Les statines bénéfique ou nuisible
Les statines
Nos connaissances augmentent toujours sur cette classe de médicaments qui existe depuis maintenant une vingtaine d’années. Au début, leur seule propriété connue était de faire baisser le cholestérol. Ils ont alors été classés dans les « hypocholestérolé- miants ». Depuis, la liste de leurs propriétés ne cesse de s’allonger et ils sont indiqués et remboursés par la Sécurité sociale dans les cas suivants, même lorsque le cholestérol est normal :
— prévention de l’infarctus du myocarde chez les personnes présentant plusieurs facteurs de risque ;
— prévention de l’infarctus du myocarde chez les personnes diabétiques ;
— prévention de la rechute en cas d’infarctus du myocarde ;
— suites de transplantation cardiaque.
Les statines protègent le cœur, quel que soit le niveau du cholestérol, probablement grâce à leur léger effet anti-inflammatoire propre. C’est aussi sûrement pour cette raison qu’elles se révèlent efficaces en prévention d’autres maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer et les cancers (côlon, poumon, sein, prostate, pancréas, œsophage), mais aussi dans :
— l’ostéoporose ‘,
— la polyarthrite rhumatoïde,
— La sclérose en plaques .
Cependant, prendre des statines dans ces cas-là n’est pas pour l’instant entré dans l’usage ni pris en charge par la Sécurité sociale. Nous manquons encore de données.
Paul :
«Je suis médecin, et personnellement, si j’avais une sclérose en plaques ou des rhumatismes articulaires, je me précipiterais sur une statine, en complément des traitements classiques. Les arguments sur leurs effets favorables sont convaincants, et les effets secondaires semblent vraiment modérés. Je trouve les avantages largement supérieurs aux inconvénients. Il faut simplement bien se suivre. En plus, les statines, soit on les supporte bien et l’on n’a pas de problème, soit on ne les supporte pas et on les arrête. Le hic quand même, c’est que ça n’est pas remboursé dans ces cas non prévus par la Sécurité sociale et qu’il faut trouver un médecin qui accepte de vous les prescrire. En tant que médecin, je pourrais me l’« autoprescrire », mais quelqu’un qui ne serait pas de la partie ne pourrait pas en prendre sans trouver un médecin qui a la même position que moi vis-à-vis de ces médicaments ».
Il existe 5 statines sur le marché. Chacune correspond à une molécule différente :
— la simvastatine vendue sous les noms de Lodales ou de Zocor ;
— la pravastatine dont les noms commerciaux sont Elisor ou Vasten ;
— l’atorvastatine ou Tahor;
— la fluvastatine qui est le Fractal ou le Lescol;
— la rosuvastatine ou Crestor.
Celles dont les dossiers de recherche clinique sont les plus complets, celles qui ont fait le plus leurs preuves, sont les trois premières, la simvastatine, la pravastatine et l’atorvastatine.
C’est parmi celles-ci qu’il vaut mieux choisir en priorité. La fluvastatine est aussi intéressante car elle est très bien tolérée. Quant à la cinquième, on ne dispose pas assez de recul pour en faire une statine de première intention.
Des différences importantes existent entre les trois premières statines :
La pravastatine est la mieux tolérée de toutes, car elle a la propriété de s’éliminer tant par le foie que par les reins. C’est une qualité très importante, car si vos reins ne fonctionnent pas très bien, elle s’éliminera par votre foie, et si votre foie a une insuffisance, elle sera éliminée par vos reins. Vous ne risquez pas, par exemple, un surdosage pour défaut d’élimination !
— L’atorvastatine est la plus puissante des trois et présente les mêmes contre-indications que la simvastatine.
Les statines sont très bien tolérées. Néanmoins, elles présentent un inconvénient qui nécessite une surveillance : elles peuvent entraîner des atteintes musculaires, encore appelées rhabdomyo- lyses. Une autre statine, la cérivastatine, a été retirée du marché en raison de rhabodomyolyses graves, parfois mortelles. C’est la raison pour laquelle il faut clairement préférer les statines qui sont commercialisées depuis longtemps, car on a alors beaucoup plus de recul pour juger de leur innocuité.
Karol :
« Quelques jours à peine après avoir commencé le Lescol, j’avais du mal à marcher! Des douleurs atroces dans les mollets. Mon médecin a dû arrêter mon traitement puis il m’a prescrit de l’Eli- sor. Quelques mois plus tard, il semble que je le supporte tout à fait bien. Heureusement, car les douleurs que j’ai éprouvées m’ont fait vraiment peur. Je me suis informé et j’ai entendu parler des décès avec un autre médicament de la même famille. J’ai l’impression que les douleurs musculaires sont plus fréquentes, plus qu’on ne le dit. Mais bon, ma mère est décédée très jeune d’un infarctus (à moins de 50 ans) et mon père a toujours eu une hypertension et du cholestérol, alors je préfère nettement me traiter tout en m’informant que de faire l’autruche ! »
Note des auteurs : il ne s’agit pas ici de critiquer particulièrement le Lescol, car cet effet négatif sur les muscles est relativement imprévisible et peut se produire avec n’importe quelle statine !
Quelles sont les précautions à prendre en cas de traitement par une statine?
La prise de statine nécessite un suivi médical qui garantit leur parfaite innocuité
Si vous ressentez des douleurs dans vos muscles, votre médecin vous prescrira une prise de sang pour doser la créatine- phosphokinase ou CPK. Si le taux est 5 fois supérieur à la normale, il faut arrêter le traitement.
Toujours par prise de sang, il vérifiera vos transaminases pour savoir si votre foie fonctionne bien.
Il faut aussi commencer avec des doses faibles et les augmenter progressivement en fonction des résultats sur le taux de cholestérol.
Il est contre-indiqué de prendre une statine si vous prenez déjà un autre médicament contre le cholestérol de la famille des fibrates. Ces médicaments qu’il ne faut pas associer à une statine s’appellent Lipur, Lipanthyl, Fenofibrate, Fegenor, Secalip, Befizal ou encore Lipanor. Ils augmenteraient le risque d’atteinte musculaire.
Notons que ces fibrates ne diminuent pas la mortalité globale comme le font les statines. Quand on a trop de cholestérol, il est donc préférable de prendre une statine.
Il faut aussi adapter les doses des statines en cas de prise de ciclosporine (immunosuppresseur prescrit pour éviter les rejets des greffes d’organe).
Il est enfin une information peu connue des médecins : les statines ont tendance à diminuer le taux du coenzyme Q10, qui est un antioxydant très important au niveau de nos cellules. Les spécialistes du stress oxydatif préconisent donc de systématiquement associer la prise de Coenzyme Q10 (30 mg/jour) à la prise de statine.
Les statines, médicaments anti-cholestérol, ont aussi un effet de prévention sur les maladies cardiovasculaires, la maladie d’Alzheimer et certains cancers. En cas de cholestérol élevé, elles doivent être prises scrupuleusement. En cas de haut risque de maladie grave sans cholestérol élevé, le cas est à discuter avec votre médecin traitant.
Vidéo:Les statines bénéfique ou nuisible
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