Mieux gérer la santé par l'alimentation : Adopter un régime de croisière
Même si la santé se construit dès le jeune âge et durant toute la jeunesse, il est important de comprendre le rôle considérable de la nutrition dans le vieillissement et la survenue des pathologies. Nous réagissons aux facteurs environnementaux en fonction de nos équipements génétiques. L’importance des facteurs génétiques dans la survenue des pathologies ou dans le vieillissement pourrait conduire à minimiser l’influence des facteurs nutritionnels. Cet argument est souvent donné, dans un esprit de facilité, pour s’abstraire des contraintes liées aux recommandations nutritionnelles. Il est possible et parfois prouvé qu’en fonction de leur équipement génétique les hommes sont plus ou moins aptes à utiliser fortement les protéines, à détoxifier l’alcool ou d’autres drogues telles que le tabac, à digérer le lait, à consommer abondamment certains aliments tels que des produits à base de soja. Toutefois il est inutile de mettre l’accent sur les différences génétiques dans les réponses digestives ou métaboliques de l’homme alors que par ailleurs une très large majorité de populations présente les mêmes réponses favorables à une alimentation équilibrée. Par contre, il est compréhensible que les populations soient mieux adaptées aux ressources agricoles présentes dans leur région d’origine.
Qu’est-ce qui cause le vieillissement ? On ne le sait pas exactement, et les théories prolifèrent sur ce sujet pour montrer les limites de la vie ou des divisions cellulaires. Le rôle des facteurs génétiques dans le fonctionnement de l’horloge biologique, déterminant la longévité humaine, ne fait aucun doute, mais il existe bien d’autres facteurs capables d’accélérer le vieillissement. On confond souvent le vieillissement normal avec les maladies liées à l’âge, les seules qui posent problème. En vieillissant, l’efficacité des organes diminue, mais avec des vitesses variables selon les individus. Néanmoins nous sommes de plus en plus sujets aux maladies qui accompagnent le vieillissement (maladies cardiovasculaires et arthritiques, cancers, ostéoporose, pathologies neurodégénératives). On pourrait considérer que ces pathologies sont la rançon de la longévité, en fait leur prévalence augmente fortement en fonction de la présence de conditions de vie ou de facteurs nutritionnels défavorables. Même si l’efficacité des systèmes de défense diminue en vieillissant, il n’est pas inéluctable d’être atteint d’un cancer ou de souffrir d’un diabète en devenant vieux, la vieillesse est sûrement un naufrage de beaucoup de fonctions, ce qui est fort éloigné de l’étiologie de nombreuses pathologies.
En raison de la longévité humaine, le métabolisme énergétique est plus ou moins directement à l’origine de nombreuses maladies métaboliques. Une des clés de la prévention est sûrement de ne pas mettre l’organisme en position de lutter contre les excès d’énergie, ce qu’il ne sait pas bien faire et pour quoi il n’a pas été sélectionné. L’évolution a favorisé la sélection des gènes qui maintenaient la survie et préservaient les capacités de reproduction dans des conditions difficiles, de privation alimentaire par exemple, et ces gènes d’épargne pourraient jouer maintenant un rôle néfaste en favorisant un stockage effréné des substrats énergétiques. L’espèce humaine n’a jamais été placée durablement dans la nécessité de s’adapter à des apports énergétiques excessifs ; il est compréhensible que cela lui occasionne beaucoup de troubles. Une des recommandations les plus sûres pour prévenir les pathologies liées au vieillissement concerne donc une certaine sobriété énergétique, ce qui n’exclut pas d’avoir une alimentation très abondante en volume par le biais des fruits et légumes peu caloriques. Cependant, il existe une inégalité patente dans les réponses individuelles aux excès alimentaires et leurs conséquences sur la santé.
La seconde clé pour la prévention des maladies du vieillissement concerne la qualité de la fraction non énergétique qui doit accompagner les apports caloriques. Or la maîtrise de la densité en micronutriments est le maillon faible de la chaîne alimentaire des pays occidentaux. Si les hommes et les femmes, adaptés à la sédentarité, mangent peu et si leur nourriture est riche en composés purifiés, un tel état de pauvreté nutritionnelle ne peut suffire à la gestion de la santé. Manger peu et consommer des aliments appauvris en micronutriments n’est pas une solution pour assurer un bon état nutritionnel.
Cependant la pire des situations est de soumettre l’organisme à des excès caloriques sans une protection par un ensemble équilibré de micronutriments. Avec une absorption trop forte d’énergie, la glycémie est en permanence trop élevée même si cela ne se traduit pas par un diabète avéré. L’obligation faite à l’organisme de brûler le glucose en compétition avec les acides gras entretient une sorte de gluco- et lipo-toxicité favorable au vieillissement. Cependant, il est également préjudiciable, pour être en forme et en bonne santé, de maintenir l’organisme en situation d’hypoglycémie par un état de sous-nutrition énergétique. Une restriction énergétique sévère, imposée chez les sportives ou résultant de phobies alimentaires chez d’autres femmes, contribue souvent à perturber les cycles sexuels, ce qui est une démonstration de la nécessité d’un certain bien-être énergétique. La conduite de la nutrition préventive exige donc un juste équilibre pour éviter les répercussions négatives des excès ou des carences énergétiques. Les conséquences des déséquilibres de la balance énergétique, quel que soit leur sens, sont aggravées par une mauvaise disponibilité en micronutriments ou en divers facteurs de protection (acides gras ou acides aminés essentiels).
Si le domaine de la nutrition préventive ne s’est pas encore suffisamment développé, c’est pour les nombreuses raisons déjà évoquées, principalement liées à la difficulté d’intégrer et de relier à long terme les connaissances en nutrition et l’évolution des processus pathologiques, mais aussi de faire la part entre l’influence des facteurs génétiques et celle des facteurs environnementaux dans notre devenir. Malgré ces difficultés et la très grande diversité des polymorphismes génétiques qui singularisent nos réponses physiopathologiques, il ressort qu’il n’y a pas une bonne façon de bien se nourrir pour prévenir le diabète et les maladies cardiovasculaires, une autre pour diminuer les risques de cancer et encore une autre pour réduire l’incidence de l’ostéoporose. Cependant, il existe des spécificités pour chaque pathologie avec des circonstances étiologiques qui peuvent sembler particulières. Cela permet de souligner que la composante nutritionnelle n’est pas le seul élément dans le développement et la prévention de beaucoup de pathologies d’organes. Il n’en demeure pas moins que les bases d’une bonne nutrition restent communes à la prévention de nombreuses pathologies. Cependant, parmi la multitude des facteurs nutritionnels, la nature des facteurs de protection directement impliqués dans la prévention des processus pathologiques peut varier selon le type de maladies.
La maîtrise de tous les éléments de la nutrition préventive peut sembler très difficile ; cependant, nous avons à notre portée une parade nutritionnelle d’une efficacité reconnue, parfois étonnante, pour réduire l’incidence des pathologies majeures. Et il est heureux qu’une même et bonne façon de s’alimenter convienne à la prévention d’un ensemble de maladies !