L'avenir de l'esthéticomania
Depuis l’été 2008, 53 % des chirurgiens enregistrés à la Société américaine de chirurgie plastique ont déclaré que leur activité subit les conséquences de la crise économique. Rosa Brooks, journaliste au Los Angeles Times, commente cette information avec un humour pince-sans-rire :
« Cette baisse d’activité peut ne pas vous paraître dramatique mais cette récession se traduit par des milliers d’Américains contraints de renoncer à une liposuccion, à une prothèse mammaire ou à un lifting. Pour lutter contre cette tendance, les chirurgiens utilisent un argument (judicieux en temps de crise) : la valeur économique de la beauté sur le marché du travail. En 2005, une étude de la Banque fédérale de réserve a montré que dans tous les secteurs de l’économie les personnes ayant un physique agréable gagnaient 5 % de plus que celles présentant une apparence très moyenne. Quant aux vraiment laids, ils gagnent environ 9 % de moins que les autres ! »
Le pire, c’est que ce doit être vrai ! Aux États- Unis surtout. En Europe, heureusement, tout le secteur public échappe à cette prime au look : on n’a jamais vu une jolie postière ou une ravissante contrôleuse fiscale gagner davantage, dans le même emploi, qu’un « thon » ! En revanche, il est certain qu’à l’embauche, surtout dans le secteur privé, l’atout « belle gueule » joue en faveur des candidats (hommes ou femmes d’ailleurs) les plus agréables à regarder. Et, sans même parler de la « promotion canapé », il faut également reconnaître que l’apparence joue un rôle non négligeable dans l’ascension professionnelle ; les promotions à l’intérieur des entreprises ne sont pas toutes motivées par des critères objectifs ! L’« image » de l’entreprise serait étroitement liée au physique de ses employés, une véritable intox ! Désormais, même les ministres s’efforcent d’avoir un look télégénique !