Les hormones-médicaments : Les voies d'introduction
Des onctions de la peau aux implants internes, chaque voie à ses avantages et ses inconvénients.
Les onctions
Par voie externe: on masse la peau ou le cuir chevelu avec une crème ou une lotion qui, pour une part, agissent localement et, pour une autre, passent dans la circulation générale et vont atteindre d’autres cibles privilégiées.
C’est, au premier abord, la voie la plus séduisante, du moins pour les profanes, à qui elle semble « inof- fensive » (ce qui est faux si on prend le mot dans le sens de produit ne pouvant pas avoir des effets dangereux: ou un produit agit, ou il n’agit pas et, s’il agit pour le bien, il agit éventuellement pour le mal aussi).
En fait, cette voie de pénétration présente, comme toutes les autres, des avantages et des inconvénients. C’est un système commode, et l’assimilation n’est pas soumise aux perturbations digestives. Je pense aussi que certaines personnes oublient moins de faire un massage avec une crème que de prendre une pilule: souvent elles ne savent plus si elles ont pris celle-ci ou si elles vont la prendre. Autre avantage, mécanique, c’est que l’absorption se fait progressivement. Les doses sont faciles à moduler en fonction des réactions, il est aisé de mettre une demi-noisette ou une noisette; aisé de mettre trente gouttes ou quinze gouttes… bien que certaines patientes les appliquent carrément au hasard alors qu’il faut vraiment les compter, et le dosage est aussi délicat par voie percutanée que par voie buccale ou autre.
Inconvénients: il y a des peaux qui absorbent bien, d’autres qui absorbent moins bien; il y a des patientes qui appliquent le produit en le faisant bien pénétrer; d’autres l’appliquent vaguement et vont se coucher; d’autres encore vont se laver après l’application; il en reste un peu et il en part beaucoup. Enfin, le fait d’appliquer chaque jour un produit sur le corps ou sur le cuir chevelu représente une petite sujétion.
Il faut des dosages minimaux mais, à partir d’un dosage donné pour un sujet déterminé, on doit moduler la thérapeutique en fonction des résultats et l’entreprendre d’une façon progressive.
Le traitement par la peau peut aussi bien être envisagé pour une action générale que pour une action locale.
Mais le pourcentage qui passe par voie générale est très difficile à apprécier, on doit adapter le traitement en fonction des résultats.
Quand on entreprend une action percutanée au niveau des seins, cela traite bien sûr les seins; mais les traitements pour ménopause se pratiquent aussi très souvent par voie percutanée.
L’application d’estrogèries au niveau des seins a encore quelques inconvénients. Un inconvénient bénin, mais réel, c’est le fait que les aréoles deviennent noires, ce qui n’est pas toujours très joli ; mais c’est réversible. On peut obtenir des résultats, avec moins d’inconvénients, en faisant des applications surtout abdominales, ou en évitant d’appliquer le produit au niveau des aréoles.
J’utilise la voie percutanée mais d’une façon beaucoup plus nuancée que celle qui consiste à administrer à l’aveuglette vingt ou trente gouttes de tel médicament ou une noisette de gei tous les matins ou tous les soirs: il y a une pénétration réelle à faire respecter; des dosages urinaires sont indispensables avant, pendant et après ces traitements, à certains jours précis du cycle, afin d’apprécier les actions hormonales et de réajuster les doses.
Les patches
L’avenir est certainement l’extension de la voie percutanée: un élément hormonal avec diffuseur cutané placé sur la peau (patehes ou timbres). De nombreuses femmes utilisent avec bonheur ces patches imbibés d’hormones, qu’elles changent deux à trois fois par semaine. Il ne s’agit pas là de contraception, mais de traitement hormonal au long cours, de plus en plus utilisé lorsqu’on veut lutter contre les inconvénients de la ménopause.
Pilules ou comprimés
Par la bouche: c’est la voie la plus pratique. Mais on n’a pas toujours pu l’employer car les hormones naturelles sont détruites par le foie. Cela a contre-indiqué longtemps cette voie d’utilisation, et cela la contre- indique encore chez les sujets au tube digestif fragile.
Le mérite de Pincus fut de trouver des hormones de synthèse qui n’étaient pas détruites par le foie, donnant ainsi son essor à la pilule contraceptive.
L’avantage de la voie orale est donc sa facilité et sa commodité d’absorption.
Inconvénients: ce qu’on absorbe réellement en quantité est difficile à mesurer selon que le tube digestif est en bon ou en mauvais état, perturbé ou non.
On tâtonne d’ailleurs pour apprécier les quantités utiles; celles-ci sont maintenant bien moindres qu’au début de l’utilisation des premières pilules, puisque actuellement, on l’a vu, on utilise de plus en plus dans la contraception les mini, voire les micropilules.
Pourquoi, dès le départ, n’a-t-on pas diminué tellement cette hormonothérapie? Elle était, disait-on, seulement efficace à partir de certaines doses; et puis ces doses ont diminué, diminué. Jusqu’où vont-elles diminuer, je ne sais pas, mais, aussi bien pour la pilule que pour l’hormonothérapie, les doses efficaces sont certainement bien plus nuancées que celles qui sont indiquées couramment. Répétons-le, elles doivent toujours être adaptées à chaque cas.
Les piqûres
En piqûres: on ne peut administrer les hormones par voie intraveineuse, car elles sont en suspension huileuse. Cela fait des petites bulles de graisse qui créeraient des embolies.
La voie intramusculaire représente le mode d’administration le plus actif. Mais il faut insister: intramusculaire profonde, car le produit doit être pris dans une grande masse musculaire pour se diffuser progressivement. Inconvénients: c’est un peu douloureux; la composition huileuse est épaisse, mais elle constitue une condition indispensable pour faire absorber et résorber plus progressivement le produit dans le tissu musculaire profond et l’empêcher de se rediffuser vers le haut, vers la peau.
Les piqûres sous-cutanées, il n’en est pas question pour la raison qu’on vient d’indiquer.
Les implants
On implante sous la peau des pellets, petits comprimés qui libèrent progressivement leur contenu duranl plusieurs semaines.
Les implants ont cet avantage extraordinaire (et c’est peut-être une forme d’avenir) qu’on les met en place une fois pour six mois, pour huit mois, pour un an. C’est quand même assez extraordinaire d’avoir une fois pour toutes un traitement auquel on ne pense plus.
Nombre de femmes ne sont plus ennuyées du tout. Elles vivent comme si elles ne prenaient pas de médicaments.
Inconvénients: c’est une hormonothérapie intensive mais aveugle; on ne peut pas contrôler ni modifier la diffusion une fois l’implant mis en place. Toutefois, en cas de grosses réactions, on peut tout de même le retirer.
Les dosages urinaires montrent très vite si on a encore une hormonothérapie normale, si vraiment elle est insuffisante ou excessive.