Les vitamines B1 ou thiamine et ses effets
La carence
La carence en thiamine peut prendre trois formes cliniques :
— une forme neurologique pour laquelle les résultats thérapeutiques seront longs à obtenir ;
— une forme caractérisée par l’atteinte cardiaque et répondant immédiatement à la vitaminothérapie ;
— une forme œdémateuse, contemporaine ou non de la forme cardiaque.
Diagnostic des vitamines
L’insuffisance en thiamine augmente les taux plasmatiques de lactate et de pyruvate. Cette augmentation n’est pas spécifique car elle peut être provoquée, par exemple, par l’effort physique.
Un deuxième test plus spécifique est la mesure du contenu des globules rouges en transcétolase, enzyme qui intervient dans le shunt des pentose- phosphates et nécessite la thiamine comme cofacteur. L’adjonction in vitro de pyrophosphate de thiamine provoquera une augmentation de l’activité enzymatique.
Les dosages
Les méthodes de dosage dans le sang sont fluorométrique, dosant la thiamine libre et totale, et microbiologique, utilisant la croissance de lactobacilles dans un milieu sans thiamine, additionné du plasma à doser.
Les valeurs normales sont comprises entre 4 à 7ug/100 ml de sang.
Dans les urines :
une excrétion s 30 g/24 h est un argument en faveur d’une carence.
Le test le plus utilisé en cas d’avitaminose est le dosage, avant et après administration intramusculaire de 10 mg de thiamine, des transcétolascs.
Les signe
Les signes neurologiques sont d’apparition insidieuse.
Il s’agit d’abord d’une atteinte du système nerveux périphérique se caractérisant par : fatigabilité, lourdeur dans les jambes, raideur musculaire, suivie de sensation d’hyperesthésie ou d’anesthésie, brûlures et douleurs de certaines zones. En général les extenseurs du pied sont les premiers atteints ce qui se traduit par une flexion du pied. Puis sont atteints les muscles du mollet et de la cuisse. La force musculaire diminue progressivement. Les muscles des bras (avec fléchissement des poignets), puis du tronc, sont atteints ensuite. S’y associe une aréflexie. La démarche devient chancelante et hésitante. Enfin, une anesthésie de la musculature buccale apparaît et parfois même une aphonie.
L’atteinte du système nerveux central se manifeste par : agitation, irritabilité, tristesse, troubles de la personnalité, manque d’initiative et il’intérêt, manque de concentration.
Le rôle précis de la thiamine dans le maintien de l’intégrité du système nerveux reste inexpliqué. L’atteinte préférentielle du système nerveux central, consommateur exclusif de glucose, a été rapprochée du rôle de la thiamine dans le métabolisme glucidique.
Les signes cardio-vasculaires accompagnent les troubles neurologiques, mais surviennent parfois sans manifestations neurologiques préalables. Ils sont caractérisés par des signes d’insuffisance cardiaque droite.
L’amélioration très rapide du béribéri cardiaque sous traitement thiaminique confirme le diagnostic. Les mécanismes physiopathologiques sont mal connus.
La forme œdémateuse (béribéri humide) se caractérise par des œdèmes extensifs. Le facteur causal est l’hypoprotéinémie, associée ou non au béribéri cardiaque.
Formes du nurrition
Les signes carentiels du nourrisson sont plus sévères et ont parfois une évolution fulgurante. Les syndromes gastro-intestinaux sont les signes avant-coureurs de cette atteinte. Ils consistent en perte d’appétit, vomissements, diarrhées suivies de contractures musculaires paroxystiques entraînant une rigidité musculaire. Le pouls devient petit et rapide, la face cyanotique et les veines du cou pulsátiles. Après une période de plaintes, le nourrisson devient aphone. La mort peut survenir 12 à 24 heures après les premiers symptômes si un traitement vigoureux n’est pas institué.
Formes de l’ alcoolisme
La plus fréquente est une polynévrite avec atteinte sensitive et motrice. Elle est due pour partie à une carence d’apport, pour partie à une augmentation du besoin liée à la métabolisation de l’éthanol. L’effet thérapeutique n’est obtenu qu’après plusieurs semaines.
Le syndrome de Wernicke, se manifestant d’abord par des troubles du comportement, une atteinte de l’équilibre de type cérébelleux, un amaigrissement puis des troubles confusionnels, amnésiques et oculaires, réagit rapidement à la thérapeutique thiaminique.
Le syndrome de Korsakoff, associant une amnésie rétrograde et une amnésie antérograde, des fabulations d’événements réels ou imaginaires de survenue récente, une apathie, réagit mal à la thérapeutique.
Ces trois syndromes sont parfois associés.
Traitement et surveillance
En cas de carence thiminique
La thérapeutique comprendra soit une injection intramusculaire à la dose de 20 à 30 mg, répétée 2 à 3 fois/j. soit l’usage de formes orales à la dose de 50 mg/j. (par cette voie un apport excédentaire n’est pas absorbé).
Dans les polynévrite alcoolique
Et particulièrement dans le syndrome de Wernicke, considéré comme une urgence médicale, la thérapeutique nécessite une injection intramusculaire immédiate de 20 à 30 mg, 2 à 3 fois/j. Le relais est ensuite pris par un traitement per os procurant 250 mg à 1 g/j. suivant les cas.
Les atteintes neurologiques au cours de la grossesse
Ils nécessitent une dose de 5 à 10 mg/j. par voie orale (par voie parentérale en cas de vomissements sévères).
Au cours de la l’encéphalomyélopathie nécrotiques
Subaiguë de l’enfant, le traitement quotidien par de larges doses de thiamine entraîne une amélioration transitoire.
Dans les atteintes cardio-vasculaires
Les effets thérapeutiques sont spectaculaires. Après administration de thiamine le débit sanguin est ramené à la normale ; la diurèse est augmentée et les œdèmes diminuent rapidement. La dose usuelle de thiamine est de 10 à 30 mg, 3 fois/j., administrée par voie intramusculaire ou intraveineuse. Cette dose peut être relayée par voie orale.
Les symptomes gastro-intestinaux
Sont rapidement améliorés, à la différence des signes neurologiques, par une thérapeutique parentérale.
Traitement préventif
Telles que diarrhées chroniques de l’enfant, quelle que soit leur cause, résections et fistules intestinales.
Incidents-accidents
Il n’existe pas d’hypervitaminose B, ; toute quantité en excès est éliminée dans les urines.
Un choc thiaminique peut survenir au cours d’une injection intraveineuse. Cette voie ne sera donc utilisée que comme test diagnostique de certaines formes du béribéri cardiaque.
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