Le mental anticancer : Le rosaire et le mantra
Depuis quinze ans, le docteur Luciano Bemardi, de l’université de Pavie en Italie, s’intéressait aux rythmes autonomes du corps qui forment la base de la physiologie : le rythme de la respiration, les variations du rythme cardiaque – qui accélère ou ralentit d’un battement à l’autre et selon les moments de la journée -, les montées et descentes de la tension artérielle, et même les variations de flux et reflux du sang vers le cerveau. Il savait qu’un bon équilibre de ces différents biorythmes est le meilleur indicateur de bonne santé que l’on connaisse, capable de prédire la survie à quarante ans de distance selon certaines études. Plus leurs variations sont amples et régulières, plus les fonctions du corps produisent une pulsation qui semble être l’expression même de la vie. Le docteur Bemardi traquait les conditions qui pouvaient entraîner une désorganisation temporaire de ces rythmes, et étudiait la façon dont l’organisme rétablissait ensuite son équilibre. Pour cela, il faisait faire à ses sujets des exercices comme du calcul mental ou de la lecture à voix haute, tout en mesurant les microvariations des battements du cœur, de la tension artérielle, du flux sanguin vers le cerveau, et de la respiration. Il put ainsi noter que le moindre exercice mental se répercutait immédiatement sur les rythmes, qui réagissaient en s’adaptant à cet effort, fût-il minime. Mais la grande surprise vint de ce que l’on appelle la condition « de contrôle », ou « neutre ».
Afin de mesurer les modifications physiologiques déclenchées par les exercices mentaux, il faut les comparer à une condition dite neutre – c’est-à-dire où les sujets parlent, mais sans effort mental. Dans cette expérience, la condition neutre consistait à faire réciter aux sujets un texte connu par cœur dont l’articulation n’exigeait aucune attention. Comme ils étaient en Lombardie, il avait tout naturellement pensé à leur faire réciter… le rosaire.
Lorsque les cobayes du docteur Bemardi se mirent à réciter une litanie d’Ave Maria en latin, les appareils enregistrèrent un phénomène totalement inattendu : tous les rythmes biologiques mesurés entrèrent en résonance. Ils s’alignaient tous les uns sur les autres, s’amplifiaient mutuellement et finissaient par s’harmoniser ! Loin de croire à un miracle, le docteur Bemardi découvrit une explication aussi simple qu’essentielle : en Italie, l’assemblée récite le rosaire en alternance avec le prêtre. Chaque énonciation se fait en une seule expiration, l’inspiration suivante se faisant pendant le tour du prêtre. Les sujets avaient tout naturellement adopté ce rythme qui leur était habituel. Ce faisant, ils s’étaient calés mécaniquement – et sans en avoir conscience – sur une fréquence de six respirations par minute. Or, il s’agit précisément du rythme naturel de fluctuation des autres fonctions qu’il se proposait de mesurer (cœur, tension artérielle, flux sanguin dans le cerveau), et du coup elles étaient toutes entrées en résonance. Elles se renforçaient même mutuellement comme lorsque, assis sur une balançoire, on projette ses jambes en avant en cadence afin d’augmenter l’amplitude des oscillations.
Piqué dans sa curiosité, Luciano Bemardi se dit que si Y Ave Maria avait cette capacité de moduler la physiologie en profondeur, d’autres pratiques religieuses devaient avoir un effet comparable. Surtout celles qui placent la conscience du corps au centre de la quête spirituelle, comme l’hindouisme et le bouddhisme. Bemardi prolongea donc l’expérience initiale en faisant apprendre à des personnes qui n’avaient jamais pratiqué de discipline orientale le mantra le plus connu de tout le bouddhisme : « Om-Mani-Padme-Hum ». Comme dans le yoga, les nouveaux sujets avaient appris à le réciter en faisant vibrer chaque syllabe et en laissant porter leur voix pour ressentir les vibrations, puis en accompagnant l’expiration jusqu’à ce qu’ils aient à nouveau envie d’inspirer pour la répétition suivante. Bemardi observa exactement les mêmes résultats qu’avec Y Ave Maria : la respiration se calait d’elle- même sur un rythme de six par minute, et l’harmonisation – la « cohérence » – des autres rythmes biologiques s’opérait de la même façon ! Intrigué, Bemardi se demanda si cette correspondance inattendue entre des pratiques religieuses aussi distantes n’était pas due à des racines historiques communes. De fait, il semblerait que la pratique du rosaire ait été introduite en Europe par les croisés, qui la tenaient des Arabes, eux- mêmes l’ayant obtenue des moines tibétains et des maîtres de yoga en Inde. La découverte de l’harmonisation des rythmes biologiques pour le bien-être et la santé remonte donc aux temps les plus reculés.
En 2006, Julian Thayer et Esther Sternberg, chercheurs à l’université de l’Ohio et à l’institut national de la santé américain, ont publié dans Annals of the New York Academy of Sciences une revue de toutes les études portant sur l’amplitude des rythmes biologiques. Ils concluent que tout ce qui les
amplifie est associé à de nombreux bienfaits pour la santé. En particulier :
- un meilleur fonctionnement du système immunitaire ;
- une réduction de l’inflammation ;
- un meilleur contrôle du taux de sucre dans le sang.
Or, ce sont trois des principaux facteurs qui agissent contre le développement du cancer !
Entre la naissance, où l’amplitude des rythmes est la plus forte, et l’approche de la mort, où elle est la plus basse, nous perdons environ 3 % de variabilité par an. C’est le signe que notre physiologie perd progressivement de sa souplesse, qu’elle a de plus en plus de mal à trouver son équilibre face aux aléas de notre environnement physique et émotionnel. L’affaiblissement de cet équilibre dans les fonctions du corps est associé à l’ensemble des problèmes de santé liés au vieillissement : l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, les complications du diabète, l’infarctus, la mort subite et, bien sûr, le cancer. Mais il se trouve que cet équilibre – qu’on peut évaluer aisément en mesurant l’amplitude des variations des battements du cœur – est aussi une des fonctions biologiques qui répondent le mieux à l’entraînement mental portant sur la respiration et la concentration . C’est exactement ce qu’a découvert le docteur Bemardi en montrant l’impact de pratiques aussi anciennes qu’un mantra bouddhique ou le rosaire marial.
Comme les sujets du docteur Bemardi, nous avons tous la possibilité d’influer sur un des paramètres les plus importants de l’équilibre du corps. Certains le feront par la récitation d’un mantra ou d’une prière. Pour le plus grand nombre, il est possible de le faire simplement en orientant l’attention vers l’intérieur.
Vidéo : Le mental anticancer : Le rosaire et le mantra
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