LES TUMEURS DU FOIE
quatrième volet des maladies du foie, la pathologie tumorale comporte deux versants d’inégale importance : les tumeurs bénignes, de développement lent et en général bien tolérées, d’une part et,les tumeurs malignes de l’autre.
LES TUMEURS BENIGNES
les tumeurs bénignes du foie sont essentiellement représentées par les adénomes et les némangiomes hépatiques. Peuvent également être inclus dans ce cadre l’hyperplasie nodulaire focale et le kyste solitaire du foie.
L’adénome hépatique
L’adénome hépatique, ou hépatome bénin, est une tumeur généralement unique (adénome solitaire), plus rarement multiple. De taille variable, il peut être très volumineux. Sa survenue est favorisée par la prise de contraceptifs oraux ; cependant, la maladie peut également atteindre l’homme.
Les éléments diagnostiques
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Les signes cliniques
Le diagnostic clinique dépend du volume atteint par la tumeur. Lorsque l’adénome est de petite taille, sa découverte peut être fortuite, lors d’une intervention chirurgicale. En revanche, s’il est gros, il peut être perçu à la palpation comme une tuméfaction indolore, arrondie et ferme. Une sensibilité ou une douleur de l’hypocondre droit peut amener le malade à consulter.
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Les examens complémentaires
Les examens complémentaires à visée
morphologique, en particulier l’échographie et la tomoaensitométrie, mettront en évidence une tumeur de taille variable de densité tissulaire.
— La biologie
ne met habituellement pas en évidence d’anomalies; le bilan hépatique, en particulier, est normal.
— L’artériographie
objective un déplacement des branches intra-hépatiques de l’artère hépatique, et met souvent en évidence une hypervascularisation modérée au niveau de l’adénome.
— Une biopsie
peut être pratiquée dans un but diagnostique. Cependant, le plus souvent, devant cette tumeur solide, une exérèse est décidée, et une analyse histologique de la pièce opératoire montrera une tumeur souvent encapsulée, formée d’hépatocytes normaux, disposés en travées plus ou moins irrégulières et épaisses, et non pas en lobules. Les canaux biliaires sont également normaux, mais il n’existe pas d’espaces portes. Le centre de la tumeur peut être nécrotique. Une péliose peut également apparaître dans un adénome du foie, traduite par la présence de cavités remplies de sang. Cet aspect s’observe surtout chez les femmes sous contraceptifs oraux.
L’évolution
L’adénome est en général bien toléré et sa croissance est très lente. Cependant, des accidents peuvent se produire, parfois révélateurs de la maladie. Si l’hémorragie intra- tumorale et la torsion d’un adénome pédiculé restent des complications rares, la rupture de l’adénome suivie d’hémorragie intrapéritonéale
est plus fréquente, et survient surtout chez les femmes prenant des contraceptifs oraux.
On a avancé la possibilité d’une transformation néoplasique de la tumeur au cours de l’évolution ; cette dégénérescence n’a toutefois jamais été prouvée de façon formelle.
Le traitement
Le traitement est représenté par l’exérèse de la tumeur. Cette exérèse permettra par analyse de la pièce opératoire d’affirmer la bénignité.
Il convient de signaler que les adénomes dont la survenue est liée à la prise de contraceptifs oraux peuvent régresser à l’arrêt du traitement, mais également récidiver après exérèse lorsque la même forme de contraception est maintenue. Sur ce terrain, certains proposent donc une attitude plus attentiste, avec surveillance clinique et échographique de la tumeur, l’intervention n’étant proposée qu’en cas de complications évolutives.
L’hémangiome du foie
L’hémangiome du foie est constitué de dilatations vasculaires remplies de sang, exclusivement formées aux dépens de l’artère hépatique. Unique ou multiple, l’hémangiome s’observe le plus souvent chez la femme.
Les éléments diagnostiques
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Les signes cliniques
La découverte de ces tumeurs rares est souvent fortuite lorsqu’il s’agit d’une formation de petite taille. En revanche, lorsque l’angiome est volumineux, il peut provoquer une hépatomégalie. On palpe alors une tuméfaction de consistance habituellement molle. Un souffle ou un
frémissement sont évocateurs du diagnostic.
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Les examens complémentaires
— La radiographie d’abdomen sans préparation peut visualiser des calcifications.
— La laparoscopie montre une tumeur rouge foncé située sous la capsule. Le reste du parenchyme est normal. Une biopsie est bien entendu contre-indiquée.
— L’angiographie hépatique permet de remplir les cavités vasculaires de l’hémangiome ; il se forme alors des flaques de produit de contraste restant opaques longtemps après l’injection.
L’évolution
L’évolution de ces hémangiomes est habituellement très lente. Les complications sont le plus souvent le fait d’une rupture spontanée, ou provoquée par un traumatisme. Cet accident réalise un tableau d’hémopéritoine. Il peut également survenir des troubles de la coagulation en rapport avec des phénomènes vasculaires locaux, voire d’insuffisance cardiaque si le débit est très important dans la tumeur.
Le traitement
Le traitement est le plus souvent chirurgical. Lorsque l’hémangiome est compliqué ou volumineux, on fait appel à une ligature de l’artère hépatique. Les techniques, d’introduction récente, d’embolisation sélective donnent de très bons résultats à court et à moyen terme, entre des mains expérimentées.
L’hyperplasie nodulaire focale
Cette affection est caractérisée par la présence de zones circonscrites de parenchyme hépatique, généralement sous- capsulaires, de consistance ferme, le reste du parenchyme étant normal.
L’étiologie de la maladie est inconnue ; on a remarqué qu’elle est à prédominance féminine, touchant plus particulièrement les femmes sous contraceptifs oraux.
Les éléments diagnostigués
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Les signes cliniques
Le diagnostic est le plus souvent fortuit, posé au cours d’une laparoscopie ou d’une intervention chirurgicale par exemple. Cependant si la tumeur devient volumineuse, elle peut être perçue à la palpation sous •’orme d’un nodule ferme et indolore.
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Les examens complémentaires
— L’échosraphie confirme le caractère localisé de ces nodules.
— L’artériographie montre un aspect richement vascularisé et une déformation vasculaire souvent inquiétante.
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L’anatomo-pathologie
Le diagnostic étant souvent difficile à affirmer et la suspicion de tumeur maligne étant importante, l’exérèse de ces lésions, qui oermet une analyse histologique complète, est habituellement réalisée. On retrouve au centre de la tumeur un tissu scléreux d’où oartent des cloisons fibreuses. Les hépatocytes sont d’aspect normal, et on retrouve nans la tumeur de nombreux vaisseaux sanguins et des néocanalicules biliaires.
L’évolution
Les complications sont rares. La rupture avec hémopéritoine se voit souvent chez les femmes prenant des contraceptifs oraux.
Les tumeurs kystiques non parasitaires du foie
Il en existe deux types : le kyste solitaire du foie et le cystadénome du foie. Ces tumeurs se développent aux dépens du seul épithélium des canaux biliaires (cholangiome). L’association à des cellules d’origine hépatocytaire réalise une tumeur mixte. Il s’agit de tumeurs presque toujours féminines et dont le diagnostic est tardif.
Les éléments diagnostiques
Le kyste solitaire reste très longtemps latent, et sa taille n’augmente que très progressivement. Par contre, les cystadénomes sont multiloculaires et peuvent atteindre une taille importante. Dans les deux cas, le diagnostic se fait lorsque la tumeur est suffisamment volumineuse, sur la palpation d’une masse arrondie, rénitente, indolore, parfois précédée par des sensations de pesanteur de l’hypocondre droit. L’exploration fonctionnelle hépatique reste longtemps normale.
L’échographie permet de mettre en évidence le kyste, lorsque sa taille est suffisante. Les opacifications vasculaires montreraient un refoulement harmonieux des vaisseaux intra-hépatiques.
L’évolution
Des complications sont possibles : compression de la voie biliaire ou de la veine porte lorsque le kyste est de volume important
, hémorragie intra-kystique, torsion d’un kyste pédiculé. L’infection est très rare.
Le traitement
Le traitement de ces kystes est chirurgical, représenté par l’exérèse ou totale ou partielle.