Les conséquences de la dépression du post-partum paternelle
Tout comme la femme, l’homme atteint de DPP traverse des moments de profonde détresse. Isolé, sans soutien, il se sent incapable d assumer son rôle d’époux et de père. La dépression se répercute sur sa vie relationnelle, en particulier avec sa femme et son ou ses enfant(s).
Les conséquences sur le couple
Les relations de couple sont affectées, tant sur le plan émotionnel que sexuel. Le jeune père déprimé se distancie de sa partenaire ; des tensions et des conflits apparaissent, aggravés par l’absence d’empathie manifestée par l’homme déprimé pour sa partenaire. Une certaine forme de violence est fréquemment présente dans la relation et se manifeste de différentes manières : évitement de la relation, rupture de communication, violence verbale ou physique. Ces différentes formes de violence sont encore plus marquées lorsque l’homme cherche à apaiser sa souffrance en se réfugiant dans l’alcool. L’effet euphorisant ou apaisant de l’alcool n est que de courte durée et cède rapidement la place à des phénomènes délétères : irritabilité accrue, impulsivité, aggravation de la dépression. Le risque de dépendance n’est pas négligeable.
Sur le plan de la sexualité, la dépression est à l’origine d’une diminution voire d une disparition du désir, tant chez l’homme que chez la femme. Les troubles de l’érection sont fréquents et renforcent le sentiment d’auto dévalorisation dû à la dépression La période de la paternité coïncide avec une baisse des rapport sexuels dans le couple en termes de satisfaction et de fréquence. La majorité des changements apparaît avec la grossesse et s’accentue après l’accouchement. Tant l’homme que la femme peuvent être à l’origine de ces changements : douleurs consécutives à l’accouchement ou baisse momentanée du désir chez la femme : crainte ou dégoût face aux organes sexuels féminins déformés par la naissance chez l’homme. C’est parfois à ce moment que naît, chez ce dernier, l’envie d’avoir une expérience sexuelle avec une autre femme. Ce désir peut se traduire par des fantasmes, des comportements masturbatoires ou des relations extraconjugales.
Les conséquences sur l’entant
Commençons par comprendre le rôle que joue le père dans le développement de l’enfant. Durant les premières semaines de vie de l’enfant, toute l’attention de la mère se concentre sur son bébé et ses besoins. Ce lien quasi fusionnel est essentiel pour assurer la transition de la vie intra-utérine de totale dépendance du bébé, à la vie «aérienne» où il n’accédera que très progressivement à l’autonomie. Cette période peut être difficile à vivre pour l’homme qui perd sa position privilégiée auprès de sa femme et qui peut se sentir exclu de la relation forte qu’elle entretient avec le nouveau-né. Dans ce premier temps, c’est surtout à travers l’appui émotionnel et pratique à sa femme qu’il entre dans sa nouvelle fonction de père. Sa présence, son soutien et sa compréhension sont essentiels pour que la jeune mère puisse se sentir suffisamment disponible pour son bébé.
Peu à peu, le père prend une part plus active dans les soins à l’enfant. Il joue également un rôle crucial en reprenant progressivement sa place d’époux auprès de sa femme, en lui rappelant qu’elle n’est pas qu’une mère et en l’aidant à se retirer du lien exclusif qu’elle a avec son bébé. Il aide l’enfant à réaliser que sa mère existe aussi autrement qu’à travers lui. C’est le père qui ouvre l’enfant au monde extérieur, au désir de découvrir, d explorer. Brazelton et d autres chercheurs ont observé que les interactions du père avec le bébé avaient des caractéristiques différentes de celles de la mère. Plus stimulantes, plus ludiques, plus audacieuses, les attitudes du père favorisent l’indépendance et la saine agressivité de lenfant. Le bébé distingue très tôt son père de sa mère ; son attitude et ses attentes changent selon qu’il est face à l’un ou à l’autre. Par exemple, des études ont montré que dans une situation de jeu avec son père, un nourrisson de trois semaines a un visage plus ludique et des yeux plus ouverts que dans la même situation avec sa mère.
Quelles sont donc les conséquences d une DPP paternelle sur le lien père-enfant et sur le développement de l’enfant?
Au début, l’absence physique ou psychique du père déprimé pèse surtout sur la mère et sa disponibilité auprès de l’enfant. Elle peut se sentir responsable du changement qu’elle perçoit chez son époux et hésiter à s’investir totalement auprès de son enfant pour s’occuper de son mari déprimé. C’est ensuite la triade mère-père- bébé qui peinera à se constituer, laissant l’enfant plus longtemps dans l’illusion que sa mère n’existe que pour lui, que le monde extérieur n’existe pas ou qu’il est sans intérêt. En l’absence d’un autre tiers pouvant réguler la distance entre sa mère et lui, l’enfant manquera de stimulation pour découvrir son environnement, entrer en relation avec les autres et avoir envie de communiquer. Des retards dans l’acquisition de la marche, de la communication ou du langage peuvent en découler.
Dans son étude sur la relation père-enfant, Condon relève que 20% des pères ne ressentent pas d’attachement à leur enfant au moment de l’accouchement. Il met cela sur le compte du stress et de l’angoisse du moment. Cependant, il relève que la dépression du père et la qualité des rapports du couple influencent aussi la qualité de l’attachement. Cela est schématisé dans la figure suivante.
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