Le droit d'être bien nourri : Assurer les besoins de convivialité
L’aspiration la plus fondamentale, liée à la prise alimentaire, concerne le plaisir affectif que l’homme trouve à partager son repas avec d’autres, des parents, des amis, des collègues ou même des inconnus. Cette aspiration profondément humaine est résumée par le thème de convivialité. Puisque cette convivialité est profondément inscrite dans l’homme, qu’il en a un besoin indispensable, qu’il en tire un réconfort essentiel, la production alimentaire aurait dû être conçue, organisée jusque dans ses moindres détails pour l’épanouissement humain à travers le besoin de partage alimentaire inscrit dans nos gènes de primates évolués.
On a surtout analysé la transition nutritionnelle de la seconde moitié du xxe siècle sous l’angle de la modification de la nature des aliments ou des nutriments ingérés, du passage des aliments bruts aux aliments transformés et empaquetés. Les conséquences de cette transition nutritionnelle n’ont pas suffisamment été abordées sous l’angle de la destruction de la convivialité. Certes, la sédentarité, les excès de sucre et de gras, les frigos bien garnis ont joué un rôle direct dans le développement de l’obésité, mais une large déstructuration des repas et une mauvaise prise en compte de la dimension conviviale de l’alimentation ont fortement contribué à l’amplification de cette épidémie mondiale.
L’approche dominante du secteur agroalimentaire a été de confectionner des aliments et des boissons avec une conservation le plus longue possible afin que chaque consommateur puisse en disposer en permanence. Ainsi, même si l’individu ne fait aucun
effort pour préparer ou partager un repas, il dispose à volonté aliments caloriques dont les plus caricaturaux sont disponibles chez les marchands de journaux et les stations-service. Dans un esprit de santé publique, et de bien-être sociétal, il serait forment souhaitable que l’offre agroalimentaire contribue à favoriser la convivialité plutôt que les pratiques de consommation individuelle.