Les relations difficiles entre le médecin généraliste, le chirurgien et la patiente
Dans la relation entre le chirurgien plasticien et son patient se greffe souvent l’intervention d’un autre personnage bien moins habituel et tout aussi important : le médecin de famille ou le médecin généraliste.
Quand il s’agit d’un médecin de famille qui a adressé la patiente au chirurgien, les choses se passent en général plutôt bien. Mais dans un certain nombre de cas, le médecin de famille ou le médecin généraliste a été tenu à l’écart. Parfois même, il est consulté à l’occasion d’une minime complication ou d’un incident postopératoire qui fait de lui un personnage distancié et furieux d’avoir été tenu dans l’ignorance. Tout dépend alors de la notoriété du chirurgien et des relations entre ce dernier et le médecin de famille.
La plupart d’entre eux sont extrêmement corrects, se défendant de faire du tort au chirurgien. Mais pour certains médecins de famille généralistes, les sommes d’argent soi-disant énormes que le chirurgien esthétique gagne font de lui un ennemi à abattre. Il est alors assez facile pour eux de dénigrer leur confrère et de casser toute relation entre la patiente et son chirurgien. Cette attitude ne mène à rien de bon et conduit généralement soit au procès, soit à des complications postopératoires, car peu de médecins généralistes sont tout à fait à même de soigner correctement les suites parfois troublées de la chirurgie esthétique.
Une patiente, ancienne infirmière, qui s’occupait de formation postuniversitaire du personnel paramédical dans ses années plus tardives, souhaitait subir un lifting. Elle était venue nous consulter. Sous un air intelligent, très précis, quasiment professionnel, il apparut assez rapidement qu’elle n’avait plus que de vagues notions de ce qu’était l’art infirmier. Elle était davantage versée dans l’administration, genre technocrate fatiguée à collier de perles fantaisie.
En fait, elle avait une attitude revêche.
Nous lui proposâmes de lui pratiquer un lifting à un tarif tout à fait spécial, dans la mesure où elle avait été infirmière et qu’elle formait, à ses dires, des aides-soignantes ou des adultes en reconversion.
Au moment de pratiquer l’intervention, cette patiente demanda davantage que ce qui avait été prévu initialement, insistant pour d’autres gestes opératoires à rajouter au cours de la même anesthésie.
Il est très fréquent que les patients nous disent : « Pendant que vous y êtes Docteur… », essayant d’acculer le chirurgien à leur faire une sorte de petit cadeau chirurgical en ajoutant une opération non prévue pour le même prix, de façon à profiter de l’acte opératoire aussi bien au niveau de sa réalisation que de ses incidences financières.
Nous restâmes ferme, en lui disant que s’il y avait un geste supplémentaire, il y aurait également des honoraires supplémentaires.
L’opération se déroula sans problème, mais dès le quatrième jour postopératoire, la patiente, très inquiète, ne cessait de téléphoner au cabinet ou à notre domicile personnel.
Un peu irrité et bien qu’essayant de la rassurer devant un gonflement somme toute banal et ne comportant pas de complications, le ton s’envenima très vite, réciproquement.
Cette patiente était furieuse de ne pas avoir eu, pour le même prix, le supplément d’acte chirurgical qu’elle avait réclamé.
Lorsque nous revîmes la patiente en consultation, le résultat de son lifting était superbe. Mais elle avait tellement de doléances et de récriminations qu’il était impossible de lui faire entendre raison.
De plus, des paroles très dures que le médecin généraliste avait prononcées à loutre encontre pesaient lourdement dans la balance et en notre défaveur.
Cette patiente décida alors de nous nuire en écrivant au Conseil de l’Ordre, aux impôts et à l’ensemble des institutions pour casser l’image du chirurgien, out ceci était destiné à venger une sorte d’affront qui lui avait été fait de ne pas céder à son habitude mentale, qui était d’avoir toujours un petit peu plus, sous prétexte qu’elle se considérait elle-même comme supérieure à la moyenne et qu’elle méritait qu’on fasse pour elle davantage que pour les autres.
L’erreur que nous avons faite a été de ne pas appeler le médecin généraliste et e ne pas avoir réglé ce problème sur le plan médical. Tout le reste n’est qu’incidents faciles à comprendre. Mais le rôle très néfaste du médecin généraliste doit i être souligné. Il fait partie de la chaîne chirurgicale et, dans les soins qu’il apporte, il doit au minimum se mettre en rapport téléphonique avec le praticien qui a opéré de façon à éviter toute mauvaise interprétation de l’acte opératoire.