Le mécanisme du plaisir
Galanterie oblige : on ne devrait jamais parler de sexualité n e sans commencer par la femme. Pourtant, des millénaires «le machisme ont toujours donné la priorité à l’homme, ce mâle égoïste. Les plus modernes traités de sexologie n’échappent pas à la règle : iis s’intéressent d’abord aux moyens de préserver la précieuse virilité. Or, il ne s’agit pas seulement là «l’un manque de courtoisie, mais aussi d’une erreur funeste, car la sexualité masculine perd sa raison d’être dès que l’on néglige celle de la femme, son indispensable complément, plus sûr encore, le vrai plaisir de l’homme ne s’épanouit vraiment que dans celui de la femme. La réciproque n’est pas toujours vraie. Donc, priorité aux dames !
Les spécialistes sont unanimes à admettre que la sexualité des femmes est totalement différente de celle des hommes. L’homme peut très rapidement, parfois même trop rapidement, accéder au plaisir. La femme, elle, est beaucoup plus lente, beaucoup plus cérébrale. L’apothéose de son plaisir – l’orgasme – peut être soudain bloqué par un bruit insolite, un geste un peu brusque de son partenaire. Conséquence : il est exceptionnel que les deux partenaires atteignent la jouissance au même instant et il est traumatisant de vouloir absolument atteindre cette simultanéité. Car cette obsession est trop souvent cause d’un sentiment d’échec. L’important, c’est que l’un et l’autre parviennent à l’orgasme, même à quelques minutes d’intervalle.
L’harmonie sexuelle du couple repose d’abord sur un minimum de connaissance des mécanismes physiologiques du plaisir féminin. Les célèbres sexologues américains, Masters et Johnson, nous ont depuis longtemps appris que l’acte charnel devait commencer par une phase de caresses,
les deux partenaires jouant successivement le rôle de « caresseur » et de « caressé », jamais les deux en même temps. Ces caresses doivent, dans un premier temps, être exclusivement sensuelles et porter sur le visage, le cou, les épaules, les bras, les jambes, le dos, puis, dans un second temps, sensuelles et sexuelles, s’appliquant progressivement au torse, aux seins, aux fesses, au ventre, puis au sexe.
À ce propos, il faut en finir avec la distinction entre sen subtilité vaginale et clitoridienne, notions que Freud avait opposées au début du siècle et qui sont aujourd’hui totalement dépassées, ainsi que le démontrent les études scientifiques les plus récentes. Le plaisir de la femme est à la fois vaginal et clitoridien. Il en va de même pour le fameux « Point G », inventé par l’Américain Grâfenberg, et dont la stimulation provoquerait automatiquement l’orgasme. L’existence de ce point, qui se situerait sur la paroi antérieure du vagin, au-dessus du clitoris, n’a jamais été démontrée avec certitude. En fait, les sexologues s’accordent maintenant à reconnaître que toutes les zones vaginales peuvent réagir aux caresses érotiques.
Ce sont ces caresses qui déclenchent l’excitation chez la femme, s’accompagnant d’une dilatation et d’une lubrification du vagin, phénomène correspondant à l’érection du sexe de l’homme, qu’il s’apprête ainsi à recevoir.
Commence alors l’acte sexuel proprement dit, le coït : pénétration répétée pendant plusieurs minutes, le plus longtemps possible, jusqu’à l’orgasme, cette secousse qui accompagne l’éjaculation chez l’homme, et qui se manifeste chez la femme par des contractions vaginales plus ou moins intenses, tandis que le corps tout entier est secoué d’une sorte de spasme. Cette félicité sexuelle féminine, contrairement à ce qui se passe chez l’homme, peut s’exprimer par plusieurs orgasmes successifs. Elle est beaucoup plus fréquente qu’on ne le croit généralement. Les sexologues admettent que plus de 90 % des femmes en font la douce expérience, mais pas systématiquement à chaque acte sexuel, ni aussi intensément chaque fois. Certes il y a des échecs, dus aux maladresses de l’un des partenaires, ou au comportement des deux à la fois. Mais ces échecs peuvent aussi avoir d’autres causes, souvent pathologiques, relevant par conséquent de la médecine.