Les morsures de mammifères : Les renards et la rage
Le fléau de la rage a sévi en France, du Moyen Âge au xixe siècle, véhiculé par les chiens errants (rage des rues) et par le loup (rage sylvatique) qui, solitaire et contaminé, «parcourt d’une traite bois et champs, attaquant tous ceux qu’il rencontre, bêtes ou gens, et dissémine largement l’infection. Les victimes humaines d’une seule bête se comptent par dizaines, aucune région de France n’est épargnée. Par ordre du Roi, les malades sont isolés, oubliés dans des geôles. On envisage de bâtir des hospices pour eux seuls, tant leur nombre est grand.» (Geneviève Carbone, La Peur du loup, ed. Gallimard Découvertes). Après ces siècles de peur et de remèdes illusoirs (les médecins soignaient les malades avec des bains de mer, des omelettes et des pèlerinages), arriva enfin Pasteur qui prouva l’efficacité de son vaccin en 1886. Grâce à lui et aux mesures rigoureuses de la police sanitaire (capture des chiens errants), il n’y avait plus de rage en France en 1928.
La rage existe encore en France
Mais elle fut réintroduite en 1968 en Moselle par un renard venant de Pologne, car après la Seconde Guerre mondiale, la rage s’étendit en direction de l’Europe occidentale. Aujourd’hui, le «front de la rage» est attentivement surveillé et contrôlé par les services vétérinaires, et les renards sont vaccinés depuis peu à l’aide d’appâts largués par hélicoptères. Ce front peut cependant évoluer d’un jour à l’autre, et les déplacements d’animaux domestiques de la zone infectée vers la zone indemne, et vice versa, sont à l’origine de quelques cas isolés au-delà du front. Spectaculaire au dernier stade de la maladie, quand le virus a cheminé le long des nerfs des membres, la rage peut provoquer alors une excitation furieuse chez les êtres humains, comme chez les animaux que la démence pousse à mordre indistinctement : ils se contaminent les uns les autres. Ils peuvent inoculer le virus à lèchent une écorchure sur leurs mains. La rage peut prendre une autre forme : la victime (homme ou animal) demeure prostrée, sous l’emprise de la rage paralytique.
Le traitement pasteurien
Maladie mortelle dont on ne guérit pas une fois que les symptômes sont déclarés, la rage est maintenant très bien enrayée grâce au traitement pasteurien. En cas de morsure, votre médecin vous adressera, s’il juge qu’il y a un risque, à l’un des 60 centres antirabiques qui totalisent environ 15 000 consultations annuelles. Le vaccin, efficace, parfaitement toléré et non douloureux car il est maintenant purifié, s’injecte en trois ou cinq séances selon les protocoles de soins (par exemple, le 1er, le 7e et le 21e jours). C’est ainsi que depuis 1924, plus personne ne meurt de rage au tochtone (la rage sylvatique ou rage sauvage, véhiculée par le renard roux) mais des Français meurent parfois d’une rage contractée au cours d’un séjour dans des pays de l’Afrique du Nord et de l’Afrique Noire, de l’Amérique du Sud, de l’Asie et l’Inde où les nombreux chiens errants véhiculent la rage canine ou rage des rues, (voir page précédente l’encadré «À l’étranger…»).