Les maladies psychosomatiques
Que l’organisme, sous la pression de forces psychiques, conscientes ou non, soit capable de déclencher des maladies dites psychosomatiques, ulcères, infarctus, asthme, eczéma, tumeurs peut-être, l’idée non plus n’est pas neuve. On a pu accuser certaines toxines, véritables poisons sécrétés dans des circonstances particulières, d’être à l’origine de processus organisés en cercles vicieux. Ainsi une situation de contrainte anxiogène augmente l’acidité gastrique chez un individu dont la muqueuse gastrique serait fragile. Cette augmentation d’acidité provoque un début d’ulcération, une gastrite, qui amène une sensation douloureuse, laquelle augmente l’angoisse qui augmente l’acidité, etc. Dans cette conception, l’effet placebo représenterait très exactement le contrepoint de l’atteinte psychosomatique, dans un mécanisme de type cercle vertueux : une consultation particulièrement rassurante et matérialisée par un « bon » comprimé réduit l’angoisse et l’acidité gastrique chez un ulcéreux. Cette réduction d’acidité diminue la douleur abdominale, d’où une réduction d’angoisse i liez le patient qui réduit d’autant son acidité, etc.
De fait, il existe dans l’organisme des structures par- liculières appelées récepteurs qui fixent des substances, naturelles ou non, nommées ligands. Par exemple, les récepteurs aux substances opiacées fixent les endorphines, substances endogènes, mais aussi la morphine, substance exogène tirée d’une plante. Les ligands peuvent avoir plusieurs types d’actions sur les récepteurs : soit ils augmentent leur action, ce sont les agonistes, soit ils l’annihilent, ce sont les antagonistes, soit ils l’inversent, ce sont les agonistes inverses. Ainsi, en ce qui concerne les récepteurs GABA’, très probablement impliqués dans les mécanismes de l’angoisse, des substances agonistes ont été mises en évidence : ce sont les tranquillisants (benzodiazé- pines), l’alcool, les barbituriques et peut-être les ben- zodiazépines naturelles synthétisées soit par l’organisme lui-même, soit apportées par l’alimentation2. Les Laboratoires Roche ont pu commercialiser un antagoniste, l’Anexate, qui déplace les tranquillisants et supprime leur action : on l’utilise pour réveiller les sujets comateux ayant absorbé trop de benzodiazé- pines. Enfin, il existe toute une famille chimique, les bétacarbolines, capable de faire naître les symptômes inverses des tranquillisants : angoisse, insomnie, convulsions, mémorisation augmentée. Pour compliquer encore le problème, certaines substances semblent capables d’avoir des actions complexes, partiellement agonistes, partiellement inverses…
Si la nature a éprouvé le besoin de mettre en place des récepteurs aux benzodiazépines, ce n’est probablement pas uniquement pour faire gagner de l’argent à l’industrie pharmaceutique. Il est plus que probable
qu’il existe des substances circulantes, des « endo- tranquillisants », mais aussi des « endo-angoissants ». En cas demotion, outre la noradrénaline et le cortisol, il semblerait qu’une sécrétion de ce type de substance intervienne, bien qu’aucune preuve formelle n’en ait été encore apportée. En cas de « tranquillisation », de relaxation, de méditation, chaque fois que nous nous calmons sans recourir à la pharmacologie, il est tout à fait possible et même probable que nous mettons en œuvre ce type de substance endogène. Certains sujets ont sans doute un tonus d’endo-tranquillisants ou d’endo-angoissants plus élevé que d’autres, ce qui les rend plus vulnérables ou, au contraire, moins accessibles à l’angoisse. Une des façons de se rendre compte de l’effet placebo d’un médecin et de sa façon de prescrire, en ce qui concerne l’angoisse, mais aussi les conséquences psychosomatiques de l’angoisse, c’est d’observer sa capacité à rendre un sentiment de contrôle de la situation à son patient et ainsi, à l’aider à mettre en place le fameux cercle vertueux antistress. Si la maladie est une aliénation, une perte d’autonomie et de liberté, l’effet placebo est, dans ce cas, une libération puisqu’il représente la capacité, pour chacun, de mettre en œuvre ses propres ressources de guérison. Favoriser les processus naturels de guérison ne fait-il pas partie des missions de la médecine ?
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