Le travail est devenu plus intéressant, mais plus stressant
Le travail est devenu plus intéressant, mais plus stressant
Les entreprises doivent faire face à toujours plus de concurrence avec un objectif : toujours plus de productivité. Selon Philippe Askenazy, « les nouvelles clés de la compétitivité passent par l’adaptation permanente et la qualité des biens et services produits.
Le travail doit en conséquence s’organiser à partir d’une exigence de réactivité, de souplesse et de flexibilité ».
Paul, cadre dans une entreprise de services bancaires, témoigne :
« Mon travail a beaucoup changé en dix ans. Avant je n’étais que cadre junior dans l’entreprise, mais j’avais une assistante qui dactylographiait mon courrier et mes rapports. Maintenant c’est moi qui fais tout ! Je vais même jusqu’à réserver mes billets de train ou d’avion et je prépare moi-même les contrats. Quant aux clients ils ont mon portable et mon mail… Je fais aussi des choses plus intéressantes et j’ai moins de chefs qu’avant : je suis beaucoup plus autonome et je traite souvent directement avec les clients pour certaines de leurs demandes. Mon travail est plus riche mais je suis aussi souvent sous pression ! »
Idem pour Jacques qui est chef de rayon dans un supermarché. Maintenant c’est lui qui traite directement avec ses fournisseurs locaux, mais c’est aussi lui qui porte les colis pour regarnir le rayon s’il le faut, son équipe étant souvent surbookée !
Cette pression très liée à la demande des clients, c’est ce que Philippe Askenazy appelle le « productivisme réactif ». Ce nouveau mode d’organisation peut être positif, s’il « est source d’intellectualisation, de polyvalence, de mise en responsabilité des travailleurs, et donc a priori d’enrichissement du travail ».
Mais cet enrichissement s’est accompagné de contraintes physiques et mentales liées à une intensification du travail. On demande maintenant beaucoup aux travailleurs : polyvalence, poly- compétence, flexibilité, travail autogéré, juste à temps, satisfaction totale du client, qualité zéro défauts, utilisation intensive des technologies de communication… et bien sûr en plus le sourire !
Ce haut degré d’exigence provoque des tensions psychiques et physiques terribles. Et cela touche toutes les fonctions et tous les secteurs, industriels et tertiaires. Ces souffrances sont très variées et en voici une idée pour l’Europe :
— 69 % des personnes au travail se plaignent d’un rythme très exigeant imposé par la demande du client;
— 56 % d’un rythme de travail très élevé pendant plus du quart de leur temps de travail ;
— 40 % d’un travail monotone,
— 20 % se plaignent encore d’un rythme infernal dicté par des machines ou par le flux des produits ;
— 9 % de harcèlement et d’intimidation;
— 4 % de violences physiques ;
— 2 % de harcèlement sexuel.
Les conséquences sont lourdes. Les maladies professionnelles ont été multipliées par 13 en dix ans et les accidents du travail avec arrêt ont augmenté de 13 % entre 1997 et 2000 Le stress est à lui seul responsable de 50 à 60 % des journées de travail perdues (ce qui correspond à quatre jours de travail par salarié par an). Le « dopage » (médicaments, drogues ou compléments) se développe et les salariés se démotivent. 48 % des cadres signalent ainsi une baisse de leur motivation.
Vidéo:Le travail est devenu plus intéressant, mais plus stressant
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