Ne pas s'encombrer de calories lipidiques superflues !
Aujourd’hui, mais il est un peu tard, les conséquences d’une surconsommation de lipides pour le développement de l’obésité et du diabète, dans de nombreux pays du monde, apparaissent très clairement. Il existe encore un débat misérable du style « ce n’est pas moi, c’est l’autre » de la part des lobbies des matières
grasses ou des glucides pour faire porter la responsabilité de cette épidémie aux voisins. En cas de surconsommation de lipides, les glucides jouent un rôle physiologique certain pour favoriser le stockage des graisses alimentaires, et leur disponibilité, même modérée, suffit à assurer cette fonction. De même, en cas d’ingestion trop élevée de glucides, il existe le plus souvent assez de lipides alimentaires pour entretenir une surcharge pondérale.
Dans une société fortement sédentaire, la consommation d’aliments de très forte densité calorique (lipides ou glucides purifiés) est une des causes principales de la surcharge pondérale, lorsque le contrôle de la satiété ne joue plus son rôle, que ce soit par insuffisance d’encombrement digestif ou pour d’autres causes psychophysiologiques. Le mauvais contrôle du poids corporel n’est pas seulement une affaire de déséquilibre énergétique, il est lié rapidement à des déviations métaboliques et à un mauvais contrôle de l’appétit.
L’origine du développement de la surcharge pondérale commence avec la capacité normale, physiologique des organismes à mettre en réserve une partie des lipides de la ration alimentaire pour disposer d’un stockage énergétique intéressant en cas de pénurie ou d’agression physiologique. Ce stockage des lipides fonctionne parfaitement même chez les individus maigres dont le (issu adipeux existant est suffisant pour résorber un éventuel excès de lipides ingérés. Néanmoins, chez le sujet qui a un poids stable, les graisses mises provisoirement en réserve seront restituées dans les heures, la journée ou la semaine qui suivent leur stockage. À la différence de cette régulation physiologique, heureusement effective pour une majorité d’individus, une dérive s’installe chez certains sujets du fait que les lipides stockés ne sont jamais entièrement mobilisés ultérieurement. Ainsi, progressivement les territoires adipeux se développent à la suite de la multiplication du nombre de cellules adipeuses (hyperplasie) et de leur hypertrophie pour assurer un stockage toujours plus grand. Un état de surcharge énergétique dès le plus jeune âge fait généralement le lit du développement de l’obésité chez l’adulte. On explique ce phénomène par un impact direct de certains acides gras (surtout des oméga-6) sur la formation des cellules adipeuses et aussi par une reconfiguration du système hormonal
favorable au stockage des graisses. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que nous prenions pleinement conscience des risques liés à la « malbouffe » de nos enfants gavés de produits sucrés de tout genre et du fait que le « péril gros » commence avec la télévision ? Or, une fois qu’elles ont proliféré dans l’organisme, les cellules adipeuses ne meurent jamais.
Le risque de surcharge pondérale ou d’obésité est couramment apprécié par un indice de masse corporelle (poids/taille au carré). Avec une prévalence proche de 30 %, les résultats des enquêtes aux États-Unis sont éloquents en ce qui concerne les dégâts opérés par l’agro-industrie sur le phénotype humain. De plus, il est inquiétant d’observer une augmentation très forte de l’obésité dans tous les pays où la « transition nutritionnelle » sévit.
La lutte contre la surcharge pondérale peut conduire à des excès si on ne tient pas compte de divers critères morphologiques. L’activité métabolique des divers tissus adipeux a des significations physiologiques différentes. L’accumulation de graisses dans la partie inférieure du corps, caractéristique de la morphologie féminine, est beaucoup moins dangereuse dans le cadre de la prévention des maladies cardio-vasculaires que le stockage androide dans la région de l’abdomen. Des efforts excessifs de la part du corps féminin pour réduire au maximum le stockage de type gynoïde ont une relation plus que lointaine avec la gestion de la santé. Par contre, les conséquences pathologiques d’une surcharge pondérale avec une augmentation du tour de taille telle qu’on la rencontre chez tant d’hommes et de femmes ne sont plus à démontrer : élévation de la prévalence du diabète, de l’hypertension, de diverses dislipémies ou hypercholestérolémies et font l’objet d’un syndrome qualifié de plurimétabolique fort handicapant sur le plan de l’état de santé et de plus en plus répandu.
Le coût social de la surcharge pondérale est évidemment énorme et devrait être l’occasion d’une remise en question de notre système dominant de production alimentaire.