Les complément alimentaires
Malgré de belles apparences, un grand nombre de produits alimentaires ou de boissons sont de faible qualité nutritionnelle, en particulier de par leur richesse en ingrédients purifiés ou de par la médiocrité des matières premières utilisées pour leur confection. Par ailleurs, les progrès scientifiques ont permis de mettre en évidence l’importance d’un bon statut nutritionnel en minéraux et micronutriments pour ralentir les processus de vieillissement et l’apparition des pathologies. Avec une alimentation de type occidental, les apports nutritionnels sont généralement loin d’être optimaux. Cette prise de conscience a été particulièrement importante aux Etats-Unis (il est vrai que les défauts de la chaîne alimentaire y sont encore plus prononcés que chez nous). Elle s’est traduite par l’explosion d’un nouveau marché, celui des compléments alimentaires. Au lieu de remettre en question les méthodes de production ou les modes alimentaires, un marché supplémentaire a été créé pour pallier les insuffisances de la chaîne alimentaire. Si cette approche était efficace, elle pourrait être justifiée, mais il s’agit d’une démarche approximative souvent inutile, parfois dangereuse et difficile à gérer sur le long terme. Évidemment, l’administration de minéraux, de vitamines ou de micronutriments divers peut être bénéfique chez des sujets carencés, mais il faut aussi améliorer le régime de ces personnes mal nourries. À l’échelle d’une vie, seule une alimentation équilibrée selon les bases de la nutrition préventive assure une protection durable de l’organisme.
Pour mettre en valeur leur bricolage nutritionnel, les producteurs de compléments ont créé des néologismes tels que nutraceutiques ou alicaments pour signifier que ces produits sont à la frontière de l’aliment et du médicament, qu’ils ont des effets physiologiques beaucoup plus puissants que de simples aliments.
Le développement et l’évolution de la chaîne alimentaire ont été réalisés sans contraintes nutritionnelles claires, si ce n’est du point de vue de la sécurité sanitaire. L’erreur majeure des nutritionnistes du xxe siècle aura été de croire que l’on pouvait extraire des ingrédients énergétiques, les utiliser en abondance sans conséquences négatives pour la santé. L’imprécision de la démarche suivie en nutrition humaine contraste avec l’esprit de rigueur qui a guidé les ingénieurs de l’alimentation animale. En nutrition animale, l’utilisation des ingrédients purifiés est beaucoup plus rare, et les apports énergétiques sont toujours ajustés par une addition adéquate de minéraux et de vitamines.
Les processus de dévalorisation alimentaire de la chaîne industrielle ont déjà eu des conséquences étonnantes sur l’homme avec l’explosion de l’obésité et du diabète de par le monde. Il est urgent, après cette transition nutritionnelle, d’amorcer l’entrée dans un nouvel âge alimentaire où l’homme saura bénéficier des potentialités d’une alimentation très élaborée et conçue pour être en équilibre avec l’environnement naturel.