Le vieillissement est d'abord une question démographique
L’espèce humaine a introduit dans son écosystème de nombreux déséquilibres. L’un des plus flagrants apparaît dans son évolution démographique. En même temps qu’ils colonisaient toutes les terres habitables, les membres de notre espèce se multipliaient a tel point qu’a l’heure actuelle de nombreux spécialistes et institutions internationales tiennent des propos alarmistes quant au devenir de l’être humain.
L’humanité atteint son premier milliard d’habitants en 1801, son deuxième en 1925 soit en cent vingt-quatre ans, son troisième en 1959 soit en trente- quatre ans, son quatrième en 1974 soit en quinze ans, son cinquième en 1986 soit en douze ans, et dorénavant la Terre se peuple d’un milliard d’habitants supplémentaires tous les dix a douze ans. On peut ainsi prévoir que nous serons dix milliards d’êtres humains en 2040.
Les causes de cet « emballement» démographique, unique dans l’histoire des primates, sont bien connues. Pendant des millénaires, mortalité et fécondité se sont presque équilibrées avec un léger gain pour la vie. Cet équilibre a été rompu essentiellement pour deux raisons qui sont les conséquences de l’industrialisation. La première est la chute vertigineuse de la mortalité infantile par la quasi-éradication des maladies infectieuses. La seconde est une augmentation, tout aussi impressionnante, de la longévité. L’espérance de vie n’a cesse de croître depuis le XVIIIe siècle dans les pays qui vont connaitre la grande révolution industrielle. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’espérance de vie n n’excédait pas 30 ans. En 1956, elle était de 66 ans dans les pays développés, et de 41 ans dans les pays en voie de développement. Elle est a l’heure actuelle de l’ordre de 74 ans dans les pays industriels et de l’ordre de 50 ans (avec d énormes disparités) dans les pays en voie de développement.
L’ensemble de ce phénomène complexe contient deux éléments importants pour notre propos. Le premier est qu’il s’accompagne d’une tendance probablement irréversible de vieillissement de la population. En effet, au niveau mondial, une étude comparative des pyramides des âges révèle qu’en 1975, trois cent cinquante millions d’êtres humains avaient plus de 60 ans. Les prévisions, qui se vérifient d’ailleurs d’année en année, nous informent que jette catégorie comprendra cinq cent quatre-vingt-dix millions d’individus en l’an 2000 et un milliard en 2010. En l’an 2000, les personnes de plus de 60 ans représenteront entre 18 % et 20 % de la population européenne.
Le second élément est la différence systématique, quels que soient les pays, entre les hommes et les femmes. En effet, les femmes témoignent d’une espérance de vie supérieure à celle des hommes. En Allemagne, la différence est de 6,5 ans, en Grande-Bretagne de 5,7 ans, aux Pays-Bas de 6,6 ans et en Suède de 6 ans. En ce qui concerne la France, la différence est de 8,2 ans, [‘espérance de vie des hommes étant de 74 ans et celle des femmes de 82 ans. Ce phénomène est observé dans les pays riches comme dans les pays pauvres.
Cette présentation de ces quelques données démographiques contextualité e problème du vieillissement. Tous les niveaux de notre société sont concernés par ce phénomène. Au plan économique, cela se traduit et se traduira par une augmentation continue du nombre de retraités. Au plan social, toute ; infrastructure des systèmes de protection doit et devra s’adapter. Au plan culturel, de profondes modifications apparaissent et apparaîtront de par 1’augmentation du temps des loisirs. Aux plans médical, biologique et psychologique, les chercheurs sont et seront amenés, tant pour des raisons théoriques que pratiques, à étudier de façon intense le vieillissement afin de mieux comprendre ses mécanismes. A un plan plus général, l’enjeu fondamental est de permettre aux gens non seulement de mourir le plus vieux possible, mais aussi de vivre une vieillesse réussie.