Le vieillissement de la personnalité
Définir la personnalité est une entreprise aussi périlleuse que celle de définir l’intelligence. On dit souvent de telle ou telle personne qu’«elle a» ou qu’«elle n’a pas» de personnalité. On veut signifier par là qu’on établit spontanément une hiérarchie dans les personnalités. Tel trait tel que la douceur pourra être valorisé s’il s’agit d’une femme et au contraire sujet à moquerie s’il s’agit d’un homme. L’évaluation des personnalités les unes par rapport aux autres relève donc de ce que les psychosociologues appellent les stéréotypes sociaux qui sont relatifs aux cultures et aux milieux sociaux.
Pour un psychologue, tout individu a une personnalité. Il s’agit de notre mode de penser, de ressentir, d’agir ou de réagir dans les situations quotidiennes. On dit parfois d’une personne que l’on croyait totalement sans surprise pour nous qu’elle a réagi de telle ou telle manière dans une situation précise et que l’on en a été surpris, «on ne la voyait pas comme cela». Cela signifie que l’on s’attend ou que l’on prédit que la personne réagira de cette façon parce qu’elle possède tel(s) trait(s) de personnalité. Cela fait ressortir la double face de la personnalité : elle est individuelle et elle est sociale. Nous avons une représentation de ce que nous sommes et nous avons une représentation de ce que nous pensons que les autres pensent de nous. On utilise donc comme outils d’évaluation aussi bien des auto-questionnaires (la personne évalue elle-même sa personnalité) que des questionnaires passés par l’entourage. Selon Borkenau et Liebler (1993), une bonne convergence des résultats apparaît entre ces deux outils. La conclusion serait donc que pour la majorité des individus ce que nous pensons de nous est proche de ce que les autres pensent de nous.
La personnalité est une structure, une organisation ou encore un intégrateur des conduites. Le mot intégration évoque l’existence d’un tout organisé, dont les unités entretiennent des relations cohérentes, ce qui permet la poursuite d’une fin commune. L’intégration fonctionne au niveau d’un ensemble de représentations, ce qui amène l’individu à adopter des conduites relativement prévisibles pour son entourage.
L’étude du vieillissement de la personnalité revient donc à la question de la stabilité et des changements de cette structure ou de cet intégrateur au cours de la vie (Gana, 1996). Comme pour l’intelligence, nous sommes donc amenés à présenter les aspects qui résistent et ceux qui ne résistent pas à l’âge.