L'allergie alimentaire
Qu’est-ce qu’une allergie ?
Le mot allergie vient du grec allos, autre, et ergos, réaction. C’est donc la réaction de l’organisme contre une substance qu’il considère comme étrangère. Il se croit agressé et répond par une réaction d’hypersensibilité. Il se sensibilise au premier contact avec l’aliment, ou l’additif allergisant, et par la suite, il s’exprimera, de façon exagérée, chaque fois qu’il se trouvera en contact avec cette substance, qu’on appelle l’allergène.
Les allergies sont-elles fréquentes ?
L’incidence de l’allergie augmente régulièrement, surtout chez les enfants. On retrouve des tests allergiques alimentaires positifs chez 25 % à 40 % (selon les études) des enfants porteurs d’un eczéma atopique. Par ailleurs, l’asthme des enfants et des nourrissons est plus fréquemment causé par des allergènes alimentaires que par des allergènes respiratoires. La survenue précoce d’allergies alimentaires entraîne une recrudescence des infections ORL de l’enfant, comme des otites, des rhino-pharyngites, des eczémas. Les allergies peuvent aussi être responsables de reflux gastro-œsophagien, lui-même à l’origine d’infection de la sphère ORL à répétition.
Dans la population adulte, on estime que 1 à 3 % de la population présente des allergies alimentaires, avec une prévalence plus marquée pour les femmes.
Les mécanismes de Vallergie alimentaire
Pour constituer une allergie, plusieurs facteurs simultanés se conjuguent:
— un terrain prédisposant (30% des enfants, qui ont un parent allergique, seront également allergiques; 60 % si les deux parents le sont),
—une baisse des défenses de la muqueuse intestinale,
—de mauvaises habitudes alimentaires,
— la rencontre avec un aliment ou un additif allergisant.
C’est cette conjonction de facteurs, souvent complexes, que nous allons main tenant tenter d’expliquer.
Le rôle du système immunitaire
Chez l’adulte sain, la rencontre de l’aliment (antigène) avec la muqueuse digestive entraîne une série de réactions du système immunitaire, situé à ce niveau. Ce système de reconnaissance est naturel. Il se crée une tolérance immunitaire avec l’aliment, naturellement étranger à l’organisme. Cette tolérance met en jeu la production d’immunoglobulines A, qui prévient l’apparition d’une sensibilisation, la mobilisation des lymphocytes T suppresseurs, et les médiateurs hormonaux, qui contrôlent les réactions du système immunitaire.
Mais à la naissance, l’enfant en bonne santé naît avec un système immunitaire quasi déficient, car immature. Il présente un déficit physiologique en IgA : des allergènes peuvent donc facilement traverser la barrière intestinale, passer dans la circulation générale et induire les mécanismes de réactivités allergiques. Pour cette raison, la nature a prévu une concentration abondante d’IgA dans le lait maternel, ce qui permet au tout-petit d’être protégé par l’allaitement, en attendant la maturité de son système immunitaire, qui se fera, progressivement, jusqu’à dix ans, et lui permettra, une fois adulte, de tolérer les aliments.
La survenue d’une allergie alimentaire est ainsi liée à un défaut de la tolérance immunitaire, soit du fait d’un terrain prédisposant, soit parce que l’on a sensibilisé l’enfant trop petit, alors que son système immunitaire était immature, ou, enfin, à cause d’une sensibilité individuelle.
Le rôle de la membrane digestive
Elle joue un rôle essentiel car elle arrête, le plus souvent, les allergènes alimentaires. Elle est constituée d’une fine couche de cellules. Son rôle est d’effectuer un échange harmonieux entre l’organisme et les aliments qui apportent des nutriments, des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments. Mais la finesse de cette membrane est telle qu’elle peut être fragilisée par des aliments irritants : de l’alcool en trop grande quantité, des médicaments agressifs, comme les laxatifs ou les antiinflammatoires, ou des infections, comme les mycoses. À ce moment-là, des molécules de taille plus importante, comme les protéines, peuvent déclencher, au niveau de la muqueuse intestinale, des réponses exagérées du système immunitaire.
Notre mode de vie et l’excès de stress malmènent ei fragilisent aussi notre tube digestif. Les repas sont sautés ou pris à des heures irrégulières. Vite mangés, ils sont avalés presque sans mastication. Par ailleurs, la muqueuse intestinale est fragilisée par l’abus d’épices ou de crudités irritantes. C’est pourquoi on conseille plutôt la consommation de légumes cuits; les « cuidîtés » (néologisme employé par le professeur Creff pour désigner les légumes et les fruits cuits) étant mieux supportées par les intestins. Résultat: le système digestif se fragilise et il n’assure plus son rôle de protection. Des substances, non ou mal digérées, vont être en contact avec le système immunitaire, qui les considérera comme étrangères.
Ainsi, certaines allergies occasionnelles ne surviennent que lorsqu’il y a, à la fois, consommation de l’aliment responsable d’une réaction de type allergique, et fragilisation momentanée de la muqueuse intestinale.
D’autre part, ces lésions du tube digestif stimulent le système immunitaire et sont à l’origine de la libération de substances, comme l’histamine, qui amplifient les manifestations de l’allergie alimentaire, en surajoutant les phénomènes liés aux pseudo-allergies, par exemple, une sensation de malaise, une urticaire ou des troubles digestifs.
Le rôle des changements de nos modes de vie et habitudes alimentaires
La révolution rapide et récente de notre mode de vie et de nos habitudes alimentaires est responsable, en grande partie, de cette augmentation des allergies alimentaires.
Nos habitudes alimentaires se sont beaucoup modifiées depuis cinquante ans. Cette évolution s’est accentuée ces vingt dernières années, alors que notre organisme était habitué à des apports et à des coutumes plutôt stables depuis la préhistoire.
Nous consommons actuellement plus d’aliments allergènes, tout le temps. Plusieurs facteurs sont en cause.
Des technologies agroalimentaires plus sophistiquées
La sophistication, de plus en plus grande, de notre alimentation, nous incite à consommer, de plus en plus, d’agents susceptibles de provoquer des allergies, additifs (les colorants et les conservateurs) ou épices, présents dans les plats préparés. Certains procédés de conservation ou d’homogénéisation des aliments (employés pour modifier la structure de l’aliment) peuvent dévoiler de nombreux allergènes.
On pense que l’augmentation de la fréquence de l’allergie alimentaire chez l’enfant, de plus en plus petit, est liée à la présence de cacahuètes dans de nombreux biscuits et aliments pour bébés. Les margarines et les huiles peuvent aussi en contenir.
Les aliments tout prêts, très prisés pour leur facilité d’emploi, nous dépossèdent du contenu de ce que nous mangeons.
À l’opposé, l’industrie agroalimentaire nous délivre des aliments bruts, non traités, prêts à l’emploi. Par exemple, nous n’avons plus besoin de tuer, d’égorger, de plumer et d’éviscérer une dinde : elle nous est délivrée en filets, prêts à l’emploi. De telle sorte que nous en consommons plus qu’avant, alors qu’elle fait partie des protéines possiblement allergisantes.
Un accès alimentaire plus large
Dans le budget des ménages, les dépenses d’alimentation ont beaucoup baissé ces deux dernières décennies. Elles sont passées de 30% du revenu à 17, voire 16% actuellement. Ce qui signifie que nous consommons beaucoup plus d’aliments qui nous étaient interdits auparavant, du fait de leur coût. Par exemple, on n’achète plus un seul fromage à la fois, mais plutôt un plateau de fromages.
Des transports et des échanges facilités entre les pays
Cette facilité d’échange et de communication engendre naturellement l’importation de nouveaux aliments « exotiques » auxquels l’organisme n’était pas habitué, comme les kiwis, le soja, les litchis, les avocats, les mangues, les papayes, les fruits de la passion, les arachides.
La banalisation des repas pris au restaurant
Nous sortons plus, nous choisissons souvent des restaurants pratiquant une cuisine étrangère. Par exemple, le développement des restaurants asiatiques dans nos pays augmente notre consommation de crevettes.
La mode des régimes amaigrissants
Il est à craindre que la mode des régimes amaigrissants, qui déstabilisent la ration alimentaire sur une longue période, et qui préconisent la prise, presque exclusive, d’un type d’aliments, ne soit aussi responsable du développement croissant des allergies. En effet, certains régimes ont pour directives de ne manger que des fruits, comme l’ananas, ou que des œufs, ou de la dinde, ou du poulet.
Pour leur part, les substituts de repas, largement employés à tort actuellement, contiennent des protéines alimentaires presque pures, composées exclusivement de protéines de lait et/ou d’œuf et/ou de soja. Le risque de sensibilisation sur ce terrain est très important, car ceux qui s’adonnent à ce type de régime n’ont, souvent, pas le temps, ou le désir, de modifier leurs habitudes alimentaires (repas pris trop vite, non mastiqués, abus de crudités…). D’autre part, leur ration est souvent carencée en vitamines et oligo-éléments, nécessaires au fonctionnement harmonieux du système immunitaire.
Le rôle des émotions
Le système immunitaire peut être perçu comme une réaction dynamique entre le moi (l’organisme) et le non-moi (élément extérieur à l’organisme), ici l’aliment. Dans l’allergie, le moi réagit très vivement contre le non-moi, car il se sent agressé.
Ainsi, les réactions immunitaires font souvent penser à une goutte d’eau qui ferait déborder un vase. Les stress, ou les soucis, peuvent déclencher un eczéma ou une crise d’asthme. Chez les spasmophiles, les réactions allergiques peuvent être amplifiées par une hyperréactivité à l’histamine. Les réactions aggravent la spasmophilie, qui exacerbe encore l’allergie… Il se crée alors un véritable cercle vicieux, où se mêle, de plus, une importante réactivité neurovégétative liée au stress. Le stress implique aussi une participation accrue du système hormonal («j’ai les boules ») et une plus grande réactivité du système neurovégétatif ( «ça me donne des boutons, ça me démange »).
Le profil de l’enfant allergique semble particulier. Il est le plus souvent très lié émotionnellement à sa mère, et vit mal la séparation d’avec elle. L’extérieur est vécu comme déstabilisant, donc agressif. Le contact de l’étranger (ce peut être l’aliment) se fait dans l’appréhension et l’angoisse.
Il a du mal à exprimer ses émotions, la relation à sa mère ne lui laissant pas d’espace. En cas de troubles, surtout affectifs, il aura une réaction démesurée, du type allergie.
Adulte, il aura plus de difficultés à prendre de la distance, une grande avidité affective existant, conjointement, avec une forte dépendance de l’entourage. Cette dépendance engendre de l’agressivité envers ses parents ou les autres personnes de son champ affectif, et il va retourner cette agressivité contre lui. Il a besoin des autres, et il craint d’exprimer ses émotions, de peur de mettre en péril ses relations affectives. Par la manifestation allergique, il peut incriminer le milieu extérieur sans risque. Celle-ci pourra varier d’intensité selon le stress (divorce des parents, rupture affective, déménagement, licenciement…).
C’est pourquoi l’allergique est souvent un être plutôt dépressif, anxieux, qui présente un manque d’estime de soi et d’assurance. Ce qui explique sa difficulté à exprimer son agressivité, qui s’extériorise par une éruption. Des séances de relaxation ou de yoga leur permettent de limiter l’influence du stress et leur apprennent à harmoniser les rapports avec soi, et avec les autres.
Vidéo : L’allergie alimentaire
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’allergie alimentaire
Une réponse pour "L'allergie alimentaire"
Bonjour,
Parfois l’allergie a un certain rapport avec l’état mentale de la personne.