Les effets de l'âge sur les différentes modalités sensorielles et activités perceptives : La perception de l’équilibre
Une fonction essentielle
La gravité terrestre est la force qu’exerce la Terre sur tout corps en le faisant tomber vers son centre. Tout organisme doit donc disposer de mécanismes qui lui permettent de lutter contre l’effet de la gravité et ainsi de conserver son équilibre et de gérer son orientation dans l’espace au cours de ses déplacements. Cette nécessité est particulièrement aiguë chez l’homme qui est un bipède permanent et doit ainsi conserver sa position orthostatique (station debout). L’acquisition de la marche chez l’enfant témoigne de la complexité des processus sensorimoteurs à l’œuvre dans cette activité. Avant de totalement maîtriser la marche et la position orthostatique, le bébé doit apprendre à lutter contre la gravité en gérant son équilibre et son orientation.
Au plan évolutif, l’origine de la marche bipédique demeure mystérieuse. Depuis Darwin, on a l’habitude de considérer qu’une caractéristique phénotypique (physiologique, anatomique ou comportementale) essentielle pour une espèce possède un sens adaptatif. En d’autres termes, la marche bipédique, caractéristique essentielle de l’espèce humaine, a dû être dans l’histoire de l’homme une réponse vitale à une sollicitation environnementale. C’est ici que se situe la difficulté. En effet, la marche bipédique est une technique de locomotion qui semble présenter plus d’inconvénients que d’avantages : elle est la source de très nombreuses pathologies telles que les problèmes de circulation sanguine (les varices, etc.) ou les problèmes de dos (lumbago, hernie discale, sciatique, etc.).
En vieillissant, nous sommes de plus en plus exposés à ces maladies liées à la position orthostatique. De plus, cela s’accompagne de difficultés de plus en plus fréquentes de gestion d’équilibre occasionnant chez l’âgé de nombreuses chutes et accidents. Ces problèmes sont très significativement atténués chez les animaux quadrupèdes. Certains chercheurs ont alors avancé l’hypothèse d’une origine aquatique de l’homme. Il s’agirait d’un singe que les hasards géographiques ont obligé à vivre en milieu aquatique. Or, dans un tel milieu, la station debout n’est plus un handicap car l’eau entraîne un phénomène de microgravité. Les cosmonautes s’entraînent d’ailleurs souvent dans des piscines car le milieu aquatique, de par sa microgravité, est beaucoup plus proche de l’apesanteur spatiale que le milieu terrestre. Morgan (1988, 1994), grande journaliste scientifique britannique, a publié des ouvrages de synthèse sur cette question.
L’appareil sensoriel
L’organe sensoriel attaché à la fonction d’équilibration est le système vestibulaire contenu dans l’oreille interne. Il est constitué des canaux semi-circulaires, de l’utricule et du saccule. Les canaux semi-circulaires sont au »ombre de trois, un pour chaque plan de l’espace. Comme leur nom l’indique, il s’agit de canaux contenant donc un liquide. Leurs parois sont tapissées de cils sensibles qui se déplacent en fonction des mouvements du corps. Ce sont eux qui nous donnent la sensation d’accélération dans les manèges ou les ascenseurs ou celle de perte d’équilibre.
Les effets de l’âge
D’un point de vue histologique, Ochs et ai (1985) ont montré que la dégénérescence des cellules ciliées commençait dès 40 ans, se poursuivait à un rythme lent jusqu’à 70 ans et ensuite s’accélérait significativement. Les conséquences cliniques de cette dégénérescence sont connues sous le terme de presbystasis. Il s’agit d’une déficience caractérisée par des difficultés d’équilibre et des risques de chute accentuée par les déficits beaucoup plus mineurs observés au niveau kinesthésique.
Le symptôme essentiel est la sensation de vertige plus fréquente à partir de 40 ans et banale après 70 ans. Lorsque la personne en est victime, il est nécessaire qu’elle s’asseye rapidement afin d’éviter une chute qui peut avoir des conséquences très graves. Par ailleurs, de façon plus chronique, la personne âgée se caractérise par une oscillation du corps beaucoup plus accentuée. En position érigée, le corps est ramené par compensations permanentes à l’axe vertical. Cela a pour conséquence que le corps oscille en permanence autour de l’axe vertical. L’amplitude de cette oscillation augmente significativement après 60 ans, ce qui provoque de nombreuses chutes et accidents (Femie et al., 1982 ; Overstall et ai, 1978).