les écoulements
On disait autrefois des flueurs (de flux, flot), puis des fleurs rouges (règles et hémorragies) ou blanches. C’est devenu, moins élégamment, des pertes ou, pour le médecin, des leucorrhées. Elles constituent le motif de trois consultations sur quatre en gynécologie. Elles peuvent être pathologiques (infectées) ou physiologiques (sécrétion naturelle, parfois gênante par son abondance ou par la façon dont on la perçoit). Elles sont faites d’un mélange de sécrétions glandulaires et de cellules de desquamation provenant des muqueuses génitales, de l’utérus jusqu’au «vestibule» qui communique avec l’extérieur. La plupart se produisent sous l’influence des estrogènes, et varient selon le moment du cycle (plus abondantes et moins fluides dans la seconde moitié). Certaines, provenant des régions les plus basses, destinées à les humidifier (une cavité naturelle trop sèche est source de brûlures, de douleurs et de troubles de fonctionnement), ne dépendent pas du cycle ovarien et existent même chez la fillette, en faible quantité.
Ces sécrétions s’infectent facilement, dès que leur acidité, qui protège contre la virulence des germes, est modifiée.
Comment savoir si les écoulements sont normaux ?
Il est facile de faire soi-même la distinction. À la couleur, d’abord. Jaune, c’est infecté; blanc filant, comme du blanc d’œuf, non. À l’odeur, ensuite: mais tout le inonde sait que des pertes qui deviennent malodorantes sont un signal d’alarme.
Des écoulements rosés contiennent un peu de sang, cl un saignement en dehors de la période des règles peut indiquer l’existence d’un petit fibrome, une grossesse extra-utérine, un kyste de l’ovaire, un polype. Mais restons ici dans le domaine hormonal.
Quand ces écoulements n’inquiètent que par leur abondance, il faut penser à un déséquilibre hormonal. Mais leur quantité et leur évaluation varient selon les sujets. Certaines, qui consultent pour un autre motif, sont encombrées de sécrétions, parfois pathologiques, qu’elles croient normales. D’autres consultent pour un écoulement, alors qu’on ne voit rien. La conception du « normal » et de « l’anormal » se transmet souvent de inère à fille.
Quand on humidifie une serviette par jour, à longueur de vie, c’est trop, ce n’est pas normal. Mouiller un peu son slip n’est ni anormal ni dramatique mais doit inciter à consulter, dès lors qu’on est gênée! De loute façon, une femme devrait voir un gynécologue lous les trois ans et, idéalement, chaque année à partir des premiers signes de pré-ménopause.
Mais il y a, là aussi, un support psychique, et le médecin a parfois du mal à distinguer entre des pertes abondantes par excès d’estrogènes et des pertes considérées comme excessives par des angoissées, centrées sur leurs fonctions gynécologiques. Il doit alors naviguer entre deux écueils; traiter l’écoulemënt comme « psychique » cl ne rien prescrire localement, ou méconnaître le terrain anxieux et multiplier les traitements agressifs.
Quand il y a perte excessive, non infectieuse, par déséquilibre en estrogènes, le traitement hormonal, nécessaire, est facile à suivre, contrairement aux traitements que l’on fait pour reculer la ménopause, ou après une opération pour fibrome. Il n’est pas besoin de suivre la patiente tous les six mois, de faire des dosages, de réadapter les doses.
Dans certains cas, il n’y a pas trop de sécrétions mais au contraire trop peu. Ces sécheresses locales ont un gros support psychosomatique, et un entretien bien conduit peut aider, parfois soutenu par une petite homéothérapie a minima.
Un entretien est nécessaire aussi quand les écoulements, sans être excessifs, sont mal vécus par la patiente.
Une hygiène stricte de cette région délicate et fragile doit accompagner tout traitement: toilette locale matin et soir avec un savon neutre, dans une position qui facilite le drainage et permet d’atteindre tous les sillons: rinçage à l’eau claire et séchage sans frotter, par tamponnements, suffisent parfois à rendre les écoulements supportables.