L'accidenté a une hémorragie
Facile à arrêter la plupart du temps
Neuf fois sur dix, une hémorragie externe située sur un membre s’arrête si vous levez simplement la plaie au-dessus du cœur. Si elle persiste, comprimez-la (c’est un geste simple) et de nouveau, vous avez neuf chances sur dix pour que le sang ne s’échappe plus. Dans le cas du 1 % restant (généralement une grosse plaie sur la cuisse), vous devrez effectuer une compression à distance ou poser un garrot si vous êtes seul, sans personne autour de vous pour aller prévenir les secours. Quand vous ne pouvez faire autrement que poser un garrot (geste dangereux mais parfois inévitable), avertissez immédiatement de votre action le médecin à qui vous donnez l’alerte. Il vous répondra «vous avez bien fait, laissez le garrot» ou vous donnera des directives. Dans tous les cas, votre responsabilité est transférée au médecin. Une hémorragie interne, par définition invisible, vous alertera par les signes suivants : le blessé a des sueurs, il est pâle et froid, il a soif et est angoissé (se sentant se vider de son sang, il murmure «je vais mourir»), il respire plus de 25 fois par minute et son pouls dépasse 130 pulsations/minute. Surélevez-lui les jambes et laissez-le dans cette position jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés.
Les hémorragies de membres
La compression manuelle
Vous avez levé très haut le bras ou vous avez surélevé la jambe et la plaie continue à saigner. Parlez au blessé pour le rassurer tout en dégrafant son col et sa ceinture, saisissez-vous d’un linge (mouchoir, foulard, torchon) qui vous tombe sous la main (ne perdez pas de temps à chercher un pansement stérile), repliez-le plusieurs fois et appuyez-le sur la plaie en serrant fortement jusqu’à ce que le sang ne sorte plus. La compression manuelle se pratique seulement sur les membres, jamais sur le thorax ou l’abdomen. Vous pouvez aussi comprimer une plaie directement avec votre main, mais si vous avez des coupures et que le blessé est séropositif, vous courez le risque d’une transmission du virus du SIDA ; il est préférable de mettre un linge. Si votre main est vierge de toute égratignure, vous ne courez aucun danger.
Un torchon replié sur la plaie et une cravate autour
S’il y a un corps étranger dans la plaie, ne cherchez pas à le retirer. Si vous êtes seul avec le blessé, vous devez aller chercher du secours. De votre main libre, prenez un tissu quelconque mais propre, repliez-le dans sa longueur pour en faire un lien large, et sans relâcher la pression de votre autre main sur la plaie, entourez le pansement. Serrez fort et faites un double nœud. Vous pouvez aussi utiliser le foulard, la cravate du blessé ou sa ceinture vérifiez que la plaie est fermée (le sang ne coule pas sur les côtés) et que la circulation s’effectue correctement : l’extrémité du membre ne doit être ni froide, ni violacée, sinon desserrez un peu le lien. En attendant les secours, prenez le pouls du blessé et comptez ses respirations
La compression à distance
La plaie est située au membre inférieur, elle saigne encore ou bien sa surface dépasse celle de votre main et vous ne pouvez donc pas la comprimer ou encore elle contient un corps étranger. Vous allez «couper le robinet», c’est-à- dire comprimer l’artère qui amène le sang à la plaie. Il existe plusieurs points de compression à distance, pratiqués par les pompiers, les médecins et les secouristes entraînés, mais le seul que vous puissiez utiliser, en tant que sauveteur occasionnel, est celui de l’artère fémorale, situé au pli de l’aine. Placez-vous dans l’axe du blessé, parallèlement à son corps dont les deux hanches doivent rester plaquées au sol. Pour ne pas être surpris par une torsion brusque du blessé, prévenez-le que vous allez lui faire un peu mal (la douleur est tolérable, elle ressemble à un gros pincement) mais qu’il en va de sa vie.
Appuyez sans peur
Le bras tendu, appuyez verticalement votre poing fermé sur l’aine, très fort et sans hésiter tout en regardant la plaie. Un repère : l’aine correspond à la partie du milieu de l’élastique du slip sur la cuisse. La plaie saigne toujours ? C’est que vous n’êtes pas sur l’artère, descendez un peu à l’intérieur de la face interne de la cuisse. Ne relâchez pas votre pression : l’artère étant bouchée, des déchets chimiques toxiques s’accumulent à l’entrée. S’il y a arrêt brusque de la pression, ceux- ci sont libérés et empoisonnent le sang. Vous devez donc demeurer ainsi jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés qui vous diront quand relâcher la pression.
Si vous êtes seul, vous pouvez poser un garrot mais…
La compression à distance vous immobilise : vous ne pouvez plus ni vous lever, ni téléphoner pour alerter. Si vous êtes seul avec le blessé, il vaut donc mieux faire un garrot et avertir immédiatement un médecin. Le garrot se pose au-dessus du coude ou du genou, jamais ailleurs. Utilisez un lien large, solide et non élastique (cravate, foulard), jamais de lien étroit (ficelle, lacet) qui déchire les chairs. Il faut serrer jusqu’à l’arrêt de l’hémorragie. Comme le garrot coupe complètement la circulation dans un membre (alors que la compression à distance n’arrête que l’artère, pas les veines), s’il n’est pas retiré au bout de 4 heures, le membre garrotté devra être amputé. C’est pourquoi vous devez absolument inscrire l’heure de la pose du garrot sur un bout de papier épinglé visiblement sur le vêtement du blessé. Le garrot est autorisé dans trois cas : si le sauveteur doit aller donner l’alerte, s’il y a de nombreuses victimes ou si un membre est complètement sectionné. Seul un médecin est habilité à enlever un garrot.
Autre hémorragies
Hémorragies abdominales, vaginales ou anales
Dans le cas d’une hémorragie abdominale externe, donc visible, vous devez allonger le blessé sur le dos, jambes fléchies : c’est la meilleure position pour détendre les muscles abdominaux, relâcher la tension et ne pas aggraver l’écoulement de sang. En aucun cas vous ne pouvez toucher aux organes, même sortis, de la victime : la loi vous l’interdit formellement, seul un médecin peut toucher par exemple, l’intestin d’un blessé. Pour la même raison, dans le cas d’une hémorragie anale ou vaginale, vous ne pouvez pas appliquer ni enfoncer un bout de serviette dans les orifices pour stopper l’hémorragie. Si le blessé est sans connaissance, posez la serviette, rapprochez les membres inférieurs, et alertez les secours. Si le blessé est conscient, donnez-lui une serviette propre, qu’il placera lui-même. Toujours pour la même raison légale (interdiction de pénétrer le corps d’autrui sans son autorisation), vous ne devez jamais prendre la température d’une personne inconsciente.
Hémorragie de l’oreille
Ne bouchez jamais une hémorragie de l’oreille, mettez le blessé en position latérale de sécurité, du côté de l’oreille atteinte, afin que le sang ou le liquide s’écoule librement. Si l’hémorragie est externe (coupure du lobe ou du cartilage), comprimez avec un linge pendant 10 minutes, bandez la tête et prévenez un médecin.
Saignement de nez ? La tête en avant
Penchez la tête du blessé en avant, demandez-lui de se moucher très fort pour évacuer les caillots. Regardez alors quelle narine saigne et comprimez-la avec le doigt pendant dix minutes, pas moins, en laissant la tête penchée en avant. Si le saignement reprend, appelez les secours médicalisés.