Le botulisme
Définition :
Le botulisme est une maladie grave pouvant être mortelle, mais qui reste relativement rare, elle est provoquée par une toxine extrêmement puissante appelée la toxine botulique synthétisée dans les aliments par une bactérie, Clostridium botulinum. Cette bactérie sporule (c’est-à-dire qu’elle se transforme en une forme de résistance dans le milieu extérieur : les spores) et dès qu’elle se trouve dans des conditions favorables, surtout dans des aliments mal préparés, elles se multiplient et synthétise la toxine botulique qui provoque la maladie : c’est une toxi-infection alimentaire. Mais cette intoxication peut passer par le biais d’une blessure ou par colonisation de l’intestin chez l’enfant.
Circonstances de la contamination :
A la base, le Clostridium botulinum est présent dans le sol et le sable ainsi que dans l’organisme de nombreux animaux. La consommation de conserves familiales mal préparées représente le mécanisme de contamination le plus courant. La toxine botulique est, en effet, résistante à l’ébullition quand elle est inferieure à 120°, au sel, au vinaigre et à la fumaison qui sont les procédés de conservation domestique les plus utilisés. Néanmoins, des contaminations par des conserves d’origine industrielle ont été rapportées.
Selon le mode de contamination par la toxine botulique, l’OMS a défini 6 types de botulisme :
- Botulisme alimentaire : mécanisme déjà décrit
- Botulisme par inhalation : les symptômes neurologiques peuvent être identiques à ceux du botulisme alimentaire, mais avec une incubation éventuellement plus longue.
- Botulisme par inoculation : maladie rare due à la contamination d’une plaie ouverte par des spores
- Botulisme infantile : rare, il survient quand un nourrisson ingère des spores qui germent et donnent des bactéries se reproduisant dans l’intestin et libérant la toxine
- Botulisme à transmission hydrique : intoxication par consommation d’eau contaminée
- Le botulisme d’origine inconnue : touche en général des adultes, sans que l’alimentation ou une plaie puisse en expliquer la cause
Les toxines botulique :
La toxine botulique est le poison le plus puissant au monde, elle est 40.000.000 de fois plus puissante que le cyanure. 1 mg de toxine botulique suffirait à causer la mort de 30 à 40 milliards de souris (l’équivalent d’une piscine olympique remplie de souris)
Dans la nature, à l’heure actuelle, on connait 7 types de Clostridium botulinum classée selon le ou les types de toxines qu’ils secrètent parmi les sept toxines botuliques connues (A, B, C, D, E, F et G). Quatre d’entre ces toxines (les types A, B, E et rarement F) sont pathogènes pour l’homme, le reste (c’est-à-dire les types C, D et G) provoquent des maladies chez les mammifères, les oiseaux et les poissons.
La forme la plus grave de botulisme est le botulisme de type A car la toxine botulique de type A est la plus actives parmi toutes les toxines botuliques connues. Dans cette forme le risque de mortalité est le plus élevé.
Le mécanisme d’action de la toxine botulique est assez simple à comprendre. En effet, la toxine agit par inhibition de la libération d’acétylcholine qui est le neuromédiateur qui assure la contraction musculaire et le fonctionnement d’une partie du système nerveux qui s’appelle le système nerveux parasympathique. Les manifestations de l’intoxication botulique découlent du blocage réalisé à ces 2 niveaux.
Symptôme de botulisme :
La période d’incubation (c’est-à-dire le délai entre la consommation du produit contaminé et l’apparition des premiers symptômes) est en moyenne de 6 à 36 heures, mais cela varie avec un minimum de 4h et un maximum de 8 jours. Les symptômes selon l’ordre chronologique moyen d’apparition sont :
- une asthénie marquée, une sensation de faiblesse et des vertiges
- troubles visuels, la sécheresse buccale et les troubles de l’élocution et de la déglutition
- parfois on observe des vomissements, de la diarrhée ou de la constipation et un ventre ballonné
- l’évolution de la maladie se fait vers une faiblesse du cou et des bras avant de toucher les muscles respiratoires et ceux du bas du corps. La paralysie peut rendre la respiration difficile
Il est à noter l’absence de fièvre et de perte de connaissance.
La prévention :
- L’hygiène et la bonne préparation des aliments
- La réfrigération, associée à une teneur suffisante en sel ou un milieu acide, permet d’éviter le développement des bactéries et de la toxine
- Si l’on soupçonne une exposition par l’intermédiaire d’un aérosol, le patient doit enlever ses vêtements, afin d’éviter à lui-même et aux agents soignants de nouvelles expositions
- Il faut prélever immédiatement des échantillons d’eau et d’aliments en relation avec les cas suspects les envoyer, après conservation correcte, à un laboratoire de référence pour éviter de nouveaux cas
Le traitement du botulisme :
Une fois le diagnostic posé, le traitement de l’intoxication botulique repose sur l’administration d’antitoxine le plus rapidement possible. En cas d’intoxications graves le recours au traitement symptomatique et aux moyens de réanimation peut s’avérer nécessaire (ventilation assistée par exemple…)
Utilisation de la toxine botulique :
Esthétique :
La toxine botulique est utilisée sous forme de micro-injections à très faible dose au niveau de la face pour provoquer des paralysies musculaires ciblées ce qui donne un relâchement de ces muscles et par conséquent une atténuation des rides d’expression (cet effet dure de 5 à 6 mois). La forme thérapeutique de la toxine botulique appelée Botox® a trouvé un énorme succès surtout aux Etats Unis et ses injections sont devenues très rapidement la première intervention en médecine cosmétique.
Dystonie :
C’est à la fois un symptôme et le nom d’un groupe de maladies, appelées dystonies. Le symptôme, ou la manifestation physique, correspond à des contractions prolongées, involontaires des muscles d’une ou de plusieurs parties du corps, entraînant souvent une torsion ou une distorsion de cette partie du corps. La toxine botulique a une action très efficace sur les troubles de la motricité et surtout sur la spasticité réduisant ainsi les contractions excessives liées à la maladie.
L’hyperhydrose :
C’est la maladie de la transpiration excessive, le Botox® est utilisé actuellement dans le traitement de ce trouble.
Syndrome CHARGE :
C’est un syndrome caractérisé par une hypersécrétion salivaire induite par une maladie génétique très rare, le Botox® a fait ses preuves dans le traitement de nouveaux nés souffrant de cette maladie
Ophtalmologie :
La toxine botulique trouve plusieurs indications dans le cadre des troubles ophtalmologiques :
- Le blépharospasme : c’est une affection consistant en des contractions involontaires des muscles des paupières (fermeture des paupières de façon répétitive et incontrôlée) dont on ne connaît pas la cause.
- Le spasme hémifacial : cela consiste en des contractions anarchiques de la paupière et des autres muscles innervés par le nerf VII (sept).
- Strabisme : c’est le manque de coordination musculaire empêchant la direction convergente des yeux vers un même objet.
La sclérose en plaque :
La toxine botulique est utilisée dans le traitement de la spasticité liée à la sclérose en plaque.