Les infections alimentaires : Le botulisme
Le botulisme est une intoxication alimentaire grave due à la toxine sécrétée par une petite bactérie, Clostridium botulinum. La maladie est rare de nos jours, de gravité variable suivant le type de clostridium (elle est ainsi plus grave aux États-Unis qu’en France). La contamination se fait essentiellement par ingestion d’une grande quantité de toxines contenues dans des conserves mal stérilisées ou des salaisons (charcuterie) de confection artisanale, infestées par la bactérie. Le germe peut, exceptionnellement, se multiplier sur une plaie souillée, point de départ de diffusion de la toxine dans l’organisme.
Comprendre la maladie
Le germe sécrète une neurotoxine, qui est détruite quand elle est soumise à une température de 100 °C pendant dix minutes, mais n’est pas altérée par les enzymes digestives. Cette neurotoxine se fixe sur les cellules nerveuses : elle bloque la sécrétion d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine. Cette substance permet, dans des conditions normales, la transmission de la commande nerveuse du nerf vers le muscle. Le blocage par la neurotoxine de ce dispositif empêche alors les contractions musculaires : le muscle est donc paralysé. Les muscles du corps peuvent être atteints progressivement, aussi bien les muscles à commande volontaire (muscles des bras, des jambes) que les muscles à commande involontaire (intestinaux, respiratoires…).
Les symptômes
L’incubation de la maladie dure de quelques heures à quelques jours. Plus elle est courte, plus la maladie est grave.
La première phase se manifeste par des vomissements, des douleurs abdominales et des diarrhées.
La deuxième phase se caractérise par des signes neurologiques : troubles de l’accommodation oculaire qui se traduisent par une vision floue, due à l’atteinte des muscles de l’iris ; tarissement des sécrétions salivaires et des troubles de la déglutition par paralysie des muscles du pharynx, responsables d’un risque de fausse route alimentaire ; difficultés à uriner dues à une gêne ou un relâchement du sphincter vésical (paradoxalement trop contracté) ; constipation due à une diminution du péristaltisme intestinal par paralysie des muscles de l’intestin ; faiblesse musculaire généralisée des muscles volontaires et atteinte des muscles respiratoires dans les formes graves, avec un risque d’asphyxie ; troubles du rythme cardiaque.
Le traitement
Le traitement est avant tout symptomatique : on ne combat que les symptômes. Il consiste en une hospitalisation avec surveillance des troubles en raison de la gravité des complications possibles. Un antidote de la toxine, la guamidine, peut être utilisé, mais il est d’efficacité variable.
Malgré ses dangers, la toxine botulique est également utilisée en thérapeutique, surtout pour traiter la rigidité musculaire liée à certaines maladies neurologiques, en association à d’autres produits comme le phénol. Dans ce cas, la toxine est utilisée en injections locales et a une durée d’action de plusieurs mois. Elle permet ainsi de réduire des contractures musculaires, d’améliorer le contrôle volontaire du mouvement. Dans ce cas, la forme de toxine botulique utilisée est sans danger, comme dans le cas également du Botox, forme de toxine bo- tulique utilisée en esthétique et qui a la propriété (éphémère) de réduire les rides en paralysant des petits muscles du visage.