Le mental anticancer : Le sourire de Michael
Pour moi, ce fut le regard d’un ami. Après ma rechute, et au terme d’une longue année de chimiothérapie, j’ai moi aussi commencé à perdre pied. J’avais dû cesser de travailler, n’ayant plus la force physique de diriger de front mon service de psychiatrie et le centre de médecine intégrée à l’université, ni même de continuer de recevoir des patients. Anna et moi n’étions plus d’accord sur rien dans la façon d’élever notre fils. Les tensions causées par cette dissension étaient telles qu’elle avait finalement accepté d’entamer une thérapie de couple. Peut-être à cause du stress de ma maladie qui rendait difficiles les compromis, nous n’avions pas réussi à sauver notre mariage et nous nous dirigions tout droit vers la séparation. Sans ma femme et mon fils que j’avais adorés, sans mon travail qui me donnait envie de me lever tous les matins, avec ma santé en miettes, je sentais que la vie me filait entre les doigts. Je craignais que cela n’annule en partie les bienfaits attendus du traitement. C’est à cette époque que j’ai rencontré Michael Lemer.
Michael n’est pas médecin mais psychothérapeute et responsable de plusieurs ONG. Ancien professeur de sociologie ù l’université de Yale, fondateur du centre Commonweal pour le cancer en Californie, et auteur d’un livre capital sur les différentes manières d’aborder la maladie, il est devenu l’un des plus grands penseurs américains qui se soient penchés sur le lien entre la médecine et l’individu dans le monde moderne. Fort de son expérience avec des centaines de patients venus participer à des retraites, il m’a posé quelques questions clés. Au lieu de se focaliser sur ce qui n’allait pas, il m’a fait parler de ce qui me donnait le plus de satisfaction. Quelle était la « musique de vie » sur laquelle j’avais le plus envie de danser ? Et quelle était la « chanson », unique, personnelle, que je voulais être sûr d’avoir chanté une fois au moins dans ma vie ?
En entendant ces questions à la fois directes et pleines de tact, j’ai senti mon cœur battre un peu plus vite. J’ai parlé avec un brin d’hésitation du projet auquel je pensais – et aussi de la crainte qu’il s’agisse au fond d’un fantasme présomptueux. Je m’imaginais parfois écrivant moi aussi un livre sur ce que j’avais appris comme scientifique en utilisant les méthodes naturelles de traitement de la dépression et de l’anxiété. Mais je n’avais jamais écrit de livre et cette ambition me paraissait hors d’atteinte, surtout dans l’état de fatigue où je me trouvais au bout d’un an de traitement. En relevant les yeux, j’ai vu son regard souriant fixé sur moi. Il était content. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. « David, a-t-il repris, je ne sais pas ce que tu dois faire d’autre dans ta vie, mais je sais que ce livre-là, tu dois l’écrire. » Peu de temps après, accompagné par les mots et le sourire de Michael, je me suis mis à l’écriture. Et comme Marie, j’ai moi aussi trouvé mon chemin en écrivant mon premier livre. Tel un chaman, Michael avait réussi à attiser à nouveau la petite flamme de vie qui, quelques mois plus tôt, s’était mise à vaciller au fond de moi…
Vidéo : Le mental anticancer : Le sourire de Michael
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