérale dans les régions maxillaires, orbitaire et temporale avec, aussi, une otalgie.
Le traitement de toutes ces atteintes dépend de la chronicité des symptômes et de la certitude du diagnostic. En phase aiguë, il faut avoir recours aux antalgiques usuels si toutes les autres causes ont été éliminées. Dans les formes les plus chroniques, la carbamazépine (Tégrétol) est efficace bien que ses effets secondaires, somnolence et risque de réactions sévères (aplasie médullaire), fassent réfléchir à son indication. La surveillance de la numération formule sanguine avant et pendant son utilisation s’impose. L’oxcarbamazépine (Trileptal) est une molécule plus récente sans les effets secondaires cités plus haut, mais la névralgie ne fait pas partie de la liste des indications.
<>Résumé
<>Il faut retenir que les névralgies sont des douleurs sévères, souvent lancinantes et accompagnées d’une sensibilité à l’effleurement. Elles peuvent être aiguës ou chroniques, et leur cause exacte est rarement déterminée. Pour affirmer le diagnostic, il faut avoir éliminé les autres causes possibles de la douleur. Nous devons souligner ici encore que lorsque le signe d’appel est une otalgie inexpliquée, il faut penser qu’une tumeur des voies aériennes et particulièrement pharyngée ou laryngée peut en être l’origine. Cette éventualité doit être éliminée par un examen ORL complet au moindre doute. Traditionnellement, le Tégrétol est un traitement apprécié mais qui doit être prescrit prudemment. Le Trileptal s’avère être une alternative sûre et efficace. Le généraliste peut diagnostiquer et traiter ces atteintes, mais ne doit pas hésiter à adresser le patient à l’ORL ou au neurologue au moindre doute.
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